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15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 12:00

 

 


بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـنِ الرَّحِيمِ


الْحَمْدُ للَّهِ فَاطِرِ السَّمَـاوَاتِ وَ الارْضِ
Al-hamdu lillâhi Fâtir-is-samâwâti wal ardhi

جَاعِلِ الْمَلائِكَةِ رُسُلاً أُوْلِى أَجْنِحَةٍ مَّثْنَى وَثُلَاثَ وَرُبَـاعَ
Jâ'il-il-malâ-ikati rusulan ulî ajnihatin mathnâ wa thulâtha wa rubâ'

يَزِيدُ فِى الخَلْقِ مَا يَشَآءُ
Yazîdu fi-l-khalqi mâ yachâ-u

إِنَّ اللَّهَ عَلَى كُلِّ شَىْءٍ قَدِيرٌ
Innallâha 'alâ kulli chay-in qadîr



- Al-hamdu lillâh, c'est tout à la fois vanter les mérites d'Allâh et le remercier

- Le sens du mot Fâtir

- Ce que signifie l'expression coranique " les cieux et la Terre "

- La perfection d'Allâh nous entoure de toutes parts

- Les anges sont des messagers ailés

- Allâh fait ce qu'Il veut, et Il est capable de faire tout ce qu'Il veut



 

— Bien. Donc vous avez bien saisi, les enfants, que « al-hamdu lillâh » est notre manière à nous, celle qu’Allâh et Son prophète, ‘alayh-is-salâm, nous ont apprise, de remercier Allâh comme il se doit et de vanter et glorifier Sa perfection dans tout ce qu’Il fait, tout ce qu’Il dit et tout ce qu’Il est ? Vanter les mérites et remercier tout à la fois ?

— Oui, j’ai compris globalement, mais c’est le « tout à la fois » que j’ai du mal à saisir, Jaddi.

— Pourquoi donc, Zeynab ?

— Parce qu’il y a des choses pour lesquelles on vante les mérites d’Allâh mais on n’en bénéficie pas directement.

— Comme quoi, par exemple ? 

— Eh ben, si une femme que je ne connais pas a un bébé, je loue Allâh pour Sa perfection et je vante Ses mérites et Sa bonté, mais je ne Le remercie pas dans ce cas. Si ?

— Qu’est-ce que tu en penses, Safia ?

— Si j’ai bien compris, en réalité on loue la perfection d’Allâh et en même temps on Le remercie parce que Sa perfection est un bien pour nous. Elle est toujours un bien pour nous. Dans tous les cas.

— C’est pas mal du tout, mâ châ Allâh. Je précise un peu plus les choses. Tout ce qui existe et tout ce qui se passe est là par la volonté et la création d’Allâh. Parce qu’Allâh l’a voulu et parce qu’Allâh l’a créé. Absolument tout. Rien n’échappe à ça. Donc tout ce qui existe reflète les qualités de Celui qui a décidé des choses et qui les a créées. En particulier, Sa perfection. La perfection de Ses attributs. La perfection de Sa sagesse, la perfection de Sa puissance, la perfection de Sa science et la perfection de Sa bonté. Tout ce qui existe et tout ce qui se passe témoignent de la perfection du Créateur. Donc tout ce qui existe est fait avec perfection. Alors comment une chose faite avec perfection pourrait-elle être une mauvaise chose, surtout pour quelqu’un qui adore ce Créateur parfait ? 

— Non, bien sûr, c’est impossible, c’est vrai. Tout ce qu’Il fait est une bénédiction pour nous. 

— Oui, tout ce qu’Il fait, tout ce qu’Il dit, tout ce qu’Il est ! Tout ça, c’est un bien, c’est une justice, une sagesse et une bonté parfaites pour toute la création. En particulier pour l’être humain. Et plus encore pour le croyant. Pourquoi ?

— Parce qu’être conscient de la perfection divine dans les choses qui nous entourent va renforcer notre croyance ?

— C’est exact. Le croyant, lui, a conscience du bien que lui procure cette perfection. Et il va exploiter tout ce qui existe pour se rapprocher d’Allâh et comprendre qui Il est et de quoi Il est capable. Tout ce qui existe le touche, lui donne des émotions, renforce sa foi et son attachement à Allâh. Tout comme son amour et sa crainte. Il va bénéficier de tous Ses noms, de tous Ses attributs, de tout ce qu’Il dit et de tout ce qu’Il fait. Il en tire toujours des bénéfices. Le croyant qui comprend bien les choses vit dans un monde de bienfaits ! Et il dit al-hamdu lillâh pour vanter cela et pour remercier Allâh et être reconnaissant pour tout.

— Même quand il n’en bénéficie pas lui-même ?

— Bien évidemment ! Même quand il ne reçoit rien concrètement ou matériellement. Et même quand ce qui lui arrive est un mal en apparence. Parce qu’il n’y a rien de plus important ni de plus bénéfique pour le croyant que de se rapprocher d’Allâh, de Le connaître et de percevoir cette perfection. Et pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, percevoir cette perfection le pousse à remercier Allâh et à L’adorer toujours mieux. Et c’est cela « al-hamdu lillâh ». Tout à la fois. C’est clair ?

— Oui, Jaddi. C’est pour cela donc que nous devons dire « al-hamdu lillâh » dans toutes circonstances. Qu’on reçoive un bienfait ou qu’on reçoive un mal. Ou même si on voit les autres recevoir un bienfait ou un mal.

— C’est bien ça, mon grand. Peux-tu détailler un petit peu, Hasan, bârakallâhu fîk ?

— Eh bien, un point qui caractérise le croyant, c’est qu’il ne va pas considérer d’abord les choses et les événements de la vie et de son environnement comme étant bonne ou mauvaise pour lui. Il va le faire, comme tout le monde, c’est vrai, c’est humain mais ce n’est pas la première chose qu’il voit.

— Ah non ?

— Non, puisque le Prophète, sallallâhu ‘alayhi wa sallam, nous a recommandé de dire al-hamdu lillâh dans tous les cas. C’est donc que le croyant doit regarder les choses et les événements avec un autre œil.

— Et quel œil ?

— J’ai du mal à trouver les mots pour l’expliquer correctement, mais disons que le croyant reconnaît la perfection d’Allâh derrière chaque chose et Le remercie pour ce qu’il en tire comme bénéfice. Et comme il tire normalement un bénéfice de tout, il dit al-hamdu lillâh pour tout. Si je reçois un bienfait, je dis al-hamdu lillâh car sans Allâh je ne l’aurais pas eu. Si je suis éprouvé, je dis al-hamdu lillâh, car cette épreuve est à sa place. Elle est à sa place parce qu’Allâh est d’une sagesse parfaite. Donc cette épreuve n’est pas injuste. Et je dis al-hamdu lillâh parce qu’elle ne peut être qu’un bienfait, sans lequel je n’aurais jamais pensé à me repentir par exemple et j’aurais continué à être négligent. Et quand je vois le bonheur et le malheur chez les autres, je vois la perfection d’Allâh et je dis al-hamdu lillâh pour cette occasion qui m’est donnée d’être conscient de la générosité d’Allâh, de Sa bonté, ou d’avoir été épargné par l’épreuve qui a touché un autre. Quand je vois les bienfaits chez les autres, je pense aux bienfaits qu’Allâh m’a donnés et je comprends qu’Allâh peut me donner davantage ou moins. Et quand je vois les malheurs chez les gens, je pense à mes propres malheurs, je suis résolu à patienter et je remercie Allâh de m’avoir épargné un pire malheur, comme celui de tomber dans la mécréance par exemple. Voilà. Je crois que j’ai fait le tour.

— Exactement ! C’est excellent, mâ châ Allâh. Oui, quoi qu’il lui arrive et quoi qu’il arrive aux autres, le croyant en retire un bénéfice et une occasion de bien se comporter et de montrer à Allâh combien il L’aime. Et c’est pour cela que je vous donne ce conseil extrêmement important, mes enfants : faites très attention, lorsque que vous trouvez la parole « al-hamdu lillâh » dans le Coran à ce qu’Allâh nous dit juste derrière !

— C'est-à-dire ?

— C'est-à-dire que « al-hamdu lillâh » c’est vanter la perfection d’Allâh et Le remercier pour ce qu’elle nous apporte. Donc quand on dit al-hamdu lillâh c’est pour une chose particulière, dans une circonstance particulière le plus souvent. Et quand Allâh dit al-hamdu lillâh ou quand Il nous ordonne de dire al-hamdu lillâh dans le Coran, Il le fait bien souvent pour attirer notre attention sur un de Ses noms ou un de Ses attributs particuliers ou encore un de Ses actes, vous voyez ?

— Ah oui ! Comme dans la première sourate, Al-Fâtihah, Celle qui commence le Coran où Allâh nous dit Al-hamdu lillâhi Rabb-il- ‘âlamîne ?

— C’est ça, Zeynab. Dans la Fâtihah, Allâh vante un de Ses mérites et nous demande de faire de même. Et ce mérite c’est Son nom et Son attribut : Rabb-ul-‘âlamîne, le Maître absolu de tout ce qui existe. Il faut faire très attention quand vous étudiez le Coran à ce qui suit al-hamdu lillâh. Très attention. Car Allâh vous parle, Il attire votre attention. Réfléchissez à ce qui vaut qu’Allâh dise al-hamdu lillâh, pourquoi c’est un mérite et ce que ça nous apporte. De cette façon, on remerciera Allâh plus sincèrement. Alors dans ce premier verset de la sourate Fâtir, qu’est-ce qui suit al hamdu lillâh ?

— Allâh dit : « Al-hamdu lillâhi Fâtir-is-samâwâti wal ardh ».

— Ce qui signifie ?

— Je ne sais pas exactement, mais grosso modo Allâh nous ordonne de dire « al-hamdu lillâh » car il est le Fâtir des cieux et de la Terre. Mais je ne sais pas ce que veut dire Fâtir.

— C’est le Créateur !

— Oui, c’est à peu près ça, Safia. D’abord, c’est un attribut d’Allâh, et pour quelques savants Al-Fâtir est même un des 99 noms d’Allâh. Et c’est un nom qui a un rapport avec la création, effectivement. On l’étudiera plus précisément, in châ Allâh, dans notre cours sur les noms d’Allâh liés à la création, comme Al-Khâliq, Al-Khallâq, Badî’-us-samâwâti wal ardh, Al-Bâri- ou encore Al-Musawwir. Chacun de ces noms et de ces attributs insiste plus particulièrement sur l’un ou l’autre des aspects de l’acte de création d’Allâh. Et Fâtir insiste sur le fait que quand Allâh créé Il fait débuter cette chose. Cette chose commence grâce à Lui, par Lui.

— Je ne comprends pas bien ce que ça veut dire « Il fait débuter les choses ».

— Eh bien, il y a deux idées là. La première idée c’est le fait que les créatures ne voient le jour que parce qu’Allâh l’a voulu et l’a créé. C’est par Lui, et Lui seul, qu’elles commencent leur existence. Et la seconde idée c’est que quand Allâh crée Il innove. Il invente. Et les créatures voient le jour à partir de rien. Elles sont toutes nouvelles.

— Je ne comprends pas bien « toutes nouvelles », Jaddi.

— Regardez. L’être humain est doté grâce à Allâh d’une capacité d’innover et d’inventer. Tous les progrès, dans tous les domaines, dépendent de cette capacité. Et même le développement de l’enfant. Mais dans tous les cas, les inventions des hommes dépendent de ce qui existe déjà. L’homme innove en améliorant ce qui existe déjà, en utilisant les matériaux et les idées qui existent déjà. Il n’invente pas quelque chose de complètement nouveau. Il le transforme, il lutilise autrement. Le Fâtir, Lui, crée à partir de rien, Il ne le fait pas pour résoudre un problème ou améliorer Son niveau de vie, Il n’éprouve pas non plus le besoin d’innover et d’inventer, Il ne s’inspire pas non plus de ce qui existe déjà. Cette indépendance totale fait que les créations d’Allâh sont totalement nouvelles. C’est ce que je voulais dire en disant qu’Il fait débuter les choses.

Subhânallâh !

— Oui, les enfants, subhânallâh. Vous comprenez le lien avec al-hamdu lillâh maintenant ?

— Oui, je le vois bien. Fâtir c’est un attribut d’Allâh qui exprime la perfection de la création.

— Tu peux développer ?

— Oui, in châ Allâh. Si Allâh n’était pas le Fâtir, Il ne serait pas indépendant dans Sa création. Il serait à la merci de ce qui existe déjà. Comme l’homme. Quand Il crée quelque chose, Il le fait à partir de rien. Si le Créateur ne crée pas de choses nouvelles, alors les créatures ne débutent pas avec Lui. Ca veut dire que le vrai Créateur est un autre. Le vrai Créateur n’a besoin de rien pour créer et sans Lui rien ne peut débuter.

— Exact. Très bien. Et donc ? Le lien avec al-hamdu lillâh ?

— Eh bien, on dit al-hamdu lillâh pour remercier Allâh et montrer à qui veut l’entendre combien Il est parfait. Et dire qu’Allâh est le Fâtir c’est dire que Sa création est parfaite et indépendante de tout, c’est dire que la création commence avec Allâh, avec personne d’autre que Lui. Et c’est cette perfection dans la création qu’on vante en disant al-hamdu lillâh.

— Très bien. Allâh crée de manière parfaite et Fâtir précise un aspect de cette perfection. Bon, alors, Allâh est le Fâtir de quoi, dans ce verset ?

— Des cieux et de la Terre.

— Et qu’est-ce que ça veut dire, les enfants ?

— Les planètes ? Quand on regarde les images du système solaire, des constellations, des étoiles, de la lune… ou encore les images des merveilles de la Terre, les paysages magnifiques, les montagnes, les volcans islandais bien fumants, les mers et les océans, ou simplement un coucher de soleil dans le désert ou sur la banquise, on reste sans voix devant la perfection de la création d’Allâh. Et on ne peut que le remercier car Allâh a fait les cieux et la Terre pour que l’on puisse vivre correctement. Par exemple, le soleil chauffe à la température idéale pour permettre qu’il y ait la vie sur Terre ! Subhânallâh !

— C’est vrai tout cela, mais c’est terriblement incomplet. N’oubliez pas que les compagnons du Prophète, ‘alayh-is-salâm, n’avaient pas accès à toutes ces images du ciel. Et pourtant, bien plus que nous, bien mieux que nous, ils comprenaient et louaient la perfection de la création d’Allâh et ils Le remerciaient d’être le Fâtir des cieux et de la Terre. On a l’impression, à vous entendre, qu’il faut une grande technologie et un grand savoir dans l’astronomie pour comprendre ce verset. Eh non ! Quand Allâh dit qu’Il est le Fâtir des cieux et de la Terre, cela signifie qu’Il est le Fâtir de tout ce qui existe. « Les cieux et la Terre » dans le Coran signifie tout ce qui n’est pas Allâh. Et tout autre qu’Allâh est une créature d’Allâh. Donc les cieux et la Terre c’est toute la création ! Et pas besoin d’être un astronome pour comprendre. Il suffit juste de regarder autour de soi. Quand Allâh nous dit qu’Il est le Fâtir de tout, c’est justement qu’on n’a pas besoin d’aller loin pour admirer Sa création.

— C’est vrai. On est allé chercher de l’autre côté de la galaxie ce qu’on a juste à côté de nous.

— C’est ainsi ! L’être humain s’habitue vite à tout, même aux choses les plus magnifiques. Et quand il est habitué, il ne voit plus le miracle de la création. A tel point qu’il n’arrive plus à s’extasier que devant des choses qu’il ne peut que reconnaître comme extraordinaires, et miraculeuses. Des choses dont il est forcé d’avouer qu’elles le dépassent et qu’il n’est pour rien du tout dans leur existence, contrairement à par exemple la nourriture qu’il mange et dont il pense que c’est parce qu’il a travaillé qu’il peut manger. Il ne reconnaît alors le miracle que dans les choses rares ou hors de sa portée, hors de son environnement, hors de son influence et de sa compétence. Mais les choses devant lesquelles il passe chaque jour, celles qui sont communes, il ne les voit pas comme des choses extraordinaires, parce qu’il y est habitué. Attention à cette attitude mes enfants car c’est une forme d’ingratitude. Et c’est triste car c’est l’une des caractéristiques des mécréants. Allâh nous informe très clairement de ce défaut de l’humain dans le verset 105 de la sourate 12, Yûsuf. Quelqu’un le lit ?

Et combien de signes de la perfection et de l’unicité d’Allâh il y a, présents dans les cieux et la Terre devant lesquels ils sont habitués à passer mais dont ils se détournent sans que cela ne les fasse réfléchir au Créateur.

— Voilà. Vous voyez ce drame de l’être humain ? C’est une grande perte ! Il ne voit plus les signes qui l’entourent. Il les perçoit bien sûr mais il ne les voit pas comme des signes de la perfection d’Allâh ni comme des choses pour lesquelles il devrait être reconnaissant. Et le croyant ne doit pas être inconscient. Il doit toujours penser à la perfection d’Allâh et toujours remercier. Et c’est facile puisque Allâh lui dit qu’Il est le Fâtir des cieux et de la Terre. Comme pour nous dire que cette perfection et ces bienfaits sont partout, pas seulement réservés à une poignée d’astronomes ou de scientifiques. Dans son explication de la sourate Fâtir, Sayyid Qutb dit que quand Allâh nous ordonne de dire « Al-hamdu lillâh le Fâtir des cieux et de la Terre, le Fâtir de la création tout entière », Il nous ordonne clairement de réfléchir à la création. Il nous rappelle de faire attention à notre environnement, à ne pas nous habituer aux choses qui nous entourent. Il nous réveille pour ne plus passer à côté des choses sans les voir, à toujours revenir à Allâh et à voir Sa main créatrice derrière absolument toute chose. À ne pas laisser nos sens s’engourdir par l’habitude. La main d’Allâh n’est pas visible uniquement derrière les créatures qui nous semblent les plus grandioses et les plus rares, mais derrière chaque chose, concrète et abstraite même banale. C’est pour cela qu’Il nous dit qu’Il est le Fâtir de toute chose, de la plus petite à la plus grosse, de la plus familière à la plus rare. Le cœur conscient et ouvert, en contact permanent avec Allâh n’a pas besoin d’avoir des connaissances précises sur la position des étoiles ou sur la température du soleil, ni sur les relations entre la lune et la mer pour reconnaître la perfection majestueuse d’Allâh. Une simple fleur lui suffit pour cela. Il ne se lasse pas de contempler sa couleur, sa forme, son odeur, sa fonction et son rôle et il est empli d’admiration et de vénération devant cette perfection. Le croyant doit être conscient des choses qui l’entourent. Elles lui suffisent largement pour être convaincu de la perfection d’Allâh et elles lui permettent de ne jamais oublier de Le remercier pour Ses bienfaits. Vous comprenez ?

