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10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 20:30
- Jaddi, j'ai encore une question ?
- Oui. Laquelle, ma fille ?
- Pourquoi, dans La Voie du musulman, le cheikh Abû Bakr a construit plusieurs catégories d'actes, alors ? Et pourquoi il ne parle de 'ibâdâte que pour certains actes et pas pour les autres ?
- Ok. Ce sont de bonnes questions ! Cheikh Abû Bakr n’a rien construit, il n’a rien inventé. Tout est parti des savants de la loi, les fuqahâ, ceux qui étudient la Charî’ah. Ils ont étudié les actes d’adoration et, pour simplifier les choses, pour expliquer plus clairement la loi islamique, ils ont construit plusieurs catégories d'actes d'adoration. En général, ils ont utilisé deux catégories : les 'ibâdâte et les mu'âmalâte.
- Quelle est la différence alors ?
- Il y a quelques différences, mais elles sont très minces, et pas si importantes que ça pour nous. Retiens juste que les ‘ibâdâtes concernent les relations du serviteur avec Allâh, et les mu'âmalâte, les relations du serviteur avec le monde qui l’entoure. En fait, ce qui nous intéresse bien plus, c’est le point commun entre les deux.
- C'est quoi leur point commun, Jaddi ?
- À ton avis ?
- Ce sont des actes d'adoration.
- C’est-à-dire ?
- Ben, des actes qu'on fait pour se rapprocher d'Allâh.
- Oui. Et encore ?
- Des actes pour lesquels on sera jugés le jour du Jugement ?
- Exact. Ca veut dire donc qu'il y a un risque qu’ils ne soient pas acceptés par Allâh, d’accord ? Sais-tu à quelles conditions ils sont acceptés ?
- Non. Mais je veux bien un indice.
- Bon. Il y a deux conditions…
- C’est pas vraiment un indice, ça, Jaddi !
- D’accord, je t’aide encore. Regarde le verset 112 de la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache.
- « Celui qui va entrer au paradis, c’est celui qui cherche à obtenir la seule satisfaction d’Allâh et qui fait de bonnes actions. C’est celui-là qui recevra sa récompense auprès de son Maître. Tous ceux qui font cela n’auront pas à avoir peur et ils seront traités justement. »
- Alors, ma petite, selon toi, maintenant, quelles sont ces conditions ?
- Ben, je dirais, qu’il faut être sincère et faire de bonnes actions ?
- Mais encore ? C’est quoi être sincère ?
- C’est faire les choses uniquement pour Allâh.
- Très bien ! Et c’est quoi les bonnes actions ?
- C’est pratiquer l’islam ?
- Comment ?
- En faisant ce que le prophète a fait ?
- Voilà. Pour être accepté par Allâh, un acte d’adoration doit être fait avec l’intention d’obéir uniquement à Allâh et de se rapprocher de Lui. Mais l’intention ne suffit pas. On ne peut pas faire n’importe quoi. On ne peut pas décider de nous-mêmes ce qui peut nous rapprocher d’Allâh ou pas. La seule manière de faire, c’est d’imiter le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, ni plus ni moins.
- Donc si on ne fait pas exactement comme le prophète a fait, l'acte est refusé ?
- Complètement refusé et l’on mérite l’enfer pour cela. L'acte est refusé parce que c'est une innovation. Tu connais ça. On dit bid’ah en arabe. Et dans de nombreuses paroles, le Prophète nous a interdit d'adorer Allâh autrement qu’avec ce qu'il a apporté, lui.
- Je comprends. Ce serait comme si on pensait que le prophète n'avait pas adoré correctement Allâh ou que l'islam est incomplet. C'est grave.
- Oui, c'est très grave d’innover dans l’adoration, d'inventer des nouveaux actes d'adoration. Les savants nous ont mis en garde et nous ont appris ce que ce que veut dire exactement " suivre le Prophète à la lettre ". En gros, il faut faire ce qu’il a fait en faisant attention à six choses.
- Six choses ? Lesquelles ?
- Pour chaque acte, si on ne veut pas commettre une innovation, il fait se poser six question qui sont : de quelle manière, combien, à quelle occasion, de quel type, quand et où ?
- Je n'ai rien compris !
- Ça ne m'étonne pas vraiment. Allez, on reprend plus lentement.
Prenons l’exemple de la prière, tu veux ? Bon, et bien, tu dois d’abord voir de quelle manière le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a prié. La position inclinée vient avant la position de prosternation, et pas le contraire.
Tu dois voir ensuite tout ce qui concerne la répétition des actes. C’est-à-dire que tu dois te demander combien de fois le prophète a accompli un acte particulier. Par exemple, la prière du maghrib, au coucher du soleil, contient trois inclinaisons, pas une de plus, pas une de moins.
Ensuite, tu dois te demander à quelle occasion le prophète a fait son acte. Regarde par exemple la prière qu’on appelle tahiyyat-ul-masjid. On la fait avant de s’asseoir quand on entre dans une mosquée. Tu ne peux pas la faire à une autre occasion, comme avant de sortir de la mosquée, ni à côté de ta voiture, dans le parking ! Entre parenthèses, si tu te poses toujours cette question, tu verras que le prophète n’a rien fait de spécial à l’occasion des anniversaires ou pour le premier de l'an.
Puis, tu dois te demander quel type d'acte le prophète a fait dans les diverses occasions. Regarde, tahiyyat-ul-masjid est une prière. Tu ne peux pas la remplacer par une aumône ni autre chose.
Tu dois aussi te demander quand l'acte d’adoration doit avoir lieu. Ça t’évitera de prier la prière du ‘asr après le coucher du soleil, d’autant plus que faire cela annule toutes les actions de ta journée.
Et enfin, tu dois te demander l'action doit avoir lieu. Au pèlerinage, par exemple, tu dois passer le neuvième jour du mois de dhul hijjah sur le territoire qui s'appelle ‘Arafât, mais juste un peu avant le coucher du soleil, tu dois te rendre sur le territoire qui s'appelle Muzdalifah parce que la prière du maghrib n’est valable que là-bas pour le pèlerin.
- Ah ! D'accord, Jaddi ! J’ai bien compris. On doit vraiment bien étudier les actes du Prophète. Ça permet de s’éloigner le plus possible des actes d’innovation. Sans ça, on risque de changer l’adoration de l’Envoyé sans même s’en apercevoir. Bârakallâhu fîk. Et ça, ça vaut pour les ‘ibâdâte et les mu'âmalâte, je suppose ?
- Oui, ça vaut pour tous les actes d’adoration.