— Oui, Jaddi. On doit remercier Allâh même pour les petites choses, les choses banales. On doit toujours être surpris et émerveillé par la perfection d’Allâh pour tout. C’est pour cela que le Prophète, sallallâhu ‘alayhi wa sallam, nous a ordonné de dire « al-hamdu lillâh dans toutes circonstances ». Non ?

— Si, c’est exact. Allâh nous a ordonné de Le remercier et de L’adorer pour Le remercier. Il nous menace du châtiment si on ne Le remercie pas. Et Il aime ceux qui Le remercient. Oh ! Pas besoin de Le remercier pour la température du Soleil ou des choses aussi grandioses pour être aimé par Allâh. Les choses les plus banales, les plus fréquentes suffisent. Le Prophète, ‘alayh-is-salâm, nous a appris dans un hadith authentique chez Muslim cette information cruciale : Allâh est effectivement satisfait d’un serviteur qui remercie Allâh pour la nourriture qu’il vient de manger ou la boisson qu’il vient de boire.

Subhânallâh ! C’est si simple, en vérité !

— C’est si simple et pourtant pour l’être humain c’est si difficile de le faire et d’en être toujours conscient. C’est presque une performance pour l’homme parce qu’il a tendance à oublier rapidement que trouver de quoi assouvir sa faim, et de quoi donner de l’énergie à tous les organes de son corps en même temps est un miracle. Remercier Allâh, même pour la nourriture est un acte qui demande des efforts et c’est pour cela qu’il conduit à la satisfaction d’Allâh et à Sa récompense. Réfléchissez sur ce hadith authentique extraordinaire chez Ibn Mâjah entre autres : Le mangeur reconnaissant a le statut du jeûneur patient.

— ça veut dire qu’ils ont la même récompense ?

— Non. Pas nécessairement, Safia. Les savants disent que ce hadith signifie que les deux sont des actes d’adoration importants, qui nécessitent l’un comme l’autre des efforts pour l’homme. Des actes qui ne vont pas de soi, qui sont effectués par les croyants, qui sont aimés par Allâh et qui seront récompensés. Remercier Allâh sincèrement pour la nourriture qu’on prend est un acte d’adoration qui demande un effort. Un effort pour être conscient en permanence du miracle qui nous entoure, même dans les choses les plus fréquentes et les plus banales. Tout le monde mange, mais seul le croyant remercie Allâh.

Subhânallâh, mâ châ Allâh.

— Oui, mes enfants. Très bien, continuons le verset. Allâh nous ordonne de dire al-hamdu lillâh le Fâtir de tout ce qui existe. Mais que nous dit-Il encore ?

— Il nous dit qu’Il a fait des anges des messagers envoyés, à 2, ou 3 ou 4 ailes.

— Très bien. Et Il nous dit que parce qu’Il a fait des anges Ses envoyés, on doit dire al-hamdu lillâh. On doit voir Sa perfection et Le remercier pour cela. C’est clair, je pense.

— Pas du tout, Jaddi !

— C’est vrai ? Bon. Reprenons. Allâh nous dit de dire al-hamdu lillâh parce qu’Il est le Fâtir de tout ce qui existe. C’est d’accord ?

— Oui, bien sûr, on vient juste d’en parler.

— C’était juste pour tester votre mémoire ! Apparemment, ça fonctionne. Alors, qu’est-ce que ça implique pour nous qu’Il est celui qui a tout créé ?

— Que tout est à Lui  et à personne d’autre que Lui.

— Oui. Et ?

— Et qu’il faut Lui demander à Lui seul, espérer en Lui seul, chercher à plaire à Lui seul.

— Voilà. Donc en nous disant qu’Il a tout créé, Allâh nous ramène à l’adoration parce qu’on a besoin de Lui sur Terre. D’accord ?

— D’accord.

— Mais l’expression « le Fâtir des cieux et de la Terre » nous ramène à l’adoration d’une autre manière encore dans ce verset.

— Laquelle ?

— Pensez au sens du mot Fâtir… Si Allâh est celui qui fait débuter les choses… c’est donc qu’Il peut… ? Alors ? Qu’Il peut...

— Ah ! Oui ! Si Allâh peut faire débuter les choses, Il peut les faire redébuter après leur disparition.

— Très juste, ma fille. Comme le disent les savants Allâh nous dit qu’Il est le Fâtir pour nous faire penser au jour du Jugement, le jour de rendre des comptes. Donc nous faire penser en permanence à l’adoration. Vous voyez ? Par son adoration, le croyant cherche deux choses : la bonté et la générosité d’Allâh sur Terre, car comme Allâh a tout créé, Il est le seul qui puisse quelque chose pour nous ou contre nous ; et le pardon dans l’Au-delà, car comme Allâh est celui qui fait débuter les choses, Il est celui qui les fait revivre après leur mort. Vous comprenez ?

— Oui, pour l’adoration, j’ai bien compris. Mais quel rapport avec les anges ?

— Le rapport ? Il est évident pourtant.

— Pour toi, sans doute, Jaddi. Moi je ne vois pas de rapport.

— Allâh nous parle des anges. Il y aurait bien des choses à dire sur eux tant ils sont des êtres extraordinaires. Si vous deviez en un mot parler des anges, vous diriez quoi ?

— Qu’ils sont faits de lumière.

— Qu’ils sont des adorateurs parfaits. Qu’ils obéissent à Allâh sans faillir.

— Qu’ils se sont prosternés devant Âdam.

— Et pourtant, ce qu’a choisi ici d’évoquer Allâh, c’est qu’ils sont des messagers qu’Il envoie.

— Ah oui ! Ce sont des messagers qu’Allâh envoie aux prophètes. Comme l’ange Jibrîl, ‘alayh-is-salâm, qui transmet la Révélation aux messagers humains.

— C’est ça oui. Mais pas seulement. Les savants disent qu’Allâh parlent des anges qui sont envoyés à l’humanité. Les quatre principaux sont les plus connus : Jibrîl, Mikâ-îl, Isrâfîl et l’ange de la Mort, qu’Allâh les préserve.

— Il s’appelle ‘Azrâ-îl, non ?

— Non, Zeynab, il s’appelle l’ange de la Mort. ‘Azrâ-‘îl c’est un nom qu’on lui donne mais il n’y a aucune source authentique qui le permette. Bref, les savants disent donc qu’Allâh parle des anges qu’Il envoie aux hommes. Certains anges comme Jibrîl sont Ses messagers auprès des prophètes humains. D’autres sont envoyés auprès des hommes pour les protéger sur l’ordre d’Allâh, leur apporter Ses bontés ou Son châtiment et Ses épreuves. Vous voyez le lien maintenant entre les anges et l’adoration ?

— Oui, je crois bien. Les anges sont impliqués dans le bonheur et le malheur des hommes, et à ce qui arrive aux hommes de manière générale, et ils sont impliqués dans la Révélation et l’enseignement des prophètes. C’est eux qu’Allâh envoie avec une mission auprès des êtres humains. Et comme tu as dit tout à l’heure, le bonheur, le pardon et la guidée sont ce que recherche le croyant à travers son adoration.

— Très bien. Et Allâh nous demande de dire « al-hamdul lillâh » pour Le remercier de nous avoir envoyé ces anges, c’est-à-dire de nous avoir envoyé la guidée et les bénédictions. En fait une grande partie de ce qui touche l’homme passe par les anges. Et c’est Allâh qui est le Fâtir des anges ! Tout revient donc à Allâh et à Son acte de création.

— Pourquoi Allâh parle de leurs ailes ?

— Je ne sais pas pourquoi, ma fille. Mais est-ce réellement une bonne question ? Les savants spécialistes de l’explication du Coran n’ont pas vraiment donné de détails sur cette question. Ce qu’il faut se demander c’est qu’est-ce que cela nous apporte dans notre vie quotidienne, dans notre compréhension et dans notre pratique de savoir cela. Les savants disent que nous devons croire dans ces descriptions qu’Allâh nous fait des anges, sans chercher à faire de comparaisons avec les êtres ailés dans notre monde. Mais le plus important c’est qu’Allâh dit à la fin du verset, après avoir évoqué le nombre d’ailes : Il ajoute à sa création ce qu’Il veut, Allâh est vraiment capable de faire absolument tout. »  Qu’est-ce qu’on apprend là ?

— Qu’Allâh est capable de donner autant d’ailes qu’Il veut à Ses anges.

— Oui. La fin de ce verset nous enseigne bien plus encore pour notre compréhension et notre foi. Quand on pense aux anges, on pense à des créatures immenses, majestueuses, belles, magnifiques, puissantes, et qui volent. Par rapport à elles, l’être humain est si petit ! Et Allâh nous parle de leurs ailes et nous dit que le nombre d’ailes que les anges possèdent est décidé et créé par Allâh. Les anges, si majestueux soient-ils ne contrôlent pas même le nombre de leurs ailes. Pas même leurs ailes ! Les ailes sont un détail. Et Allâh contrôle ce détail, et en ajoute comme Il l’entend. D’ailleurs le Prophète, ‘alayh-is-salâm, nous apprend, dans un hadith authentique chez Muslim, qu’il a vu l’ange Jibrîl, ‘alayh-is-salâm, avec 600 ailes ! Et si Allâh contrôle ce détail c’est qu’Il les contrôle totalement. Et si Allâh contrôle totalement les anges, que dire sur la manière dont Il nous contrôle, nous, des êtres si petits et si faibles ? Vous comprenez combien c’est important pour nous ?

— Oui, ça force à rester humble et à ne pas être orgueilleux.

— Oui, d’une part. D’autre part, ça nous montre à quel point l’acte de création d’Allâh est parfait. Il ne dépend que de Sa volonté et pas de Sa capacité.

— C’est-à-dire ?

— C’est-à-dire que l’être humain, lorsqu’il regarde son monde, voit des tas de choses différentes et des tas de formes différentes. C’est la diversité qui domine dans notre monde. Mais on essaie de lui faire croire que cette diversité est le fruit de l’évolution. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que les choses ont évolué car elles ont été contraintes de s’adapter. Et à cause de ses contraintes, certaines formes ne pourront jamais exister. C’est ce qu’on essaie de nous faire croire. Mais Allâh apprend au croyant qu’Il n’a aucune contrainte dans la création. Allâh crée ce qu’Il veut. Quand quelque chose n’existe pas, ce n’est pas parce qu’Il ne peut pas, mais parce qu’Il ne le veut pas. Ce n’est pas une question de capacité, vous voyez, mais de volonté. Les anges ont 2, 3, ou 4 ailes, mais Allâh précise qu’il peut ajouter ce qu’Il veut à Sa créature. Et c’est pareil pour l’homme. Les hommes sont différents et certains ont des choses que d’autres n’ont pas. Et cette diversité est liée à la volonté d’Allâh. Il pourrait créer tout autre chose, ajouter ce qu’Il veut, enlever ce qu’Il veut. Il n’est pas limité car il est capable de faire tout ce qu’Il désire.

Subhânallâh ! C’est magnifique ! Ma châ Allâh !

— C’est vrai. Nous en avons fini avec ce premier verset. Il y avait beaucoup de choses à dire. Il est très dense. Ce qu’il faut retenir de cette dernière partie, c’est que la création, l’adoration et la résurrection sont liées. Il faut réfléchir et méditer pour que l’on ne pense pas à l’un sans penser aux autres. Ca doit devenir un réflexe. Il ne faut pas rester insensible à ce qui vous entoure. Il faut arriver à penser à Allâh quand vous regardez Sa création. Puis penser, automatiquement, à la vie après la mort. Et cela doit vous conduire à craindre Son châtiment et à espérer dans Sa bonté. Et tout naturellement à l’adoration.

— ça me fait penser à un verset, Jaddi.

— Lequel Hasan ?

— Celui qui est à la fin de la sourate 3, Âlu ‘Imrâne, La famille de ‘Imrâne et qui parle des croyants qui réfléchissent sur la création.

— Bravo. C’est vrai. Il s’agit des versets 190 et 191. Tu nous les lis ? 

Il y vraiment dans la création des cieux et de la Terre, ainsi que dans le fait que la nuit et le jour se succèdent sans arrêt, des signes qui conduisent à Allâh pour ceux qui réfléchissent vraiment et correctement. Ceux qui pensent à Allâh, le Créateur, qu’ils soient debout, assis, ou couchés sur le côté et qui méditent sur la création des cieux et de la Terre. Et qui disent alors : « Ô Seigneur ! Nous sommes convaincus que Tu n’as pas créé tout cela pour rien, sans aucune raison. Nous proclamons Ta perfection. Protège-nous donc du châtiment du feu ! »

Bârakallâhu fik. Vous comprenez mieux maintenant, j’en suis sûr : le croyant qui réfléchit et qui médite ne peut voir la création sans penser à Allâh et être convaincu de plus en plus par Sa perfection. La perfection de Sa puissance, de Son pouvoir, de Sa force, de Sa sagesse, de Sa bonté. Et avant tout de Son unicité. Cela le conduit inévitablement à espérer dans Sa bonté et à craindre Son châtiment. Donc à l’adoration, pour échapper à son châtiment. Pour tout cela, pas besoin d’avoir fait de grandes études ou d’avoir un télescope dans son salon. Il suffit de regarder par la fenêtre, ou de se regarder dans un miroir. Et al-hamdu lillâh !

 


 

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 17:12

As-salâmu ‘alaykum, chers jeûneurs et chères jeûneuses,


Le verset qui nous occupe en cette fin de dernière décade de ce jeûne de ramadhâne est le 92e de la sourate 3, Âlu ’Imrâne, La Famille de ‘Imrâne. Allâh s’adresse aux croyants au sujet de la générosité.

Même s’il n’a pas été révélé à l’occasion du jeûne, ce verset a un impact sur les jeûneurs sincères, qui veulent suivre leur Prophète de la manière la plus complète possible. Car la générosité est une vertu qui colle à la peau du Messager, sallallâhu ‘alayhi wa sallam. On ne peut penser à lui sans penser à elle.

Les compagnons en ont témoigné dans des hadith authentiques, le messager d’Allâh était le plus généreux des hommes : jamais il ne refusait de donner une chose quand il la possédait. Une générosité légendaire ! Ils nous ont également appris que c’est justement pendant le Ramadhâne que le Prophète était le plus généreux.

Il y a 3 choses à comprendre de ça :

  1. Le Prophète n'était pas juste un peu plus généreux quand il jeûnait. Non. Il était beaucoup plus généreux. C'est pour cela que les compagnons s'en sont aperçus? S'il avait été seulement un peu plus généreux, les compagnons n'auraient pas noté la différence. C'est comme quelqu'un qui donne 100 euros par mois pour la mosquée. Le jour où il donne 200 euros, c'est-à-dire 100 euros de plus, on remarque la différence. Mais celui qui donne 10 000 euros par mois, le jour où il donne 10 100 euros, on ne voit pas la différence. Il faudrait qu'il donne beaucoup plus pour que cela se remarque. C'est la même chose pour la générosité du Prophète.
  2. Le jeûne de ramadhâne doit stimuler les adorations et le bon comportement. Ce doit vraiment être une période à part dans l'année. Une période tout entière dédiée au bien. 
  3. Être généreux est un comportement tellement important et aimé d'Allâh qu'il devient prioritaire en période de jeûne.


Dès lors, sachant cela, le croyant sincère va s’attacher par tous les moyens à être généreux. Et il se posera naturellement cette question essentielle : « Que dois-je donner qui fera de moi un serviteur généreux aux yeux d’Allâh ? »


Et c’est exactement à cette question que répond ce verset dans lequel Allâh nous apprend que pour atteindre le birr, il faut donner de ce qu’on aime et qu’on aimerait bien garder pour soi. Ce qu’on a eu du mal à obtenir et qu’on a de plus précieux. Ce qui provoque l’admiration et l’envie chez les autres.

Allâh dit : Vous, les croyants, n’atteindrez pas le birr, à moins de donner une partie de ce que vous aimez. Et toute chose que vous aurez donnée, Allâh en a une parfaite connaissance.

.....................................

Pour expliquer ce verset, revenons un peu aux origines de l’homme.


Allâh a décidé que des centaines et des centaines de générations d’êtres humains vivraient les unes après les autres sur Terre.

Mais pour que l’humanité puisse d’abord survivre puis s’épanouir et se développer sur Terre, elle a besoin de posséder des qualités spéciales. Et c’est bien ce qu’Allâh lui a donné. On peut citer comme exemple de ces qualités la peur de la mort, la capacité à oublier des informations, ou le besoin de se reproduire. Sans elles, l’homme n’existerait plus depuis très longtemps, parce qu’il serait soit dans un état de souffrance permanent, soit dans un état d’insouciance ou encore de solitude extrême.

La qualité qui nous occupe ici a un rôle très important dans le développement de l’humanité et ses progrès au sens large. Il s’agit de l’amour des richesses et des biens matériels. L’homme passe l’essentiel de sa vie à les rechercher. Cette caractéristique qu’Allâh n’a donnée qu’à l’être humain est indispensable à sa survie, car elle le pousse à chercher les moyens de sortir du dénuement, de la pauvreté, de la famine, de l’insécurité… On la trouve à l’origine de tous les développements et de tous les progrès, de toutes les sciences, de toutes les théories, de toutes les technologies, de toutes les recherches, de toutes les inventions... Que serions-nous sans cette caractéristique ? Sans doute pas grand-chose. C’est une bénédiction de la part d’Allâh, qui assure la survie !

Hélas ! Tout ce que l’homme a reçu de la part de son Rabb, il le détruit et il se détruit avec. C’est ça, l’être humain. C’est dans sa nature de se détruire. De cette force et de ce don divins, il a fait une faiblesse et une porte d’entrée pour les ruses du démon. Et de cette caractéristique magnifique que son Rabb lui a offerte gratuitement pour s’adapter à sa vie sur Terre et vivre heureux, l’homme a fabriqué les machines de guerre, les jeux de hasard, le commerce illicite, les prêts à intérêts, le sport-spectacle comme les jeux Olympiques et la Coupe du monde de football, les stars du cinéma et de la chanson, la publicité, et qu’il a sombré dans les meurtres, les inégalités, les injustices, la pauvreté extrême écrasée par la richesse extrême, le gaspillage, l’individualisme et l’égoïsme, l’avarice, les trafics en tout genre, la prostitution, le vol... Bref, des monstruosités toutes dédiées uniquement à la recherche des biens matériels ! Non plus à la survie, mais seulement à l‘amoncellement des richesses.

Tous les hommes partent à la recherche des richesses. Tous. Ils passent même pas mal de temps à cela. Mais Allâh n’a pas donné à tout le monde la même réussite. C’est pourquoi de tout temps, les sociétés humaines se sont divisées en deux groupes, quels que soient leur degré de civilisation et leur niveau de développement technologique : les riches et les pauvres. Or, pour que l’humanité dure longtemps et évite le désespoir, les guerres et les révolutions meurtrières, il lui faut construire un équilibre entre ces deux groupes. Et l’histoire montre que c’est presque impossible à réaliser pour l’être humain.

Mais voilà, l’homme n’est pas seulement sur Terre pour survivre. Il est là également, et avant tout, pour adorer Allâh, c’est-à-dire pour Le reconnaître et Lui obéir. Allâh sait que l’homme court à sa perte malgré les immenses bienfaits qu’Il lui a donnés. Alors non seulement Il lui a donné les qualités nécessaires à la vie sur Terre mais Il lui a également montré comment il devait s’en servir pour ne pas tout gâcher. Il lui placé les solutions à ses problèmes dans l'adoration.

Concernant l’amour des biens et la recherche des richesses, Allâh nous encourage dans de nombreux versets, comme dans le verset 10 de la sourate 62, Al-Jumu’ah, Le Vendredi, à parcourir la Terre à la recherche de Ses bienfaits. L’homme a donc une tendance naturelle à rechercher les biens et Allâh ne lui demande pas de renoncer à cette nature. Mais l’homme est aussi avare et orgueilleux, au point qu’il a une fâcheuse tendance à oublier Allâh quand il reçoit ce qu’il recherche. C’est pour cela qu’Allâh lui rappelle que c’est Lui qui donne. Pour preuve, Il donne à qui Il veut. À certains Il donne beaucoup, à d’autres moins. Et dans le verset 32 de la sourate 43, Az-Zukhruf, Les Ornements, Il nous apprend la raison de ce partage en faveur de certains humains seulement : pour que les riches, qui ont été favorisés par Allâh, prennent en charge les besoins des pauvres.

Il y a plusieurs manières de « prendre en charge ». Par exemple, prendre un pauvre à son service, embaucher quelqu’un et le payer pour son travail. Mais il y a aussi le don et l’aumône. Et c’est l’objet du verset qui nous occupe, le verset 92 de la sourate 3.

Allâh vient juste de parler des mécréants et du fait que, étant donné leur mécréance, aucune aumône ne leur sera profitable même s’ils essayaient de se racheter en donnant le volume de la Terre en or. Et juste après, dans notre verset, c’est la générosité des croyants qui est évoquée. Le croyant sincère, par ses aumônes, cherche à se comporter de la bonne manière, à adorer Allâh et à Lui obéir, pour obtenir Sa satisfaction, sa récompense et Son Paradis. Et c’est exactement tout cela à la fois, le birr. Il correspond à tout le bien que l’on recherche à travers notre adoration. Aussi, certains savants ont expliqué le mot birr par l’obéissance, d’autres par les bonnes oeuvres, d’autres également par le Paradis ou la récompense. Le juge Abu Bakr Ibn-ul-‘Arabiyy, grand savant andalou du 12e siècle, spécialiste des versets qui traitent de la loi, résume l’ensemble en disant que le birr est obtenu par le serviteur qui a les qualités qu’Allâh lui a ordonné d’avoir.

Et ces qualités sont d’abord de donner de ses biens, puis de donner avec l’intention de plaire à Allâh Seul, puis de donner une partie de ce à quoi on est fortement attaché. Et à quoi sommes-nous attachés ? À l’argent et aux biens matériels. C’est pourquoi, des savants ont dit que ce verset concernait la zakât, c’est-à-dire l’aumône obligatoire. D’autres ont dit qu’il était général et parlait de toutes les aumônes du croyant. Pour ces spécialistes de l’interprétation du Coran, Allâh nous demande de rechercher le Paradis en donnant en aumône une partie des biens qu’on a reçus, et d’en faire profiter les pauvres. Certains affirment même que ce verset concernait l‘aumône et qu'il a été abrogé lorsqu'Allâh a rendu la zakât obligatoire. 

Mais il existe une explication plus globale et plus complète. Cette explication vient directement de l’analyse du comportement des compagnons lors de la révélation de ce verset.
Comment donc les compagnons ont-ils pratiqué ce verset ? C’est ce que nous apprend par exemple le grand savant andalou du 13e siècle, spécialiste de l’interprétation du Coran et des versets qui traitent de la loi, Al-Qurtubiyy. Il explique que les compagnons ont pris ce verset au pied de la lettre, dans le sens propre et l’ont appliqué directement comme cela. Ils n’ont pas attendu qu’on leur explique à quoi correspondait la partie à moins de donner une partie de ce que vous aimez. Ils n’ont pas cherché à donner un sens symbolique à cette expression. Au contraire. Ils ont regardé leurs biens. Ils ont choisi ce qu’ils aimaient le plus. Ils l’ont donné. Point. Parce que c’est exactement cela que leur demandait leur Rabb. Ensuite, le fait que cette partie du verset puisse exprimer en même temps le fait que les hommes aiment l’argent et les biens matériels était secondaire pour eux.
Et les exemples sont nombreux. Le grand compagnon Abû Talhah possédait une terre, en face de la mosquée de Médine, contenant un puit d’eau délicieuse dans lequel le Prophète, sallallâhu ‘alayhi wa sallam, aimait se rafraîchir. C’était le plus précieux et le plus aimé de ses biens. Dans un hadith sahih rapporté par le spécialiste Al-Bukhariyy, quand ce verset a été révélé, Abû Talhah a dit au Prophète, sallallâhu ‘alayhi wa sallam : « Allâh nous demande de nos biens. Je te prends à témoin, o prophète d’Allâh, que je donne ma terre pour Allâh. » Et le prophète lui a répondu : Donne-la à tes proches, Hassân ibn Thâbit et Ubayy ibn Ka’b. Les savants rapportent également cet exemple de générosité de la part du grand compagnon Zayd ibn Hârithah, qui possédait un cheval qu’il avait appelé « Sabal ». Voici comment un jour, il a invoqué Allâh : « O Allâh ! Tu sais très bien qu’aucun de mes biens ne m’est plus précieux que ce cheval. » Il l’a ensuite emmené au prophète d’Allâh et lui a dit : « Voilà pour Allâh ». Et le Prophète a dit au fils de Zayd, Usâmah, le grand compagnon : Prends-le. Zayd était gêné par le fait que sa générosité profite à son propre fils, mais le Prophète l’a rassuré : Allâh a accepté ton don.

Ce verset a été l’occasion de grands actes de générosité et a provoqué de nombreux dons d’argent, de terres, d’animaux, d’armes et des affranchissements d’esclaves. Des dons à des pauvres, à des riches, à des étrangers, à des proches parents. C’est pour cela que les savants ont dit que ce verset ne concernait pas que l’aumône aux pauvres et aux nécessiteux, mais englobait tout acte de générosité dans le bien et dans l’obéissance.

Et le juge Abu Bakr Ibn-ul-‘Arabiyy ajoute que si le Prophète a donné ces biens à des membres de la famille des généreux donateurs, c’était pour deux raisons. D’abord parce que donner à la famille est à la fois un acte de générosité et un renforcement des liens familiaux, extrêmement important en islam. Et ensuite parce que le cœur et l’âme acceptent plus facilement de renoncer à un bien précieux qu’on a donné à celui qu’on aime.

Voyez chers frères et sœurs comment ce verset symbolise bien la miséricorde et la bonté d’Allâh dans la manière avec laquelle Il traite Sa créature. L’être humain, de par sa nature, est capable de tuer et d’opprimer pour conserver les biens qu’il aime. C'est sans doute une des raisons les plus importantes qui le pousse à combattre. Mais le croyant, lui, va surpasser cette nature et se mettre à distribuer de ses biens les plus précieux. Aussi, dans le comportement et les paroles du Prophète, ainsi que dans les mises en pratique des compagnons, on voit que ce verset pourtant si court aide la société des croyants à mieux adorer Allâh, participe à la prise en charge des problèmes économiques dans la communauté, réduit la séparation entre les riches et les pauvres (car riches comme pauvres ont tous un bien auquel ils sont fortement attachés, et tous peuvent appliquer le verset), et renforce les bonnes relations entre les individus (les riches et les pauvres, mais aussi les gens d'une même famille).
Qui d’autre qu’Allâh peut apporter tant de solutions aux problèmes des humains en si peu de mots !

Allâhu Akbar kabîrâ wa-l-hamdu lillâh kathîrâ wa subhânallâhi bukratan wa asîlâ !

Le croyant sincère est un humain comme les autres, qui cherche à se développer et à survivre sur cette Terre. Il va lui aussi aimer les biens matériels. Mais ce qu’il aimera par-dessus tout, c’est le birr. Et c’est le birr qu’il va chercher à obtenir. Les biens matériels ne sont pour lui qu’un moyen de l’atteindre. C’est tout. Voilà pourquoi le verset se termine en mentionnant la purification de l’âme et de l’intention. C’est pour Allâh qu’on donne, pour personne d’autre. Et pour Allâh on est capable de donner ce qu'on aime le plus. Car Allâh sait exactement ce qu’Il a donné et à qui. Il sait exactement ce que représente un don pour celui qui donne, s’il l’a effectivement fait pour Lui ou non, s'il a donné un bien auquel il tient ou non. Et en fin de parcours, c’est Lui qui nous récompensera ou nous punira. Ce verset est donc une bonne nouvelle pour les gens sincères et une menace pour les autres. Qu’Allâh nous protège.


Voilà l’état d’esprit des croyants généreux, pendant le jeûne et tout au long de l’année. Il nous reste donc quelques heures seulement pour appliquer ce verset pendant le Ramadhâne. Et pour se mettre sur les bons rails pour le reste de l'année, avec l’aide d’Allâh.


Qu'Allâh agrée notre jeûne et le vôtre.

wassalâmu 'alaykum
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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 11:00

Les gens de la Caverne : des gens ordinaires aux soucis ordinaires pour une leçon extraordinaire

 

On l’a montré dans le premier texte de cette série (cliquez ici si vous voulez le lire), la sourate 18, Al-Kahf, La Caverne, est tout entière dédiée à la lutte naturelle et ancestrale entre le tout-matérialisme et le spirituel. Et, bien sûr, chacune des 4 histoires qu’elle contient est consacrée à cet affrontement. Pour rappel, c’est un affrontement qui se situe d’abord au niveau de la croyance, de la manière de percevoir et de concevoir les choses et les événements : un combat nécessaire entre ce que les choses semblent être et ce qu’elles sont vraiment.

Cet affrontement caractérise autant le combat intérieur de chaque individu et de chaque croyant que les divergences profondes entre les croyants et les mécréants. Il sera poussé à son paroxysme, à son degré le plus dramatique, dans le combat que se livreront les hommes et le Dajjâl, avant la fin du monde. C’est exactement pourquoi cet affrontement explique, selon cheykh An-Nadawiyy, dans un livre magnifique consacré à cette sourate, le lien que les hadith prophétiques font entre la sourate Al-Kahf et le Dajjâl. Car l’essentiel de l’épreuve du masîh Dajjâl sera de pouvoir distinguer la réalité au milieu de ses fausses apparences et de rester attaché à la vérité malgré la force de ses ambiguïtés. Tout poussera l’homme à le croire alors qu’en réalité il sera le pire menteur que la Terre aura connu. Aussi si le Prophète, ‘alayh-is-salâm, nous a ordonné de lire la sourate Al-Kahf pour se protéger du Dajjâl, notamment le vendredi, c’est justement parce que méditer cette sourate et ses 4 histoires doit permettre de préparer le serviteur à tenir à la vérité et à la réalité malgré la force imposante des apparences, en tout lieu et à tout moment. Chacun de ses 4 récits pousse le serviteur à prendre conscience de la confrontation, qui touche tout le monde tout le temps, dans ses rapports avec la vérité et dans ses rapports avec les autres, la société et l'autorité, et d’en sortir vainqueur avec l’aide d’Allâh. Nous commencerons par le premier récit : Ashâb-ul-Kahf, les compagnons de la Caverne.

 

Une histoire de héros « chrétiens » contre un État idolâtre tyrannique

 

Les compagnons de la Caverne étaient des musulmans. Mais des musulmans d’avant la venue de Muhammad, ‘alayh-is-salâm. Des musulmans qui suivaient l’islam de ‘Îsâ, ‘alayh-is-salâm. L’islam de Jésus. Ils suivaient le livre qu’Allâh avait révélé à ‘Îsâ, Al-Injîl (perdu aujourd’hui) selon les explications de ce prophète. Des « chrétiens » de la première heure, qui vivaient dans un milieu social et politique hostile qui les poussaient par la violence et leurs lois à abandonner la religion d’Allâh et à adorer les idoles.

Voilà donc pourquoi cette histoire a été très souvent relatée et étudiée par les historiens et les théologiens chrétiens, en particulier Edward Gibbon, le plus connu, au 18e siècle, mais fort peu par les juifs. On appelle cette histoire les « Sept Dormants » ou les « Jeunes d’Éphèse » et on les présente comme des héros chrétiens, symbolisant une foi chrétienne vaillante et soutenue par Dieu. C’est l’histoire du sauvetage miraculeux de ces jeunes « chrétiens » obligés de fuir la violence de l’empire romain polythéiste à l’encontre des monothéistes et que Dieu a fait dormir dans une grotte pour les réveiller quelques siècles plus tard, à une époque où l’empire romain était devenu chrétien.

Les détails que donnent les chrétiens de ces événements ne nous sont pourtant pas vraiment utiles. Ni sur le plan historique, ni, encore moins, sur le plan religieux. Sur le plan historique, les informations ne sont pas fiables, ce ne sont que des hypothèses, fondées en grande partie sur ce qui est parvenu de l’histoire de l’empire romain. Et quelle que soit la version donnée, les dates d’entrée et de sortie de la grotte ne sont pas sûres. On ne sait pas exactement quel empereur romain idolâtre gouvernait à l’époque de l’entrée, car nombreux sont les empereurs qui ont torturé les musulmans de Jésus. Les sources chrétiennes ont opté pour l’empereur qui s’était montré le plus dur avec eux, mais sans réelles certitudes. D’ailleurs il est tout aussi probable que les gens de la Caverne ne vivaient pas dans la ville de l’empereur lui-même et que la menace ne soit venu que d’un gouverneur, ou même d’un simple chef de village zélé. De même, on ne connaît pas avec certitude l’identité de l’empereur croyant qui gouvernait à leur sortie de la caverne. Globalement selon les versions, on situe leur sortie au 5e siècle, entre les années 425 et 446. En conséquence, on ne sait pas combien de temps les jeunes gens sont restés endormis et les différentes versions chrétiennes affirment que cela n’a pas duré plus de 200 ans. C’est ce qui a poussé Gibbon à déclarer que le Coran s’était trompé. Et, malheureusement, certains musulmans, non habilités, y sont allés de leur propre interprétation de ces versets dans une tentative de concilier les « hypothèses chrétiennes hasardeuses » et ce que dit Allâh à propos de la durée du séjour des compagnons dans leur caverne. Par la grâce d’Allâh, les spécialistes du tafsîr comme Al-Âlûsiyy et Ar-Râziyy et des grands savants comme Ibn Taymiyyah ont définitivement fermé la porte à ce genre de raisonnements en disant qu’ils s’opposaient au consensus des compagnons, à la logique saine et même à la langue arabe. Bref, cette histoire, telle qu’elle est rapportée par les chrétiens ne nous apporte rien pour comprendre les versets coraniques. C’est même plutôt la Révélation qui nous permet de savoir que les détails relatés dans les versions chrétiennes sont définitivement faux.

 

Pour comprendre ce récit, on doit rester à l’abri des sources islamiques authentiques et réfléchir sainement à partir d’elles. En commençant par se demander pourquoi ces versets et cette histoire nous ont été révélés. Ce qu’on appelle la cause de révélation : sabab an-nuzûl.

 

Cause et circonstance de la révélation de ce récit

 

Ce qu’on appelle les asbâb an-nuzûl est une science coranique qui regroupe des causes et des circonstances de la révélation des versets. Il ne faut pas confondre cause et circonstance. C’est important.

Les spécialistes du tafsîr mentionnent tous, en se fondant sur ce qui nous est parvenu du travail de l’un des premiers spécialistes de la biographie prophétique, Ibnu Is-hâq, que cette histoire admirable et miraculeuse aurait été révélée parce que les Mecquois avait défié le Prophète, ‘alayh-is-salâm. En bref, on raconte que les Mecquois avaient envoyé à Médine une délégation chargée de demander aux juifs quelles questions ils pourraient bien poser au Prophète, ‘alayh-is-salâm, pour le tester et voir si c’était bien Allâh qui l’informait. Les juifs leur ont suggéré plusieurs questions, parmi lesquelles une question sur l’histoire des compagnons de la Caverne.

 

L’authenticité de cet épisode pose question. Cheykh An-Nadawiyy, lui, ne se prononce pas et ce n’est d’ailleurs pas l’objet de son propos. Nous-mêmes n’avons pas trouvé de jugement clair sur son authenticité, mais en consultant plusieurs ouvrages qui recensent uniquement les causes authentiques de la révélation des versets, nous nous sommes aperçus que ce récit n’apparaissait pas.

Quoi qu’il en soit, cette histoire de défi inspiré aux Mecquois par les juifs de Médine, même si elle était authentique, ne constitue pas la réelle cause de la révélation coranique sur les gens de la Caverne. Ce serait juste une circonstance de sa révélation, l’épisode qui a provoqué la descente de la parole d’Allâh. La circonstance de la révélation n’est en général pas vraiment exploitable pour nous.

Non, la vraie cause de la révélation c’est l’objectif d’Allâh, ce qu’Il attend de nous, ce qu’Il nous demande, ce qu’Il nous apprend à nous ainsi qu’à tous les hommes. C’est le message proprement dit. C’est ce qui va véritablement faire changer notre comportement et notre manière de voir les choses. C’est tout ce que le Coran apporte comme enseignements, comme moyens de réforme pour la société et les individus, et qui seront valables pour tous les individus et toutes les sociétés, à toutes les époques. Depuis les compagnons jusqu’à nous et jusqu’à la fin des temps. D’ailleurs les récits anciens mentionnés dans le Coran ont une même cause générale, expliquée dans le verset 120 de la sourate 11, Hûd : Et tout ce que Nous te racontons comme histoires des messagers, c’est pour raffermir ton cœur et augmenter ta certitude. C’est la vérité qui te parvient par ces histoires, ainsi qu’un encouragement au bien et un rappel pour les croyants.

 

La question qu’on doit alors se poser c’est en quoi cette histoire des compagnons de la Caverne a encouragé, aidé et raffermi le Prophète, ‘alayh-is-salâm, et ses compagnons. Comprendre cela nous permettra dans un second temps de comprendre en quoi cette histoire nous concerne, nous. Car c’est cela, la véritable cause de la révélation de cette histoire.

 

Les compagnons de la Caverne et les compagnons du Prophète, ‘alayh-is-salâm

 

Dans quelle situation se trouvaient les compagnons à La Mecque quand Allâh leur a révélé cette histoire ? Il faut prendre en compte que, au cours de cette même période, où les sévices des Mecquois à l'encontre des musulmans atteignaient le maximum de l'horreur, Allâh a révélé d’autres récits du même type. Des récits qui mettent face à face des individus seuls face à des groupes plus nombreux et plus forts, des prophètes face à des peuples entiers. Comme l’histoire du prophète Yûsuf et de ses frères, ‘alayhim-us-salâm, et l’histoire de Mûsâ, ‘alayh-is-salâm, et du pharaon. Et puis cette histoire des compagnons de la Caverne face au gouvernement injuste et tyrannique. Toutes ces histoires concernent bien sûr des époques différentes, des individus différents et des situations différentes dans les détails. Mais le problème général qu’elles mettent en scène, la crise et sa solution sont les mêmes. Ce sont des situations dans lesquelles les croyants, faibles, opprimés, en minorité n’ont aucun espoir matériel de s’en sortir. Le déséquilibre des forces semble très en faveur de leurs ennemis et ce qu’ils maîtrisent sur le plan matériel ne leur est d’aucun secours. S’ils s’en sortent, il sera impossible d’attribuer cela au matériel.

Sur ces aspects, rien ne ressemble davantage à la situation des premiers croyants que ces compagnons de la Caverne. Ces jeunes gens qui ont fui leur société pour se réfugier dans une grande caverne afin de préserver leur religion, de continuer à la pratiquer et ne pas risquer de l’annuler ni dans leur croyance, ni même simplement par leurs actes. Ils sont restés endormis dans cet endroit isolé jusqu’à ce qu’Allâh décide, par sagesse, par science et bonté de les réveiller dans un environnement devenu islamiquement saint, croyant, pratiquant, et qui encourageait désormais à la piété. Un état qui avait pourtant connu l’idolâtrie durant de nombreux siècles. Leur situation devait radicalement changer. De parias recherchés pour être mis à mort, ils étaient devenus aimés et respectés, grandis aux yeux de tous. Des vrais héros.

Les premiers musulmans, ceux qui ont accepté l’islam dès le début à La Mecque bénie, n’ont-ils pas vécu la même chose ? Ils ont tout fait pour s’accrocher à leur religion, à une époque où être musulman était comme de tenir une braise brûlante entre les doigts, dans la tourmente. Personne ne savait s’ils seraient encore vivants le lendemain. La menace venait de partout, même des proches, mêmes de leurs mères. Ils sont restés dans cet état dramatique, jusqu’à ce qu’Allâh leur donne la solution. Et nul autre que Lui n’aurait pu la leur donner. Il leur a ordonné de quitter La Mecque, d’émigrer, de devenir les Muhâjirûn, les Émigrants, et de se réfugier dans une caverne bénie : Yathrib, qui deviendrait plus tard Médine, la ville du Prophète, ‘alayh-is-salâm.

Les compagnons de la Caverne, une fois sortis de leur sommeil, qui avait été pris en charge par Allâh, ont trouvé des hommes bien différents de ceux qu’ils avaient laissés. Des gens nouveaux, une ville nouvelle, une religion différente. Quand le représentant des compagnons est sorti, il a trouvé que la religion qui était appliquée était celle qu’ils suivaient et pour laquelle ils s’étaient retirés. Leur dogme était devenu le dogme officiel, honoré, suivi. De même, quand les Muhâjirûn sont sortis de Médine pour gagner La Mecque qu’ils avaient quittée bien plus tôt, ils ont été accueillis d’une manière qu’on n'aurait pu imaginer même quelques années auparavant. Le drapeau de l’islam était hissé haut. Les clés de la Ka’bah se sont trouvées dans les mains des musulmans. Les gens entraient dans l’islam en masse, groupe après groupe, tribu après tribu. Et l’islam était devenu la source de tout honneur et de toute noblesse. Plus rien ne comptait plus que lui. L’idolâtrie était par contre devenu le lieu de l'humiliation et l'avilissement. Les gueux d’hier étaient devenus les hommes importants de la société. L’ancien esclave noir appelait officiellement à la prière. Les croyants étaient devenus les enseignants des hommes dans tous les domaines, les hommes les plus respectés dans cette communauté.


Les compagnons de la Caverne et nous

 

L’histoire se répète sans cesse et l’homme en fin de compte ne change pas. Allâh nous a révélé que cette religion serait éternelle et que sa communauté s’étendrait et durerait dans le temps. Alors, forcément, elle connaît au cours de son histoire tous les états que l’être humain rencontre. La force et la faiblesse, la multitude et le très petit nombre. Des amis et des adversaires. Les difficultés et les exactions les plus fréquentes que rencontrent les croyants sont le fait de gouverneurs et de décideurs mécréants. Mais ces difficultés peuvent venir aussi de la part de gouverneurs de pays musulmans, des gouverneurs qui bien que prononçant la parole de tawhîd avec la langue, construisant des mosquées, pratiquant les rites de l’islam, rejettent la foi et la loi islamiques dans certains domaines, car elles leur semblent plus dangereuses, moins efficaces, plus nuisibles que d’autres modes de pensée et d’action. Le cheykh An-Nadawiyy conclut à ce sujet avec cette phrase : « Et voilà comment l’histoire des compagnons de la Caverne renaît en terre d’islam ! » Pour preuve, les savants ou les croyants qui se sont retrouvés en prison, torturés, exécutés tout au long de l’histoire des pays musulmans.

Quoi qu’il en soit, l’homme dans cette situation vit exactement ce qu’ont vécu avant lui les compagnons de la Caverne et les compagnons du Prophète, ‘alayh-is-salâm. Que ce soit un gouvernement mécréant ou un gouvernement dans un pays de l’islam, on retrouve la confrontation entre les croyants d’un côté, faibles, sans pouvoir, en minorité et de l’autre côté des mécréants ou des hypocrites, comme les appelle le cheykh, forts, obéis et dotés du pouvoir de décision dans leur royaume. Les croyants ne peuvent avoir et la religion et la vie facile. Il leur faut choisir. Choisir entre la tranquillité et leur foi, entre la liberté et leur dogme, entre la vie et leur pratique religieuse. Vivre tranquille ou vivre sa religion. On ne peut avoir les deux dans ce genre de société. S’il choisit la religion, le voile, le niqab, les prêts sans intérêts, la prière à l’heure, la barbe, la diffusion et la présentation de l’islam…, il aura une vie difficile, s’il abandonne tout cela, on lui facilitera les choses. L’histoire des gens de la Caverne va permettre au croyant de se rassurer, de savoir que d’autres avant lui ont subi comme lui ou bien davantage que lui, que d’autres se sont retrouvés dans des situations plus dramatiques et plus désespérées que lui, mais ils n’ont jamais abandonné leur religion, pas la moindre ligne, et s’en sont sortis, grâce à Allâh, souvent d’une manière véritablement inattendu, pour ne pas dire spectaculaire.

Bien sûr, l’isolement et le retrait de la société, comme ceux qu’ont vécus les compagnons de la Caverne, est évoqué dans certains hadith authentiques comme étant effectivement la solution. Mais, comme l’expliquent les savants, c’est une solution réservée aux situations dramatiques, quand le rappel n’a aucune chance d’être entendu, quand ceux qui désobéissent risquent le châtiment d’Allâh d’un moment à l’autre, quand il n’y a plus rien à attendre du gouvernement et de la société et que les musulmans se comptent sur les doigts de la main. Parce que la solution première, pour notre communauté est de faire comme ont fait les compagnons du Prophète ‘alayh-is-salâm. Et les compagnons ne se sont pas isolés. Car Allâh a voulu davantage pour ces premiers musulmans qu’Il ne l’avait voulu pour les compagnons de la Caverne. Il nous l’apprend à plusieurs reprises, Il a voulu que cette religion, ce mode de vie, cet esprit et cette façon de voir les choses dominent et remplacent toute autre conception de vie, toute autre religion. Et faire de chaque compagnon un envoyé, qui présente Sa religion au monde entier, et tente de convaincre, avec des arguments tranchants, qu’elle est la seule religion, le seul lien possible avec Allâh. Pour que la parole d’Allâh soit au-dessus de n’importe quelle autre parole et qu’il n’y ait comme religion sur Terre que celle d’adorer d’Allâh. Quand Allâh dans le Coran nous dit que les musulmans sont la meilleure communauté, Il nous explique pourquoi : parce qu’en plus de croire en Lui cette communauté présente l’islam, ordonne le bien, dénonce le mal et fait tout ce qu’il faut pour l’arrêter. Et quand le Prophète, ’alayh-is-salâm, décrit cette mission des compagnons, et des musulmans en général, il utilise le mot « bu’ithtum » qui signifie « vous avez été envoyés ». C’est dans ce célèbre hadith authentique de chez Al-Bukhâriyy qui mentionne que le Prophète, ‘alayh-is-salâm, n’a pas laissé les compagnons s’en prendre à ce bédouin ignorant et mal élevé qui avait uriné dans la mosquée. Il leur a demandé de nettoyer la souillure et leur a dit : « Vous avez été envoyés pour rendre les choses faciles aux gens, vous n’avez pas été envoyés pour leur rendre les choses pénibles. »

Les compagnons avaient une mission comparable à celle d’un prophète, sauf qu’ils ne recevaient pas de révélation. Mais ils suivaient la Révélation et la transmettaient, la diffusaient. Ils étaient actifs dans les changements de la société. Nous avons la même mission qu’eux. Nous sommes les ambassadeurs de notre Prophète auprès de l’humanité. Ce n’est pas comme les compagnons de la Caverne, qui se sont retirés complètement, n’influençant plus la société, qu’Allâh a fait changer sans leur concours. Les compagnons, ainsi que nous, avons reçu l’ordre de diffuser l’islam, de faire la da’wâ, de prendre en charge l’avenir de l’humanité. Une tache bien plus noble.

 

Retournons maintenant dans le détail de ce qu’Allâh nous raconte au sujet des gens de la Caverne...

 

(à suivre...)


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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 17:39

Bismillâh

La sourate 18, Al-Kahf, La Caverne, tourne autour de 4 récits avec lesquels Allâh nous donne Ses jugements, Ses enseignements, Ses exhortations : l'histoire des gens de la Caverne, l'histoire du propriétaire des deux jardins, l'histoire de Mûsâ et Al-Khadhir, 'alayhim-as-salâm, et l'histoire de Dhul Qarnayn. Chacune de ces histoires met en scène une contradiction entre les apparences et les plans d'Allâh et montre combien les apparences ne sont pas fiables et qu'il faut revenir en permanence à l'adoration d'Allâh quelles que soient les difficultés apparentes qu'on rencontre.

Dans son magnifique livre sur l'explication de la sourate Al-Kahf*, le cheykh Abul Hasan An-Nadawiyy, rahimahullâh, a entamé une réflexion spéciale sur cette sourate parce qu'il a été fortement marqué par les hadiths authentiques qui conseillent de la lire. Le Prophète, sallallâhu ‘alayhi wa sallam, nous a effectivement recommandé de lire la sourate Al-Kahf chaque vendredi pour être protégés du messie Dajjâl, le faux messie qui viendra dans les derniers temps de l'humanité.

Amoureux de cette sourate depuis son plus jeune âge, grâce à sa mère, le cheykh Abul Hasan An-Nadawiyy l'a profondément étudiée par la suite. Dans cet ouvrage, son objectif est de mettre en évidence pourquoi notre prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a distingué la sourate Al-Kahf d'entre les 114 que compte le Coran pour la relier aux troubles de la fin des temps et au Dajjâl.

Quel trésor contient la sourate Al-Kahf qui lui donne ce statut si spécial et si important d'être à même de protéger, par la grâce d'Allâh, ceux qui la lisent et la comprennent de ces troubles si dramatiques pour l'humain ?

Tout d'abord, il faut comprendre qui est le Dajjâl.

Brièvement, le Dajjâl est mentionné dans des hadiths authentiques qui précisent certains éléments de son aspect physique mais surtout les caractéristiques de sa personnalité et de ses actes. Et le nom qu'on lui donne résume tout cela : le Dajjâl. À lui seul, ce nom nous met en garde contre le danger qui menace chez cet homme, contre ses objectifs, sa da'wâ, ses actes et son comportement. Car le mot " dajjâl " signifie en arabe le grand menteur, celui qui dissimule, qui camoufle, qui falsifie, qui trompe. Voilà son nom ! Voilà sa personnalité ! Voilà sa  da'wâ et son objectif. Voilà ce qui le caractérise parmi l'ensemble des gens qui appellent au mal et qui rejettent l'islam. Tous les porte-parole de la mécréance et du désordre possèdent bien sûr ces caractéristiques-là, mais le Dajjâl annoncé va les porter à un niveau jamais atteint jusque-là, avec des méthodes et un pouvoir uniques. Il va les surclasser tous, de loin, en faisant croire que l'eau est le feu et que le feu est l'eau, que la vérité est le faux et que le faux est la vérité, que le paradis est l'enfer et que l'enfer est le paradis, que le futile est important pour être heureux et que l'important est inutile. Il va semer le trouble en mettant tout sens dessus dessous, en faisant croire ce qui n'existe pas et en faisant rejeter ce qui existe réellement. Il va parvenir à tromper les gens dans leur croyance mais aussi dans leurs perceptions sensorielles, leur vue, leur ouïe…

Et c’est justement sur le lien qui existe entre le contenu de la sourate Al-Kahf et la personnalité du Dajjâl que le cheykh An-Nadawiyy s'interroge dans son livre. Il dit au début, dans une sorte d'introduction générale, que les 4 récits n'en sont qu'un en réalité. Ils sont différents, c'est vrai, mais portent le même message, la même morale, traitent du même sujet et donnent le même enseignement : il existe et existera dans l'histoire de l'humanité 2 conceptions différentes de la vie ; les hommes adoptent l'une ou l'autre.

Pour expliquer cela, le cheykh présente un rapide développement sur les règles qui régissent ce qui existe. Ce monde est en effet soumis, dans l'extrême majorité des cas, à des règles naturelles. Les « lois de la nature », comme on les appelle. Elles organisent le monde et régissent son fonctionnement. Ce sont les causes des choses et des événements. Ces causes sont importantes car elles provoquent toujours les mêmes conséquences, et cette régularité permet les prévisions et surtout la compréhension du monde dans lequel on vit. Alors à une cause précise, il existe une conséquence précise. La caractéristique importante de ces causes et ses lois naturelles c'est qu'elles sont visibles, apparentes, concrètes, matérielles. C'est pourquoi tout le monde les reconnaît. C'est par exemple le fait de manger qui cause la disparition de la faim, ou le fait que les plaques tectoniques se déplacent qui cause les tremblements de terre. Tout le monde reconnaît ces causes. Mais c'est ensuite que les hommes se divisent en 2 groupes :

  • Certains humains, sans doute une majorité au cours de l'histoire, ne prennent en compte que ces causes naturelles, concrètes, apparentes et ne jurent que par elles. Leur conception de la vie s'arrête à ces causes naturelles, matérielles, perceptibles. Pour eux, ces causes expliquent tout, absolument tout, même la foi ou le besoin de chercher à plaire à un Créateur. Il n'y a rien qu'on ne puisse expliquer ni comprendre car toute chose a une cause naturelle matérielle. Ce qui est sacré pour eux c'est le lien entre les causes et leurs conséquences. Sacré dans le sens où dans leur conception de la vie c'est la seule chose qui ne bouge pas, la seule chose sur laquelle ils peuvent toujours compter, la seule chose qui leur permet de comprendre ce monde et de se sentir en sécurité. La seule chose dont ils ont besoin en définitive. Je compte sur la nourriture car à tous les coups quand je mange je suis rassasié. C'est la nourriture qui explique que je n'ai plus faim. Je n'ai besoin de rien d'autre pour comprendre que je n'ai plus faim. Comme je n'ai besoin de rien d'autre que la tectonique des plaques pour comprendre et expliquer les tremblements de terre et les milliers de morts qu'ils provoquent. Ce sont les vrais responsables. L'effet des causes sur les conséquences va structurer leur vie, leur donne un but, et conditionner leurs espérances et leur désespoir. Si j'ai de la nourriture, je ne crains pas la faim, si je n'en ai pas, je vais tout faire pour en trouver et si je n'ai aucune chance d'en trouver je suis désespéré. Si je n'habite pas sur une faille sismique, je suis en sécurité, sinon, je déménage ou construis un abri anti-sismique. Si je ne peux pas, je suis en danger, la faille va me tuer. Les causes sont sacrées car elles sont nécessaires à la survenue des choses et sont responsables du bonheur et du malheur. On compte sur elles, on les recherche car on recherche leurs effets. Rien ne peut se dresser entre une cause et sa conséquence. Ces gens vont focaliser leur attention sur les causes, et rejeter tout ce qui n'est pas perceptible, tout ce qui n'a pas d'effet perceptible, car ils n'en ont pas besoin pour comprendre et anticiper les choses. C’est cette conception qui amène les hommes à ne compter que sur le concret et le matériel, et uniquement sur ce qu'ils peuvent percevoir, sur l'apparent. Je ne crois qu'en ce que je vois, je n'ai besoin que de ce que je vois. Puis qui les amène à rejeter ce qui n'est pas matériel. Donc à rejeter la vie après la mort car, selon eux, la mort marque la fin du matériel. Et à rejeter la résurrection, fatalement, et tout ce qui aurait une influence sur la vie dans l'Au-delà. En définitive, ils traitent les causes naturelles, matérielles, perceptibles comme des dieux et rejettent toute autre possibilité d'influence sur les choses. Rien d'autre n'a d'influence puisque les lois de la nature expliquent déjà tout. Ils donnent tout au matériel, peuvent mourir pour lui, se mettent à sa disposition dans le sens où ils vont faire ce qu'exige le matériel pour obtenir les choses car le matériel est pour eux la seule possibilité d'atteindre leurs objectifs, et le bonheur, et la seule possibilité d'éviter le malheur. Ils sont convaincus que ce sont les causes matérielles qui donnent et que c’est donc elles qu'il faut vénérer. Et, bien entendu, ils vont prêcher vers cette voie et considérer comme idiot celui qui ne vénère pas les causes.
  • D'autres humains ont une conception des choses radicalement opposée. Pour eux, il existe derrière les causes naturelles, apparentes et matérielles une cause invisible que l’on ne peut pas percevoir avec les sens, mais seulement avec le cœur et la raison. Cette cause invisible, c'est la Volonté divine qui domine toute chose et s'impose sur ces causes naturelles, sur leur existence et sur leur organisation. C'est la Cause des causes, la Responsable des conséquences. Toutes les causes s'arrêtent et reviennent à Dieu. Elles sont causes parce qu'Il le veut et qu'Il a fait que cela soit le cas. Les causes Lui obéissent et n'agissent pas par elles-mêmes. Elles pourraient n'avoir aucune conséquence s'Il le voulait, ou avoir d'autres conséquences. Il sait ce que nous ne voyons pas, ce que nous ne percevons pas, ce que nous ne savons pas. Il connaît la vraie nature de ce que nous percevons : Je crois en ce que je vois, bien sûr mais ce que je vois n'explique pas tout. La nourriture me rassasie, c'est vrai, mais ce n'est que parce qu'elle est sous la dépendance de la volonté d'Allâh. Elle joue le rôle qu'Allâh lui a donné. Il existe d'ailleurs des famines qui sont dues au fait que la nourriture, malgré son abondance, ne remplit pas son rôle et ne rassasie plus. Les mouvements des plaques tectoniques causent les tremblements, c'est vrai, mais ce rôle leur a été donné par Allâh et elles ne décident de rien, ni de leurs mouvements, ni du moment et de l'intensité du tremblement, ni de l'endroit exact, ni du nombre et de l'identité des victimes. Car c'est Allâh qui fait et qui défait, qui donne et qui retire, et les causes matérielles n'ont pas ce pouvoir. Elles ne se sont pas créées elles-mêmes. Elles n'ont pas créé leur influence sur les choses elles-mêmes. Quand il n'y avait rien, ni cause ni conséquence, c'est Lui, Allâh, Jalla wa 'Alâ, qui a fait exister les choses à partir de rien, qui a distribué les rôles de causes et de conséquences à ce qu'Il voulait. Et Il est la cause de tout.

Cette conception-là a une conséquence des plus importantes. Car non seulement elle met les causes naturelles et matérielles sous la dépendance de la volonté du Créateur, mais elle offre en plus un autre système de causes qui influencent ce qui se passe dans le monde, autant à l'échelle individuelle qu’à l’échelle des peuples, d'une manière plus forte que les causes naturelles matérielles et apparentes. C'est la soumission au créateur, la croyance en Lui, les bonnes actions, le bon comportement, la justice, la bonté, les invocations, en un mot l'adoration. Et tout cela a des conséquences sur tous les domaines de la vie, non seulement spirituels et psychologiques, mais également matériels. Bien entendu, les causes contraires que sont par exemple la mécréance, l'injustice, l'avarice, le désordre, les passions, l'orgueil… produisent les conséquences contraires. La nourriture cause la disparition de la faim comme une bonté de la part d'Allâh, et une nourriture en petite quantité peut suffire par la grâce d'Allâh. Et il est connu dans notre religion qu'il y a un lien entre les épreuves comme les tremblements de terre et les péchés. Ceux qui adoptent cette conception reconnaissent les causes apparentes et cherchent à les provoquer, évidemment, mais c'est la volonté d'Allâh qui explique tout, et c'est la satisfaction d'Allâh qui protège des vrais malheurs.

En conséquence, si l’on s'attache à provoquer les causes de la satisfaction du Créateur, le monde ira mieux et la vie sera plus belle. Allâh nous facilitera les choses, que ce soit par l'intermédiaire des causes naturelles matérielles habituelles ou au contraire en rompant l'ordre naturel des choses, comme Il l'a fait très souvent, par exemple avec les miracles de Ses prophètes. Et cela est facile pour Allâh.

Mais celui qui voudra provoquer les causes inverses, celles de la colère d’Allâh et ne voudra s'appuyer que sur les causes naturelles matérielles et perceptibles quoi qu'il ait à faire pour y parvenir, le monde et ses éléments se ligueront contre lui, et les causes n'auront plus les conséquences attendues – on l'a vu et on le voit encore aujourd'hui, quand Allâh donne la victoire à Ses soldats, peu nombreux et mal armés contre des spécialistes de la guerre – et il ne sera jamais heureux, ni sur Terre, ni dans l'Au-delà. C'est une perte atroce pour lui, et cela est tout aussi facile pour Allâh.

En conclusion, le Dajjâl viendra parmi les hommes pour les tromper sur les causes des situations et des évènements, modifier leur perception et leurs croyances. Il leur dissimulera la vérité sous des apparences concrètes trompeuses. Il cherchera à les convaincre que le chemin le plus sûr pour le bonheur et la félicité est de dominer et maîtriser les causes matérielles et qu'il n'existe rien d'autre que ce que l'on voit, que les choses sont comme on les perçoit par nos sens, pas autrement. Tous ceux qui appellent à abandonner la religion d'Allâh et qui luttent contre elle et contre les croyants partout dans le monde et à toutes les époques utilisent ces stratégies à des degrés moindres avec un pouvoir maléfique moins abouti.

Or, contre tous ceux-là et leurs ambiguïtés néfastes et retorses, la sourate Al-Kahf est tout entière dédiée à l'affrontement entre le matérialisme et l'îmâne, entre l'apparent et l'invisible c'est-à-dire entre ces deux conceptions dont nous venons de parler. Deux conceptions, deux dogmes, deux psychologies, deux philosophies de vie. La lutte entre la foi dans le matériel et la foi dans l'invisible et en Allâh. Et cette sourate dévoile et explique tout ce que ces deux conceptions impliquent en termes de certitudes, d'actions, de comportement, de moralité, ainsi que leur résultat réel pour le bien-être de l'être humain. Elle met en garde enfin contre le fait de s'appuyer uniquement sur les causes naturelles matérielles, le perceptible, l'apparent et de renier l'invisible, et Allâh, ainsi que Sa responsabilité exclusive sur tout ce qui est.

 


* C'est un livre d'observations et d'analyses sur la sourate Al-Kahf et sa nature protectrice, par la grâce d'Allâh, contre les épreuves de la fin des temps, intitulé : As-Sirâ'u bayna-l-îmâni wal mâddiyyah : Ta-ammulâte fî sûrat-il-Kahf, L'Affrontement entre l'îmâne et le matérialisme : observations sur la sourate Al-Kahf.

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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 01:23
As-salâmu 'alaykum wa rahmatullâh

Suite à la publication du 4e cours de Jaddi Chrif sur la sourate Fâtir, le noble frère Muhammad, qu'Allâh le préserve, a souhaité obtenir davantage de détails sur la différence entre la notion de hamd et celle de chukr. Comme la réponse est un peu longue, nous la publions ici. C'est aussi une façon de recueillir les commentaires et les ajouts des plus savants.

 

 


La question du frère Muhammad :

 

- AsSalamou 'alaykum,
barakAllahou fikoum pour ce cours très enrichissant, alhamdouliLlah.
Quelle est la différence entre le hamd et le choukr ?

 


Notre réponse :


As-salâmu 'alaykum wa rahmatullâh, frère Muhammad

Bârakallâhu fîkum pour votre commentaire et pour votre intérêt.
Votre question est intéressante et c'est vrai que nous ne l'avons pas détaillée dans le texte.

Pour ce qui est de la différence entre hamd (la louange en français) et chukr (le remerciement, la gratitude), le spécialiste de la langue arabe Al-Asfahâniyy a simplement dit, dans son célèbre lexique coranique, que le hamd est plus général, a un sens plus complet, plus englobant que le chukr. Il précise rapidement que le chukr ne s'utilise que par celui qui a reçu effectivement un bienfait, alors que le hamd pas seulement. Il n'en dit pas plus.

 

Grâce à Allâh, d'autres savants, spécialistes eux aussi de la langue et de l'exégèse, ont détaillé les choses de manière extrêmement précise et claire. C'est le cas de Ibnu Kathîr ou Ach-Chawkâniyy, par exemple. Ils nous apprennent que le hamd est en réalité à la fois plus général et moins général que le chukr. Ce qui nécessite un développement.

 

* Le hamd est plus général que le chukr si l'on considère ce qui conduit à la gratitude et à la louange envers quelqu'un (les asbâb du hamd et du chukr). Le chukr concerne la gratitude pour ce qu'on reçoit comme bienfait et comme bonté, et donc pour les qualités qui sont à l'origine de ces bonnes choses que l'on reçoit. Le hamd englobe, en plus de cela, la gratitude plus générale pour des qualités qui sont considérées comme bonnes en elles-mêmes, comme si elles étaient un bienfait en elles-mêmes. Le hamd est donc plus général parce qu'il concerne notamment les qualités à l'origine d'un bienfait, même quand on ne profite pas soi-même de celui-ci. On ne fait pas le chukr pour un bienfait qu'un autre que nous a reçu, mais on fera le hamd. Il n'y a pas de bienfait reçu, c'est vrai, mais il y a quand même des qualités. Et le hamd cible la qualité avant tout.

 

Pour nous faire bien comprendre cette distinction entre hamd et chukr fondée sur les asbâb, les spécialistes ont fait appel à une distinction plus fondamentale encore qui concerne les qualités, les caractéristiques, les attributs qui conduisent au hamd et au chukr. Comparez une qualité comme la beauté et une qualité comme la générosité. La beauté est une caractéristique qu'on aime mais dont on ne peut faire bénéficier les autres, qui ne leur apporte rien de concret. Par contre la générosité apporte des choses concrètes aux autres, à qui l'on veut, quand on veut. Ainsi, le chukr ne concerne que des qualités qui apportent concrètement quelque chose aux autres, et uniquement dans les situations où elle apporte une chose concrète à la personne qui remercie. En revanche, le hamd s'applique à toutes les qualités, qu'elles aient un apport concret – à nous ou aux autres – ou pas. Le chukr est donc centré sur le bienfait, alors que le hamd est centré sur les qualités et ainsi sur l'amour qu'on porte à celui qui les possède. C'est pour cela qu'on proclame le hamd à Allâh même pour un bienfait qu'Il ne nous donne pas, qu'Il donne à d'autres, ou qu'Il nous a repris : d'abord parce qu'on L'aime, puis parce qu'on aime le fait qu'Il donne et qu'Il est généreux, puis parce qu'on vénère la perfection de Sa générosité. Cette perfection est clairement visible dans le fait qu'Il donne à qui Il veut quand Il le veut sans rien attendre en retour (les mécréants en effet ne sont pas privés de bienfaits) et sans qu'Il soit forcé de le faire, puis dans le fait qu'Il est capable de reprendre ce qu'Il a donné sans être contraint de Se justifier, sans que cela soit un besoin. 

 

* Le hamd est ensuite moins général que le chukr si l'on considère ses modalités, ses types, ses anwâ'. Le chukr en possède davantage car on parle de chukr pour des situations variées, qui touchent le cœur, la langue ou le corps. Allâh ordonne d'ailleurs au Prophète Dâwûd et aux siens, 'alayhim-us-salâm, de Le remercier, pour les merveilleux bienfaits dont Ils jouissaient. Il leur dit dans le verset 13 de la sourate 34, Saba : Œuvrez par chukr, Ô gens de Dâwûd ! Allâh ordonne à Dâwûd et à ses proches d'accomplir des actes pieux par gratitude envers Lui. Et Il utilise le mot chukr. On peut être reconnaissant et faire preuve de gratitude dans le cœur (on ressent cette gratitude au fond de soi, on se sent redevable…), par la langue (dire merci) et par les actes (on offre un cadeau…). Offrir un cadeau sans dire merci reste du chukr, car le geste vaut la parole. Par contre, pour le hamd, qui est une proclamation, un rappel des qualités de celui qu'on vante, il faut qu'il y ait une parole. Rien ne peut la remplacer, elle est indispensable. Il faut vanter avec la langue les mérites et les attributs parfaits d'Allâh, avec amour et vénération.

 

Enfin, pour être complet avec ce que nous connaissons, même si tous ne sont pas d'accord, certains savants disent que chukr et hamd ont le même sens et peuvent être utilisés l'un à la place de l'autre. Il faut reconnaître que si on considère les asbâb seulement, il nous est difficile de distinguer nettement hamd et chukr quand il s'agit du Créateur. On ne conçoit pas réellement de séparation entre Ses attributs, ce qu'Il est et ce qu'Il fait d'une part, et ce qu'Il nous donne comme bienfaits et bontés concrètement d'autre part. Tout ce qu'Allâh nous donne est un bienfait. C'est clair. Mais également tout ce qu'Allâh donne aux autres contient de nombreux bienfaits pour nous, même s'Il nous en prive. Et toutes les qualités d'Allâh, qu'elles soient des qualités qui le concerne Lui seulement (comme la beauté, la majesté, l'importance, la grandeur, l'unicité…) ou les qualités dont Il fait profiter concrètement Ses créatures (comme la bonté, la générosité, la création des cieux et de la Terre…) contiennent des bienfaits infinis pour nous. Tout comme ceux de Ses attributs qui évoquent Sa colère, Son châtiment, les épreuves et les punitions, sont des bienfaits. Des bienfaits qui nous apportent des choses. Des choses concrètes. Quand Allâh évoque Son unicité, Il nous offre le bienfait de la vraie liberté, c'est-à-dire qu'Il nous affranchit de l'adoration d'un autre que Lui, d'une simple créature comme nous : on n'a pas à obéir ni à rendre des comptes à un autre que Lui. Quand Il nous prive d'un bienfait, Il nous offre la patience, la compréhension du destin et de notre insignifiance par rapport au déroulement des choses de notre propre vie. Quand Allâh nous parle de Ses épreuves et de Son châtiment douloureux, Il nous offre la crainte et la piété. Des bienfaits innombrables réservés aux croyants.

 

A chaque fois, Ses attributs parfaits amènent avec eux de nombreux bienfaits et tout le travail du croyant est là : savoir voir les bienfaits et les bontés que sont, pour notre bénéfice, les attributs d'Allâh. C'est cette conscience des réalités qui conduit le croyant, qui obéit à son prophète 'alayh-is-salâm, à dire " al-hamdu lillâh " quoi qu'il lui arrive. Et cette conscience, c'est déjà un grand bienfait.  

 

Wallâhu A'lam

 

Wassalâmu 'alaykum

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4 octobre 2009 7 04 /10 /octobre /2009 17:31
As-salâmu 'alaykum wa rahmatullâh

Suite à la publication du 4e cours de Jaddi Chrif sur la sourate Fâtir, le noble frère Abu_Ayoub, qu'Allâh le préserve, a souhaité obtenir davantage de détails sur un point que nous avons mentionné dans le texte. Comme la réponse est un peu longue, nous la publions ici. C'est aussi une façon de recueillir les commentaires et les ajouts des plus savants.







La question du frère Abu_Ayoub :

- assalamou alaykom Pouvez vous préciser, pour l'exemple du voleur, comment peut-on voir les qualités d'Allah ? barakAllahu fikom


Précision : cette question fait référence à un passage dans lequel Jaddi Chrif affirmait que la perfection d'Allâh, la perfection de Ses attributs étaient à rechercher non seulement dans les bienfaits mais aussi dans les épreuves. Parmi les exemples d'épreuves le vol était cité.


Notre réponse :

As-salâmu 'alaykum wa rahmatullâh akhî Abu _Ayoub,

Bârakallâhu fîk pour la question, qui va permettre de développer un des points abordés dans notre texte. Le questionneur est au moins aussi informé que le questionné, mais bismillâh.

Pour commencer, on va dire comme l'a dit Ibn Qayyim Al-Jawziyyah, le fameux savant syrien..., rahimahullâh, dans son introduction à son analyse du renvoi d'Âdam, 'alayh-is-salâm, hors du Paradis : aucune langue, aucune plume ne pourront jamais saisir de près ou de loin l'étendue de la Sagesse ou de la raison d'être qui se trouve derrière la création. On peut seulement en découvrir des bribes grâce à notre raison. Et même si on découvre des millions de sagesses, on n'aura rien découvert en réalité.

Ensuite, pour reprendre une idée claire du texte, voir les qualités d'Allâh n'est pas essentiel. Plus clairement, ne pas percevoir la perfection des attributs d'Allâh, jalla wa 'alâ, par exemple dans un ordre ou une interdiction n'est pas essentiel pour obéir. Car nous possédons déjà tous le minimum  pour : comprendre que rien n'a pu exister sans Créateur et que le Prophète est bel et bien le modèle à suivre de la part de ce Créateur. Alors découvrir la perfection d'Allâh à travers ce qu'Il fait ne sert qu'à renforcer ce minimum. Allâh aurait pu nous laisser avec ce seul minimum qui aurait suffit. Mais par Sa générosité et Sa bonté, Il a décidé de nous donner une raison plus fine et de nous permettre de Le " voir " de multiples facons derrière Sa créature. On ne voit pas seulement le fait que la créature est le signe de l'existence d'un Créateur, mais on perçoit clairement la générosité, la bonté, la justice, la sagesse, la puissance, la force, la science,... de ce Créateur. La conséquence est que le jaillissement de l'amour pour Allâh dans le coeur est facilité, impossible même d'y échapper si on n'est pas orgueilleux. Wal-hamdu lillâh. Tout cela revient à une histoire d'ijtihâd (d'effort individuel de réflexion, de méditation), de science, de compétence, d'intelligence. En fonction desquels les hommes vont percevoir des choses différentes, plus ou moins profondes, parfois même très profondes, plus ou moins nombreuses.

On comprend bien pourquoi connaître les noms et les attributs d'Allâh est indispensable, car c'est d'eux qu'on va partir pour essayer de les retrouver à travers la création. Les savants disent en effet qu'on ne peut les connaitre que par les textes authentiques. Et qu'on peut mieux les comprendre en en recherchant leurs manifestations dans le monde.

Et justement, dans le monde, il y a le vol. Et à travers le vol, sur la base de mes modestes capacités, j'ai pu percevoir 3 types de qualités. La liste n'est pas exhaustive tant on peut toujours en trouver d'autres en réfléchissant et en étudiant plus. Ceux qui savent mieux que moi doivent ajouter ce qu'ils ont eux-mêmes découvert.

1) les qualités qui concerne Allâh Lui-même, par exemple :
- Allâh est très pardonneur pour tous les péchés, il faut donc que tous les péchés existent car Allâh ne ment pas
- Allâh a créé l'honnêteté et Il a créé la malhonnêteté dont le vol, ce qui indique la perfection de la création, la puissance et la capacité à créer des contraires
- Allâh a dit qu'Il allait éprouver l'homme dans ses biens, et Sa parole est vérité
...

2 ) les qualités qui concernent la bonté d'Allâh envers la personne volée, quelques exemples :
- le vol permet de se détacher de ses biens. J'ai souvent perdu des choses auxquelles je tenais. À un moment je me suis rendu compte qu'il était futile d'y tenir
- le vol permet de comprendre qu'Allâh est le Seul détenteur des choses, Celui qui ne peut être dépossédé. On se sent une petite créature qui subit ce qu'Allâh a décidé pour nous. Cela augmente l'humilité, la résignation, et la capacité à être satisfait de ce qui nous arrive
- le vol permet de comprendre la Sagesse de la punition du voleur
- le vol permet de voir ses péchés pardonnés et sa valeur aux yeux d'Allâh augmenter. Cheikh Ibn-ul-Utheymine dit quelque part que certaines épreuves permettent à l'homme de s'absoudre de péchés pour lesquels il ne se serait jamais repenti, soit par faiblesse soit par oubli soit parce qu'il ne percevait pas la gravité de la chose
- le vol permet de se rendre compte qu'on a péché, car les épreuves viennent de nos manquements, puis de se réformer : c'est un signal d'alarme
- le vol permet de se rapprocher d'Allâh. Celui qui s'est fait voler sait dans quel état on se trouve et qu'on a tendance à lever les yeux au ciel pour Lui demander de nous aider. Les savants disent que les épreuves, en tout cas certaines d'entre elles, font revenir l'homme à l'état de la fitrah qu'il avait à la naissance. Dans le Coran Allâh aborde cela, quelquefois en nous décrivant l'état d'esprit de l'homme qui risque de mourir au cours d'une tempête en pleine mer.
...

3 ) les qualités qui concernent la bonté d'Allâh envers le voleur : un exemple spécifique
- certains voleurs se sont retrouvés en prison, pour un séjour durant lequel ils ont pu se réformer ou se convertir

Voilà en quoi le vol est certainement un bienfait parce qu'il est lié à des qualités parfaites et louables. Un bienfait qui est soit général soit spécifique à une situation précise de vol. Par exemple, un mécréant qui volerait un musulman et qui, parce que ce dernier lui pardonne, se convertit.


Voilà un peu de ce qu'on peut percevoir du bienfait d'Allâh à travers le vol. Mais il existe quantité de choses qu'on ne lie pas directement au bienfait : le vol d'un mécréant qui reste mécréant, le voleur qui meurt mécréant, le vol des biens de celui qui ne patiente pas, et qui pour représailles va voler son voleur... Il est possible, voire probable, qu'un individu lambda, comme moi, ne perçoive pas la perfection d'Allâh à travers ces situations de vol. Mais même pour moi, il est aisé de croire que ce sont des bienfaits malgré tout, à condition de comprendre que rien n'échappe à la création d'Allâh et que ce qui existe est comme, quand, et où Il l'a décidé. Car Allâh est Celui qui possède toutes les qualités parfaites, et rien que des qualités parfaites. Des qualités parfaites avec lesquelles Il crée ce que nous sommes et ce qui nous arrive.

Wallâhu a'lam

wassalamu 'alaykum wa rahmatullâh
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3 octobre 2009 6 03 /10 /octobre /2009 03:19


بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـنِ الرَّحِيمِ


الْحَمْدُ للَّهِ فَاطِرِ السَّمَـاوَاتِ وَ الارْضِ
Al-hamdu lillâhi Fâtir-is-samâwâti wal ardhi

جَاعِلِ الْمَلَائِكَةِ رُسُلاً أُوْلِى أَجْنِحَةٍ مَّثْنَى وَثُلَاثَ وَرُبَـاعَ
Jâ'il-il-malâ-ikati rusulan ulî ajnihatin mathnâ wa thulâtha wa rubâ'

يَزِيدُ فِى الخَلْقِ مَا يَشَآءُ
Yazîdu fi-l-khalqi mâ yachâ-u

إِنَّ اللَّهَ عَلَى كُلِّ شَىْءٍ قَدِيرٌ
Innallâha 'alâ kulli chay-in qadîr


- Sens et importance de la parole al-hamdu lillâh




— Allâh commence donc cette sourate en disant Al-hamdu lillâh ce qui signifie Al-hamdu à Allâh. Comme je vous l'ai déjà dit, Il nous demande par-là aussi de proclamer Al-hamdu à Allâh. Et le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, nous a effectivement appris à le dire, à le proclamer dans toutes les situations, de façon générale dans les moments du dhikr, comme avant de se coucher et après la prière, ou parfois par des formules bien précises, comme c'est le cas de l'invocation au réveil. Que vous connaissez, je suppose ?

— Tu supposes bien, Jaddi. On dit : al-hamdu lillâh-il-ladhî ahyânâ ba'da mâ amâtanâ wa ilayh-in-nuchûr. Et je remercie Allâh en disant al-hamdu lillâh qui m'a permis d'apprendre cette invocation et d'en faire les premiers mots de ma journée chaque jour !


— Parfait, Zeynab ! Mâ châ Allâh ! Au fait, elle veut dire quoi ?


— Je ne sais pas exactement.


— Hasan ?


— Heu… moi je ne la connaissais même pas. Je vais la noter tout de suite !


— Safia ?


— Ça veut dire : al-hamdu à Allâh qui nous a fait revivre après nous avoir fait mourir et c'est Lui qui nous fera revivre le jour de la Résurrection et nous fera revenir à Lui.


— Très bien. Cette invocation est authentique et on la trouve mentionnée au moins chez Al-Bukhâriyy et Muslim. Et les savants qui l'ont expliquée ont dit qu'une des sagesses d'Allâh dans le fait de nous ordonner de dire ces paroles quand on se réveille, c'est de commencer la journée en utilisant sa langue dans le bien par le rappel de l'unicité d'Allâh.


Mâ châ Allâh, Jaddi, c'est bien de comprendre ce qu'on fait.


— Si je comprend bien alors, dire al-hamdu lillah c'est proclamer l'unicité d'Allâh, hein ? Mais je ne vois pas bien le rapport avec ce que tu nous disais sur le sens du mot hamd.


— Tu vas comprendre in châ Allâh. En effet, dire al-hamdu lillâh c'est proclamer l'unicité d'Allâh. Mais que veut dire Al-hamdu lillâh ? Savez-vous ce que vous dites quand vous proclamez al-hamdu lillâh ? Vous dites que tout ce qui est du hamd revient en définitive à Allâh Seul et que c'est un devoir pour vous de Lui attribuer. Que tout ce pour quoi on est amené à remercier et à louer doit être attribué à Allâh Seul. Et ce qui mérite qu'on remercie et qu'on loue, c'est ce qu'on appelle en arabe les mahâmid. Alors, dites-moi, selon vous, qu'est-ce qui fait partie des mahâmid ?


— Les bienfaits ?


— Les bienfaits, c'est exact. Plus précisément, ce sont les choses qui nous plaisent, les choses qu'on aime. Quand il vous arrive quelque chose de bien, vous dites al-hamdu lillâh. Les bonnes choses qui vous arrivent exigent un hamd et ce hamd vous le donnez à Allâh. Ca ne signifie pas qu'il ne faut pas remercier les créatures, évidemment. Bien au contraire. Donc cette partie du hamd adressé à Allâh est très simple à comprendre. La suite est plus difficile. Sauf si Allâh facilite les choses.


— Ah ! Tu veux sans doute parler du hamd qui est exigé pour autre chose que des bienfaits, c'est ça ?


— Oui, pour des choses qu'on n’aime pas, qui nous font souffrir et qu'on fait tout pour éviter. Ce qu'on appelle les épreuves. Les épreuves sont aussi des mahâmid. Ce sont aussi des choses qui nécessitent le hamd, la reconnaissance, la louange, la gratitude et le remerciement.


— Tu peux expliquer lentement, Jaddi ?


— Oui, tout doucement pour toi, Zeynab. Je vous ai dit que le hamd a à voir avec le remerciement et la louange. Vous vous souvenez ?


— Oui, tu as dit que le hamd était une sorte de louange et qu'une partie seulement du hamd est du remerciement.


— C'est bien ça. Tout hamd est une louange. Maintenant rappelez-moi ce qu'est une louange.


— Tu nous as dit que c'était l'éloge de quelqu'un. C'est quand on vante ses mérites et ses qualités. On parle de lui en bien en mentionnant ces qualités-là.


— Exact. Dans le cas des bienfaits et des choses qu'on aime, c'est facile à comprendre. Mais dans le cas des épreuves et des choses qu'on n'aime pas, il n'y a rien qui vous surprend ?


— Si, mais je vais avoir du mal à le formuler. Si on vante une personne pour ses qualités, c'est que ces qualités-là, on les aime, non ? Si je vante une personne parce qu'il est généreux, c'est parce que j'aime la générosité.


— Exact, Hasan, et donc ?


— Donc je ne vais vanter que des qualités et des mérites, mais jamais des défauts. Je ne vais jamais louer par exemple quelqu'un qui me frappe ou qui me vole.


— Très bien. Tu vois, ce n'étais pas si difficile à formuler, mâ châ Allâh. Il faut que vous compreniez bien quand on dit que le hamd est en même temps un remerciement et une louange. Remerciement et louange sont deux notions différentes, qui s'appliquent à des choses différentes. Le remerciement concerne le bien que nous font les autres, alors que la louange concerne les qualités des autres. Ce n'est pas la même chose. Pour comprendre al-hamdu lillâh, vous devez saisir que quand ils sont appliqués à l'homme, le remerciement et la louange sont indépendant. Ils ne sont liés que pour Allâh.


— Pardon ? Tu veux dire qu'on pourrait remercier quelqu'un qu'on ne loue pas ?


— Oui, bien sûr, tout comme on pourrait louer quelqu'un qu'on ne remercie pas, ma fille.


— Je ne vois aucun cas, Jaddi. Pour moi, quand quelqu'un est bon avec nous on le remercie pour ce qu'il nous a fait et on le loue pour cette qualité. Et quand quelqu'un nous fait du mal, on ne le remercie surtout pas et on ne le loue pas, évidemment. On dirait que le remerciement et la louange sont bel et bien liés.


— Tu as raison dans ce que tu dis et pourtant ils ne sont pas liés dans le cas de l'homme. Je vous donne des exemples. Prenez Robin des bois. Il s'empare de l'argent des riches par des procédés indignes pour le donner aux pauvres. On pourrait le remercier pour le bonheur qu'il apporte aux nécessiteux mais on ne peut pas louer le fait qu'il vole parce que c'est un défaut. Vous comprenez ? On retrouve la même chose avec ceux qui financent la construction des mosquées en faisant des prêts à intérêts. Ou ceux qui parlent de religion juste pour gagner de l'argent.  


— D'accord, la gratitude est en rapport avec le bien qu'on reçoit, même si c'est un défaut qui en est à l'origine.


— Voilà. Pour le remerciement, c'est le résultat qui compte, ce qu'on reçoit. Mais pour la louange ce sont les qualités, peu importe le résultat. On peut louer par exemple la franchise d'une personne mais ne pas la remercier quand elle nous dit en face tout le mal qu'elle pense de nous. On peut également louer la générosité d'une personne même si elle ne nous a jamais rien donné.


— J'ai compris, bârakallâhu fîk. Le remerciement et la louange ne sont pas liés. C'est d'accord. Il sont indépendant. Mais pourquoi tu dis qu'ils sont liés pour Allâh ?

— Patience !

— Jaddi, j'ai une question. Tu as dit que les épreuves et les mauvaises choses étaient aussi des mahâmid. Et pourtant dans tous les exemples que tu nous as donnés, on ne ne remercie et on ne loue que pour des bienfaits et des qualités, et pas pour des épreuves et des défauts.

— Très bonne remarque. C'est justement la question. Revenons à la notion de hamd. C'est une louange spéciale. Pourquoi ? Vous vous souvenez ?


— Oui, c'est parce qu'il est réservé aux qualités non naturelles, non héritées.


— Exactement. C'est-à-dire aux qualités qu'on n'est pas obligé d'avoir, celles qu'on choisit d'avoir. Ce sont des qualités supérieures, qui forcent le respect. Être beau est louable, c'est vrai, mais être généreux l'est beaucoup plus parce qu'on a le choix de ne pas l'être. Maintenant, dites-moi une chose : comment sont les qualités d'Allâh ?


— Parfaites ? Ses attributs sont parfaits.


— Oui, c'est vrai, elles sont les plus parfaites. Et même plus, Allâh possède toutes les qualités, tous les attributs parfaits. Il les a tous. Que pouvez-vous me dire, par rapport à ce qu'on vient de dire sur le hamd ?


— Il n'a pas hérité ses qualités ?


— Bravo ! Allâh a toutes les qualités parfaites, dans tout ce qu'Il est et dans tout ce qu'Il fait. Quand on dit « parfaites », ça signifie entre autres qu'Allâh possède ces qualités sans qu'Il soit obligé de les avoir. Allâh est Bon sans que rien ne L'y oblige. Il est généreux sans que rien ne L'y oblige. Il est juste sans que rien ne L'y oblige. C'est comme cela qu'Allâh est unique ! Et l'un des attributs les plus important pour ce qui nous occupe ici, c'est qu'Allâh a tout créé sans que rien ne L'y oblige. Il a créé l'homme sans que rien ne L'y oblige et a crée tout ce qui arrive à l'homme, le bien et le mal, sans que rien ne L'y oblige. C'est ce que disait Safia tout à l'heure : toutes les qualités et tous les mérites de l'homme lui viennent d'Allâh. Quand on remercie quelqu'un pour ce qu'il nous apporte, c'est Allâh qu'on loue, car c'est Allâh qui est responsable de tout. Quand on est éprouvé, et qu'on fait des reproches plus ou moins graves à celui qui est responsable de ce mal, on loue en fait Allâh car Il est responsable de cette épreuve qu'Il a créée entièrement par Ses qualités et Ses actes parfaits. Comme elles sont le résultats des actes d'Allâh, Parfait en tout point, les épreuves se transforment dans le cœur et la tête du croyant en bienfaits. Et le croyant remercie et loue Allâh pour cela. Tout ce qui vient d'Allâh est un bienfait car tout ce qu'est Allâh est un bien et tout ce qu'Il fait est un bien. Tous Ses attributs sont un bien et Il a toutes les qualités louables. Quand on vous vole un bien précieux, le voleur est critiqué et puni parce que le vol est une mauvaise chose, mais le fait d'être volé est une chose pour laquelle Allâh doit être loué car ce ne sont que Ses qualités parfaites qui en sont à l'origine. C'est pour cela qu'Allâh dit plusieurs fois dans le Coran, en parlant des gens les plus malheureux du monde, ceux qui meurent mécréants, qu'Il a été juste et bon avec eux mais que ce sont eux qui ont été injustes et mauvais envers eux-mêmes. Leur égarement est une chose pour laquelle eux doivent être puni mais Allâh doit être loué, car c'est une chose juste et parfaite. Et c'est la même réalité pour les maladies, les guerres, les famines, les épidémies, la pauvreté… Ça vaut aussi pour tous les ordres d'Allâh et pour toutes Ses interdictions. Pour tout cela, Allâh doit être loué. Et c'est ce que vous dites quand vous proclamez al-hamdu à Allâh et c'est ce qu'Allâh nous ordonne de croire et de dire. Tous les mahâmid sont attribués à Allâh, c'est-à-dire tout ce qui a pour origine Ses qualités et Ses mérites car Ses qualités et Ses mérites exigent une louange et un remerciement. En bref, c'est-à-dire tout, absolument tout. Pourquoi ?


— Parce qu'Allâh a tout créé ?


— Bien entendu. Allâh a tout crée, Il est responsable de tout, et il a tout créé avec Ses qualités parfaites. Quand Il crée, Il crée en tant que Juste, Sage, Bon, Savant… Il n'abandonne ni Sa sagesse, ni Sa bonté, ni Sa justice, ni aucune de Ses qualités quand Il crée, même quand Il crée et nous envoie nos épreuves. Donc tout a pour origine Ses qualités parfaites, Ses actes parfaits. Qu'on aime ou qu'on n’aime pas, qu'on le comprenne ou qu'on ne le comprenne pas, ce qui vient d'Allâh est un bien et le bien ne vient que d'Allâh. C'est cela al-hamdu lillâh : reconnaître et vanter les attributs et les qualités d'Allâh pour leur perfection visible dans tout ce qui nous arrive et dans tout ce qui existe. Et attention, c'est une perfection choisie, non héritée, non forcée, sans cause. C'est pour cela que le hamd n'est attribuable qu'à Allâh, à personne d'autre. Et c'est pour cela que, uniquement chez Allâh, le remerciement et la louange sont intimement liés : tout est un bienfait de Sa part et tout provient de Ses qualités parfaites. Reconnaître la perfection de son Seigneur et le vanter, faire Son éloge pour cela est un acte d'adoration qui touche tous les aspect de la vie. Nous devons vivre avec al-hamdu lillâh.


Mâ châ Allâh, bârakallâhu fîk, c'est magnifique ! Quelle parole !


— Une parole ? J'ai dit plutôt que c'est une proclamation. Et effectivement elle touche obligatoirement la langue et la parole. Mais il y a deux types de paroles. Il y a les formules et le discours et al-hamdu lillâh touche les deux. Les formules c'est quoi ?


— C'est le dhikr ?


— Oui, c'est bien ça. C'est de dire al-hamdu lillâh dans toutes les occasions où le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, l'a dit. Et elles sont extrêmement nombreuses. Sans compter qu'on peut le dire à chaque fois qu'on ressent les qualités parfaites d'Allâh dans ce qui nous arrive et dans ce qu'on voit. Ça c'est facile a comprendre.


— Et le discours, c'est quoi ?


— Le discours c'est tout ce que vous allez dire pour parler d'Allâh aux autres. N'oubliez pas que le hamd c'est de vanter les mérites d'Allâh. De parler des mérites d'Allâh. Des qualités et des attributs d'Allâh. Proclamer à qui veut l'entendre que leur perfection est claire à travers tout, n'importe quel événement. Souvent, les gens posent des questions sur ces sujets-là. sans le savoir Pourquoi les guerres existent, pourquoi la pauvreté, pourquoi la misère, pourquoi les catastrophes naturelles, pourquoi, pourquoi, pourquoi ? C'est en réalité sur la perfection d'Allâh, sur la perfection de Ses attributs et de Ses actes qu'ils s'interrogent. Pour répondre, vous devez vous préparer. Vous devez regarder plus loin que le bout de votre nez et chercher au-delà de l'apparence des événements, pour trouver les signes et les effets de la perfection des attributs d'Allâh, Sa sagesse, Sa justice, Sa bonté, Sa générosité, Sa puissance… qui se trouvent derrière. Vous devez être persuadés pour être persuasifs. Ibn-ul-Qayyim…


— … le fameux savant syrien…


— Fameux, oui. Tu as une bonne mémoire, mâ châ Allâh lâ quwwata illâ billâh. Eh bien, ce grand homme a fait exactement cela quand il a analysé cet épisode tragique durant lequel notre père Âdam a été chassé du Paradis après y avoir passé ses premiers temps. C'est un événement qui cause des doutes à de nombreux musulmans, sans parler des non-musulmans. Le grand savant est allé au-delà de cet événement authentique pour y rechercher des signes de la perfection d'Allâh. Et il nous convainc au fur et à mesure qu'il montre, à travers cet épisode, les preuves de la sagesse et de la bonté parfaites d'Allâh, que cet événement est loin d'être tragique pour l'homme, et que c'est en fait un bienfait et un cadeau énormes de la part d'Allâh. Un exemple édifiant de sagesse et de bonté divines !


— On comprend bien Jaddi, subhânallâh ! Al-hamdu lillâh n'est pas qu'une parole, c'est clair !


— En réalité, c'est vrai, al-hamdu lillâh est une parole, et sans la parole il n'y a pas de hamd. Mais pour le croyant c'est une conception de vie. C'est le degré le plus élevé de sa gratitude et de sa reconnaissance envers Allâh, la cause de son amour pour Lui, ainsi que pour Son prophète, et le moteur de sa pratique religieuse. En bref, al-hamdu lillâh, c'est le but ultime de notre vie sur Terre. Rien de moins !

à suivre

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 23:37


بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَـنِ الرَّحِيمِ


الْحَمْدُ للَّهِ فَاطِرِ السَّمَـاوَاتِ وَ الارْضِ
Al-hamdu lillâhi Fâtir-is-samâwâti wal ardhi

جَاعِلِ الْمَلَائِكَةِ رُسُلاً أُوْلِى أَجْنِحَةٍ مَّثْنَى وَثُلَاثَ وَرُبَـاعَ
Jâ'il-il-malâ-ikati rusulan ulî ajnihatin mathnâ wa thulâtha wa rubâ'

يَزِيدُ فِى الخَلْقِ مَا يَشَآءُ
Yazîdu fi-l-khalqi mâ yachâ-u

إِنَّ اللَّهَ عَلَى كُلِّ شَىْءٍ قَدِيرٌ
Innallâha 'alâ kulli chay-in qadîr

- Comment utiliser l'interprétation du Coran
- Le sens du mot hamd




— Commençons donc par le premier verset.

— C'est original ça, Jaddi.

— Oui, j'aime bien vous surprendre. Bon. Plus sérieusement. Ce premier verset ou plus exactement le début de ce premier verset est très important. Si vous le comprenez, vous aurez saisi non seulement l'esprit de la sourate entière, mais aussi l'esprit qui doit animer le croyant durant toute sa vie, quoi qu'il lui arrive.

— Le début du verset dit « al-hamdu lillâh ».

— Oui, et ce qui nous intéresse ici, c'est d'abord le mot hamd. Qu'est-ce qu'il signifie ?

— La louange.

— Sans doute, Zeynab, mais ça veut dire quoi « louange » ? Qui comprend le mot « louange » de nos jours ? Qui l'utilise dans la conversation ?

— Je ne sais pas exactement ce qu'il veut dire, Jaddi, j'avoue. Je ne l'utilise jamais, sauf pour la traduction de al-hamd. C'est comme cela que c'est traduit dans mon Coran. Je n'ai jamais vu une autre traduction.

— Quelqu'un sait ce que veut dire « louange » ? Safia ?

— Oh, non ! Mon niveau en français n'est pas suffisant. J'ai déjà entendu ce mot, mais je ne sais pas vraiment ce qu'il veut dire.

— Hasan, alors ?

— Je crois que le terme « louange » correspond au fait de louer quelqu'un. C'est-à-dire de parler en bien de quelqu'un, de parler de ses qualités et de ce qu'il fait de bien. C'est pour ça qu'on dit « chanter les louanges » de quelqu’un quand on parle de ce qu'il y a de bien chez lui. On dit aussi « Dieu soit loué », tu vois.

— Je vois bien. Nous avançons, al-hamdu lillâh. Vous avez déjà entendu l'expression « Dieu merci » ? Elle a aussi ce même sens. Le mot « merci » ici, c'est le mot féminin : LA merci. Ça ne signifie pas « je remercie Dieu » mais plutôt « grâce à Dieu », « par la grâce de Dieu ». Dans le sens où l'on reconnaît les mérites de Dieu derrière une bonne chose qu'on a obtenue ou une mauvaise chose à laquelle on a échappé. C'est le même sens que
« louange à Dieu » ou que « Dieu soit loué ».

— Tu dis que ce n'est pas « merci » dans le sens de remercier. Mais quand je dis « al-hamdu lillâh », mon intention c'est bien de remercier Allâh !

— Oui, et tu fais bien, ma fille. C'est effectivement comme cela qu'il faut comprendre le hamd, c'est juste.

— Alors hamd a ce sens-là finalement ? Remercier ?

— Pas exactement. On va dire que le mot hamd comporte plusieurs sens. Écoutez-moi bien. Vous devez comprendre pourquoi j'insiste sur ce mot-là. C'est en fait pour deux raisons essentielles. La première raison, mes enfants, c'est que vous le trouvez partout. Il est partout dans le Coran et il y a même une sourate qui s'appelle Al-Hamd.

— Ben, non ! Il n'y en a pas !

— Si, si, il y en a une. Regardez l'explication de la sourate Al-Fâtihah et vous saurez laquelle ! Allez, on continue. Je disais donc que ce mot est partout dans le Coran. Il y a d'ailleurs 5 sourates qui commencent par ce mot-là. Et puis c'est un des deux ou trois mots que vous prononcez le plus souvent dans la journée, pas vrai ?

— Oui, on le prononce dans la prière à chaque fois qu'on lit la Fâtihah. La sourate Al-Hamd, si tu préfères, Jaddi…

— Et quand on revient de la position inclinée, on dit Rabbanâ wa lak-al-hamd.

— On le dit aussi après la prière, quand on mentionne Allâh et qu'on fait le dhikr.

— Très bien, les enfants. Et aussi quand on a fini de manger, quand on a fini de boire, quand on éternue, quand on se réveille, quand on se couche… En bref, votre journée entière est rythmée par le hamd. Enfin, normalement. Si vous n'êtes pas négligents, bien entendu. Voilà la première raison qui nous pousse à passer du temps sur la définition de ce mot. La seconde raison, c'est que les savants spécialistes dans les sciences du Coran ont expliqué ce mot en long, en large et en travers. C'est un des mots qu'ils ont passé le plus de temps à définir. Vous saisissez ? Quand vous voyez que les savants ont tous sans exception fait tout leur possible pour expliquer un mot, votre GPS mental doit vous indiquer d’y faire très attention et de vous y arrêter. Et nos savants n'ont rien négligé pour nous expliquer ce mot et nous convaincre qu'il est important. Très important même. Au point que Ach-Chawkâniyy, ce grand spécialiste yéménite du 18e siècle a consacré, dans son explication de la première sourate, une longue partie au sens du mot hamd et une autre à la valeur de la parole al-hamdu lillâh. Au point également que Al-Qurtubiyy, le célèbre savant andalou du 13e siècle, dans son explication de la même sourate, s’est penché sur une divergence étonnante qui existe chez les savants concernant l'importance de dire al-hamdu lillâhi Rabb-il-'âlamîn par rapport à la parole d'unicité lâ ilâha illallâh !

— Que disent les savants à ce sujet, Jaddi ? Je n'avais jamais entendu parler de cette divergence.

— Ce n'est pas ce qui nous intéresse aujourd’hui, Safia. Et ce n'est pas primordial pour notre éducation. On en reparlera un jour peut-être, si Allâh le souhaite, mais en attendant tu peux toujours aller lire ce que dit Al-Qurtubiyy. Ce qui nous intéresse c'est le sens du mot hamd. Mais je suis assez étonné, les enfants. Normalement, vu ce que je viens de vous dire, vous devriez être fous d'impatience de savoir ce que ce mot veut dire !

— Oui, Jaddi ! Nous le sommes ! Mais je réfléchissais. Je me disais que puisque les savants ont pris le temps d'expliquer ce mot c'est que ce qu'il y a à comprendre n'est pas si simple.

— En réalité, ce n'est pas compliqué, non. Mais c'est devenu compliqué.

— Comment ça, Jaddi ?

— Le Coran a été transmis par le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, aux compagnons. Eux ne l'ont pas simplement appris ou lu, non. Ils l'ont mis en pratique sous la conduite et sous le regard vigilant du messager d'Allâh. Grâce à leur intelligence, ils ont vu comment la Révélation – c'est à dire le Coran et la Sunnah authentique – devait modifier radicalement leur comportement et leur façon de voir les choses. Et cela, parce qu'ils comprenaient en profondeur la parole d'Allâh et celle de Son prophète.

— Je crois comprendre ce que tu veux nous dire. Eux ne se sont pas contentés d'une traduction rapide du mot hamd mais ils ont cherché à connaître le sens profond de ce mot.

— Ils n'ont pas réellement cherché. Ils comprenaient l'arabe et le sens des mots. Ils ont compris ce qu'il y avait à comprendre de ce mot et ont saisi toutes ses implications et les raisons pour lesquelles Allâh l'a choisi plutôt qu'un  autre. Pour eux c'était simple, mais au fil du temps c'est devenu complexe pour ceux vivent à une époque éloignée de celle de la Révélation, surtout quand ils ne comprennent pas l'arabe en profondeur. Et nous devons remercier Allâh jour et nuit pour avoir fait descendre le Coran sur des hommes et des femmes qui l'ont compris.

— Donc il faut étudier ce mot de façon à avoir la même compréhension qu'eux, hein ?

— Exactement. C'est ce que je veux que vous compreniez bien sur la manière d'aborder le Coran et son explication. Vous devez essayer de comprendre ce que les compagnons, nos modèles, ont compris. C'est sur eux et pour eux et en fonction des épisodes de leur vie que le Coran est descendu. Pour le mot hamd, il faut donc regarder ce que les Arabes de l'époque en général et les compagnons en particulier ont compris et ce que ça a pu changer en eux, dans leur croyance et dans leur comportement. C'est très important.

— Alors c'est quoi le sens de hamd ?

— Eh bien, la définition du mot hamd comportent trois points essentiels. Pour comprendre le premier point, nous allons commencer par ce que vous-mêmes vous comprenez, les enfants. Qu'est ce que vous faites quand vous dites al-hamdu lillâh ?

— Moi je le dis pour remercier Allâh.

— Et c'est une bonne chose !

Al-hamd, c'est donc bien le remerciement ?

— Oui et non… en fait, c'est plus général que le remerciement et la gratitude. Quand je dis que c'est plus général, je veux dire qu'une partie seulement de ce qu'on appelle hamd est du remerciement. Mais le hamd signifie autre chose aussi.

— Ah ! Oui ! La louange ?

— C'est le deuxième point essentiel. Et je dirais oui et non, encore une fois. La louange est plus générale que le hamd. Quand je dis plus générale, ça signifie que certaines louanges seulement sont du hamd, mais pas toutes.

— Eh ben, Jaddi ! Pour moi, ce n’est pas clair du tout !

— Ça ne m'étonne pas, ma fille. Pour le moment, on n'a rien expliqué.

— Donc le hamd c'est du remerciement et de la louange en même temps, c'est ça ?

— Oui, c'est ça. Mais à condition de bien définir les mots que tu utilises, Safia. Les spécialistes de la langue arabe disent que le hamd est du remerciement et de la reconnaissance dans le sens où on l'utilise quand on reçoit un bienfait. Quand Allâh vous donne une chose que vous aimez, vous dites al-hamdu lillâh pour le remercier. D'ailleurs, il existe un hadith, que vous pouvez trouver dans la compilation de Ibnu Hibbân, dans lequel le Prophète dit entre autres choses que le hamd est le meilleur des remerciements, la plus grande des gratitudes. Ce hadith a été jugé « bon » par les spécialistes d'hier et d'aujourd'hui.

— Mais tu as dit que le hamd est plus général que le remerciement.  

— C'est exact, je vois que vous suivez. J'y viens justement. Est-ce que vous ne dites al-hamdu lillâh que lorsque vous êtes heureux de recevoir un bienfait ?

— Non, on le dit tout le temps, même pour les malheurs et les choses qu'on n'aime pas.

— C'est vrai ça, Zeynab. D'ailleurs Jaddi, je pense qu'il existe un hadith qui dit que quand il nous arrive quelque chose de mal, il faut dire al-hamdu lillâhi 'alâ kulli hâl.

— Très juste Hasan, bârakallâhu fîk. Le hadith dit plus précisément que lorsque le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, voyait quelque chose qui lui déplaisait, il disait cela. C'est un hadith authentique que vous trouvez chez Ibnu Mâjah. Et ça signifie : le hamd est pour Allâh en toutes circonstances, malgré tout, quoi qu'il puisse nous arriver. Vous voyez là que le hamd est plus général que le remerciement dans le sens où on le dit également quand il nous arrive des choses mauvaises, c'est-à-dire des choses pour lesquelles normalement on ne remercie pas. Même pour la pire des choses, on utilise al-hamdu lillâh. On utilise le hamd pour remercier Allâh pour les bonnes et pour les mauvaises. C'est dans ce sens que le hamd est bien plus large que la notion de remerciement. C'est une gratitude générale qui porte sur absolument tout ce qui nous arrive. Alors pourquoi devons-nous utiliser une formule de gratitude même pour des choses qu'on ne désire pas et qui nous ennuient, qui sont douloureuses ? Eh bien, pour le comprendre, il faut revenir au 2e sens de hamd.

— La louange !

— Oui, la louange. Encore une fois, il faut bien définir les choses pour comprendre. La louange c'est quoi ? C'est reconnaître les qualités de l'autre et le vanter pour ses mérites. Vanter ses mérites et ses qualités, quoi. Et le hamd c'est exactement ça. Vanter les mérites de quelqu'un.

— Tu nous a dit que la louange était plus générale que le hamd. Tu voulais dire quoi ?

— La louange est plus générale parce qu'elle concerne tous les types de mérites et de qualités.

— Tu peux préciser, Jaddi ? Bârakallâhu fîk.

— Quand on loue une personne, on peut le faire pour plusieurs types de mérites et de qualités. On peut vanter ses qualités naturelles, celles avec lesquelles elle est née, celles qu'elle n'a rien fait pour les posséder, comme sa beauté, son intelligence ou sa force. Mais on peut la louer pour des mérites qu’elle a acquis et qui ont nécessité des efforts de sa part, comme le fait de réussir ses études ou d'utiliser son argent et ses connaissances dans la bonne voie. Mais le hamd ne concerne que les louanges pour les mérites et les qualités acquises. Les qualités et les mérites qui dépendent de la volonté de l'individu, non pas celles sur lesquelles il n'a aucune influence. C'est clair ?

— Oui, c'est très clair. Mais ce que je ne comprends pas, c'est que dans le cas de l'homme, par exemple, toutes les qualités sont héritées, non ?

— C'est-à-dire ?

— C'est-à-dire que c'est Allâh qui lui donne sa beauté et sa force, comme c'est Allâh qui lui a donné son argent et sa science et qui lui permet de les utiliser dans le bien.

— Excellente remarque, Safia et on en reparlera, in châ Allâh. Retiens juste que les spécialistes de la langue arabe ont divisé les mérites et les qualités en 2 catégories et ont dit que le hamd n'en concerne qu'une, alors que la louange les concerne toutes les deux. Et ils ont dit que ces deux catégories se trouvent chez l'homme, même alors que tout lui vient effectivement d'Allâh. On y reviendra. Passons maintenant au 3e élément essentiel de la définition de hamd : le hamd est une proclamation.

— Tu veux dire que le hamd est une parole, c'est ça ?

— Oui. Enfin c'est plus complexe que ça. Ach-Chawkâniyy dit par exemple que c'est vanter les mérites avec sa langue. Ce n'est pas comme la reconnaissance et la gratitude, qui peuvent rester secrètement dans le cœur et qu'on peut aussi dévoiler uniquement par les actes. On peut remercier un ami en lui offrant un cadeau sans jamais lui dire merci. On peut lui offrir un cadeau pour le remercier et s'arranger pour qu'il ne sache pas d'où il vient. Le hamd par contre c'est obligatoirement par la langue et la parole. Bien entendu, il faut être sincère dans son cœur et le confirmer par ses actes. Sinon, c'est comme si on n'avait rien dit. On ne peut pas louer l'honnêteté des gens tout en appréciant la compagnie des menteurs qui ne respectent pas leur parole. C'est logique. Mais sans la prononciation de la parole, il n'y a pas de hamd. Ibn Kathîr également, le célèbre commentateur du Coran, que je n'ai pas besoin de vous présenter, a dit que l'avis le plus répandu chez les savants est que le hamd est le fait de vanter les mérites et les qualités par la parole. D'ailleurs, Allâh Lui-même proclame le hamd pour Lui-même, notamment dans la sourate Al-Fâtihah. Et certains savants, comme Ibn Jarîr At-Tabariyy, né au 8e siècle, environ 200 ans après l'Hégire, connu et reconnu par tous les musulmans, a dit que quand Allâh nous dit al-hamdu lillâhi comme dans la sourate Al-Fâtihah, cela signifie non seulement qu'Allâh proclame le hamd pour Lui-Même, mais aussi qu'Il nous ordonne de proclamer le hamd pour Lui. Comme s'Il nous disait : Dites al-hamdu lillâh ! Proclamez Al-hamdu lillâh ! Vanter Mes mérites et Mes qualités ! Vous comprenez pourquoi je vous dis que le hamd est une proclamation. Le hamd est lié à la parole avant tout.

— Oui, c'est bien clair, mâ châ Allâh, Jaddi. Donc les 3 élements essentiels du sens de hamd, c'est que le hamd est une proclamation qui est faite pour vanter certains types de qualités et de mérites, et qui sert dans certains cas à montrer sa gratitude et sa reconnaissance envers quelqu'un pour ce qu'il nous a apporté.

— C'est pas mal résumé, Hasan. Venons-en maintenant au point principal : que signifie l'expression coranique al-hamdu lillâh ?

à suivre...
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 10:00


— Oui. Ça nous force à porter dans notre cœur ce mois et le jeûne. À l'aimer profondément.

— Oui, ainsi que tout ce qu'Allâh nous a ordonné de faire durant ce mois. Mais vous voyez bien que ce verset ne dit rien sur la lecture du Coran pendant le Ramadhâne.


— Oui, c'est vrai.
 

— Ce que vous avez oublié, c'est que le Prophète, 'alayh-is-salâtu wassalâm, est venu pour expliquer et mettre en pratique le Coran. Comment savoir ce qui plaira à Allâh spécifiquement pendant le mois du jeûne ? Comment savoir quel comportement il faut avoir par rapport au Coran pour plaire à Allâh ? Pourquoi, pendant le jeûne, vous lisez le Coran au lieu de, par exemple, l'accrocher à votre cou comme une croix, ou de le décorer avec des boules et des guirlandes comme un sapin, ou encore de le pendre à la fenêtre comme un drapeau pendant la Coupe du monde de football ?

— Parce que ce n'est pas comme cela qu'a fait le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, bien sûr !


— Exact, voir ce qu'a fait le Prophète pendant le mois du jeûne est la seule façon de savoir si et comment on doit honorer le Coran durant cette période spéciale. Faire quoi que ce soit sans consulter d'abord ce qu'a fait le Prophète c'est s'engager dans la voie de l'égarement.


— Oui, mais Jaddi, lire le Coran, c'est bon à tout moment, non ?


— Bien sûr, et l'égarement n'est pas dans la lecture du Coran, vous ne m'avez pas compris. C'est affirmer sans preuve qu'il faut beaucoup lire le Coran pendant le Ramadhâne et que c’est la meilleure manière de se rapprocher d'Allâh qui est un égarement. Tout ce que vous savez grâce au verset de la sourate Al-Baqarah que Zeynab a cité tout à l’heure, c'est que le mois de ramadhâne est important et qu'il est lié au Coran. Il y a un lien. Mais pour mettre ce lien en pratique, il faut étudier le comportement du Prophète. Autrement dit, il faut des preuves.


— Et les preuves, c'est les hadiths qui disent que le Prophète lisait beaucoup le Coran durant ce mois, c'est ça ?


— Oh, des preuves, il y en a beaucoup, vous savez ! On sait que, d'une manière générale, pour imiter le Prophète, les compagnons et les savants des premières générations de l'islam lisaient beaucoup plus le Coran pendant le jeûne que durant les autres mois de l'année, à tout moment mais surtout au cours des prières de la nuit, et encore plus pendant les 10 derniers jours. Certains grands savants, par exemple, ne faisaient que lire le Coran pendant les jours et les nuits de Ramadhâne. Au point qu’ils pouvaient le lire en entier tous les 2-3 jours.


— Incroyable !


— Oui, c’est vrai. Mais le plus incroyable c’est ce que rapporte à ce sujet le compagnon Ibn ‘Abbâs, qu’Allâh soit satisfait de lui, et qui est compilé avec les hadiths authentiques de Al-Bukhâriyy et de Muslim. Il dit que le Prophète était le plus généreux des hommes. Et que c’est pendant le mois de ramadhâne qu’il l’était le plus. D’autres compagnons évoquent la générosité légendaire du prophète d’Allâh dans des hadiths authentiques, c’est vrai. Mais Ibn ‘Abbâs, dans ce hadith, relie cette augmentation de générosité à un fait extraordinaire. Il ajoute en effet que cette augmentation coïncide avec la venue de Jibrîl. Il explique ensuite que l’ange Jibrîl rencontrait le Prophète chaque nuit de Ramadhâne pour lui faire lire et apprendre le Coran. Enfin, Ibn 'Abbâs dit qu'à cette occasion le Prophète était vraiment généreux, plus généreux que le vent qu'Allâh envoie aux hommes et qui leur procure ce dont ils ont besoin autant qu'ils en ont besoin. Voilà. Maintenant, nous avons donc la preuve qu’on cherchait !

— Donc nous allons apprendre le Coran ?

— Oui, nous allons apprendre ensemble la sourate 35, Fâtir.


— Ah, ben ça tombe bien, je la connais déjà par cœur, al-hamdu lillâh ! Je l'ai apprise il y a peu de temps.


— Tiens donc ! Tu la connais par
cœur ? Alors dis-moi Zeynab ce que signifie le mot Fâtir ?

— Je ne sais pas exactement, Jaddi ?


— Et tu crois que quand on dit que Jibrîl faisait apprendre le Coran au Prophète, ça signifie qu'Il le lui faisait apprendre par cœur ?


— Heu… non je ne pense pas que ce soit ça.

— Et tu as raison, ma fille. Ça signifie que Jibrîl faisait étudier le Coran au Prophète. Étudier pour comprendre, pour augmenter sa croyance et améliorer sa pratique. Il y a une chose que vous n'avez pas saisie dans le hadith de Ibn ‘Abbâs.

— Moi je n'ai pas compris le lien entre la générosité et l'étude du Coran avec Jibrîl.


— Voilà, exactement, c'est ça. Les savants disent que le Prophète étudiait le Coran avec Jibrîl. Vous imaginez cela ? Jibrîl est l’envoyé d’Allâh auprès des prophètes et Muhammad est l’envoyé d’Allâh auprès des hommes ! Deux envoyés d’Allâh qui étudient la parole divine ! C’est extraordinaire ! Bien. Alors les savants disent ensuite que l’étude intensive du Coran renouvelait et augmentait chez le Prophète la conscience que, grâce à la parole d’Allâh, il était riche spirituellement. C’est ce que les savants ont appelé ghina-n-nafs. La richesse de l’âme. La conscience de n’avoir besoin de rien d'autre qu'Allâh et Sa parole dans la vie. Pas besoin de bien matériel, pas besoin de nourriture, pas besoin de richesse. Et ce sentiment est la base de la générosité, vous comprenez ?


— Oui, subhânallâh !


— Donc vous voyez que quand le Prophète étudiait et apprenait le Coran, cela avait un effet immédiat sur sa foi et son comportement. Et les compagnons ont suivi cet exemple, eux qui n'apprenaient jamais de versets sans en apprendre l'explication et sans les mettre en pratique. Et c'est cela que nous allons faire avec la sourate Fâtir, si Allâh nous le permet. Nous allons apprendre la parole d'Allâh et son explication. Vous êtes prêts ?


— Oui, mais pourquoi la sourate Fâtir ?


— Quelle drôle de question, Safia !


— Je suis curieuse c'est tout.


— Oui, je te connais. Mais chaque sourate, chaque verset est une joie pour le croyant et il sait qu'il ne sera jamais déçu s’il les étudie.


— C'est bien comme ça que je vois les choses Jaddi, mais je me demandais si tu avais une raison particulière.


— Oui, j'en ai même plusieurs. D'un point de vue technique, c'est une sourate qui n’est pas très longue, 45 versets. Ça représente seulement 5 pages et demie. Les versets sont assez courts. Elle n'est pas difficile et on peut l'expliquer et l'apprendre assez rapidement.


— Oui, c'est vrai, elle n'est pas difficile à apprendre par cœur. Les versets en eux-mêmes ne sont pas vraiment complexes. Ce qui est difficile c'est de mémoriser l'enchaînement des versets. Quel verset suit quel verset, tu vois ?

— Oui, c'est vrai. Une autre raison pour avoir choisi cette sourate c'est qu'elle est peu connue et peu mentionnée de manière générale. C'est rare de trouver des gens qui parlent de cette sourate. Beaucoup de gens n'en ont même jamais entendu parler.

— Oui, c'est vrai, c'est pas comme les sourates Al-Baqarah, Al-Kahf, Yûsuf, ou Yâ Sîn.


— En effet. Et une autre raison, c'est que j'aime cette sourate. C'est une sourate mecquoise comme on dit. Elle a été révélée avant la Hijrah du Prophète et des croyants vers la ville de Médine. Comme toutes les sourates mecquoises elle traite de la croyance en Allâh, de l'unicité d'Allâh et des conséquences de cela dans la vie de chacun. Mais malgré tout, elle a un cachet particulier car elle traite le sujet d'une manière propre à elle, qu'on ne retrouve, selon Sayyid Qutb, que dans une seule autre sourate, la sourate 13, Ar-Ra'd, Le Tonnerre. Sayyid Qutb, qu'Allâh soit Bon avec lui, dit que cette sourate n'a qu'un seul sujet qui est déroulé du début à la fin et qui remue le cœur de l'homme et le bouscule au plus profond de lui-même. Cette sourate réveille celui qui est endormi et soutient celui qui est conscient. Elle nous pousse à observer les signes d'Allâh dans tous les domaines de la vie et à être saisi d'admiration, d'amour et d'effroi devant Sa grandeur. Partout où l’on regarde, cette grandeur est visible, éclatante. Elle oriente notre réflexion vers la reconnaissance des bienfaits du Créateur et, par là, Sa grande Bonté envers nous. Elle rend clair pour nous le fait que malgré la diversité de ce qui existe, la main créatrice et organisatrice est unique, visible derrière le moindre mouvement, et pleine de sagesse. Hasan et Zeynab, vous vous souvenez quand vous étiez petits et que je vous désignais la corbeille de fruits pour vous faire comprendre que malgré les formes, les couleurs, les textures, les goûts différents, c'est toujours et seulement Allâh qu'il faut remercier ? Eh bien, cette sourate procure à l'homme quelque chose d’équivalent.

— Ça donne envie, Jaddi !

Al-hamdu lillâh. Alors allons-y. Bismillâh.



à suivre
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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 08:00


— Alors, Jaddi, la vie de quel prophète allons-nous étudier aujourd'hui ?

— Pas de cours sur les prophètes, mes enfants.

— Pas de cours ?

— C'est exact.

— On arrête les Prophètes !? On ne peut pas arrêter ces cours-là ! C'est seulement provisoire, j'espère ? La vie des prophètes est une mine de leçons et de morales pour des jeunes comme nous ici en France. Ce serait dommage d'arrêter.

— Du calme, voyons ! On n'arrête rien du tout. On fait une pause. Juste pendant le mois de ramadhâne.

— Mais, que va-t-on faire à la place ?

— On va faire ce que tout musulman qui connaît sa religion fait durant le mois de ramadhâne.

— Jeûner ?

— Mauvaise réponse ! Une autre proposition ? Je vous donne un indice : nos ancêtres bien-aimés, les musulmans des premières générations, le faisaient tout le temps, surtout pendant Ramadhâne, et encore plus les dix derniers jours.

— Lire le Coran ?

— Oui, c'est ça. Enfin, à peu près. Le mois de ramadhâne est souvent appelé par les savants et les imams dans nos mosquées « le mois du Coran ». Savez-vous pourquoi ?

— Oui, Jaddi, je crois que c'est parce qu'Allâh nous apprend dans la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache, que le mois de ramadhâne est le mois pendant lequel le Coran a été révélé.

— Non, Zeynab, le verset – c'est le verset 185 – ne dit pas « a été révélé », mais il dit « le mois de ramadhâne est celui au cours duquel on a fait descendre le Coran ». Ce n'est pas la même chose. Quoi qu'il en soit, c'est effectivement l’une des principales raisons pour laquelle Ramadhâne est considéré comme le mois du Coran.

— C'est une raison amplement suffisante.

— Oui, mais suffisante pour quoi, exactement ?

— Pour lire le Coran davantage durant ce mois-là.

— Oui et non. Ce verset n'est pas une preuve suffisante pour affirmer cela, Safia.

— Comment ?!

— Plus précisément, elle n'est pas suffisante pour des gens comme toi et moi. Que nous apprend exactement ce verset ?

— Ça dépend de ce que signifie « … on a fait descendre le Coran ». Il faut voir ce qu’ont dit les savants.

— Bon réflexe, Hasan ! Les savants ont donné plusieurs interprétations de cette parole. Certains ont dit qu'il signifie qu'Allâh a fait descendre le Coran en une fois vers le ciel inférieur, près de nous, prêt à être révélé. C'est cette descente qui, selon eux, a eu lieu pendant le mois de ramadhâne. D'autres savants disent que ce verset parle du début de la Révélation. Le prophète Muhammad, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a reçu pour la première fois la Révélation par l'ange Jibrîl, ‘alayh-is-salâm, durant le mois de ramadhâne. Vous voyez, il y a plusieurs explications. Mais elles ne sont pas contradictoires ; elles se complètent, tout simplement. Toutefois, pouvez-vous affirmer que ces explications suffisent pour dire qu'il faut lire le Coran pendant le ramadhâne ? D’ailleurs, dites-moi ? Vous comprenez quoi au juste par ce verset maintenant que vous avez les explications des savants ?

— Je ne comprends pas très bien ce que tu veux nous dire, Jaddi.

— Je veux vous dire ceci : vous et moi ne recherchons qu'une seule chose, c’est pratiquer l'islam et plaire à Allâh. Et nous croyons qu'Allâh ne nous a pas révélé le Coran pour rien et qu'Il ne nous a pas envoyé Son prophète pour rien, mais pour Le connaître, croire en Lui et chercher à Lui plaire. Vous êtes d'accord avec ça ?

— Oui, bien sûr, Jaddi.

— Bien. Alors quand Allâh et Son prophète disent quelque chose à l'homme, le croyant sincère va chercher comment ces paroles doivent influencer sa croyance et son comportement. Il ne va pas juste prendre cette information et la ranger dans un coin de sa mémoire. Il va s'en servir dans sa vie de tous les jours. Ici, Allâh le Très-Haut, nous informe qu'Il a fait descendre le Coran en plein mois de ramadhâne. Qu'est-ce que cela implique pour nous, pour notre croyance et pour notre pratique ?

— Ah ! Maintenant, c'est plus clair. Ça implique que le mois de ramadhâne doit avoir une grande place dans notre cœur ?

— Oui, Safia. C'est exact. Le mois de ramadhâne est le mois qu'Allâh a choisi pour faire descendre et commencer à révéler Sa Parole parfaite. C'est une Parole unique et spéciale pour nous les hommes. Puisqu’il a reçu cette Parole unique, Ramadhâne est donc un mois qui a une valeur et des qualités uniques.

— Oui, c'est clair, mâ châ Allâh ! Et ça explique aussi pourquoi Allâh a ordonné des choses uniques aux croyants pour le mois de ramadhâne.

— Oui, mais pas seulement. Tout ce qui concerne ce mois est unique. Tout ce que le croyant doit y faire pour plaire à Allâh, mais également tout ce qu'Allâh y fait en faveur du croyant. Tout cela est spécial durant ce mois-là. Alors, vous devez porter le mois de ramadhâne très haut dans votre cœur, d'une façon unique et spéciale. Est-ce que ça c'est bien clair ?

— Oui, très clair. De toute façon, rien que le fait de ne pas manger et de ne pas boire rend ce mois particulier, déjà.

— C'est vrai, Hasan, mais ce n'est pas exactement de ce genre de « spécial » que je veux parler. Vous devez bien comprendre l'esprit qui règne durant ce mois. Pour cela, répondez à cette question : Que représente pour nous le Coran ?

— La guidée ?

— Oui, Zeynab, la guidée. C'est bien. Vous vous rendez compte, mes enfants ? Allâh du haut de Sa grandeur et de Son importance a bien voulu parler à l'homme, cette créature insignifiante. Il lui a laissé ce lien sacré qui lui permet de trouver la bonne voie et de rester accroché à son Créateur. C'est un acte de générosité et de bonté extrêmes de la part du Seigneur. Vous rendez-vous compte de cela ? Allâh a choisi le mois de ramadhâne pour nous faire don de Sa bonté la plus importante : Sa Parole de guidée ! C’est la chose dont nous avons le plus besoin au monde. Plus que l'eau ou la nourriture. Plus que la santé même. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

— Que le Ramadhâne est lié à la bonté d'Allâh, au fait qu'Il veut notre bien ?

— C'est exactement cela. Et donc ?

— Donc comme c'est le mois de la bonté, il faut être bon et généreux avec les autres et avec ceux qui en ont besoin. Il faut pardonner à ceux qui nous ont fait du tort, demander pardon à ceux avec qui on a été injustes, et chercher la réconciliation.

— C'est vrai, mais ce n'est pas tout. Vous jeûnez parce que vous adorez Allâh et que vous espérez qu'Il vous pardonne et vous récompense. Vous êtes prêts à vous sacrifier et à souffrir pour cela. D'accord ?

— Tout à fait vrai, Jaddi.

— Quand vous jeûnez, vous avez faim, vous avez soif, vous êtes frustrés, vous souffrez de la chaleur, du froid, de la fatigue, vous tombez malade parfois, vous ressentez des manques. Eh bien, c'est dans ces moments-là que vous devez bien vous souvenir que le mois de ramadhâne est le mois de la bonté d'Allâh. C'est le mois où Sa bonté est plus grande encore que dans les autres mois de l'année. Alors la faim n'est plus la faim, mais une bonté de la part d'Allâh, la soif n'est plus la soif, mais une bonté de la part d'Allâh. Comme lorsque vous faites un vaccin et que le médecin vous prévient que ce vaccin provoque de la fièvre quand il fait effet. Alors la fièvre ne vous inquiétera pas. Vous y verrez plutôt un bon signe, le signe de l’efficacité du produit. De la même façon, les sensations de manque, de fatigue, de froid, ne sont plus que les effets de la bonté d'Allâh. Vous allez trouver dans ces sensations autant de plaisir que lorsque vous rompez le jeûne avec une datte bien sucrée. Si vous ressentez les choses de cette manière, alors vous aimerez non seulement le jeûne, mais également ses effets sur votre corps et votre esprit.

Mâ châ Allâh, Jaddi !

— Oui, vous voyez maintenant ce que nous apporte la parole d'Allâh sur la descente et la révélation du Coran pendant le mois de ramadhâne ?

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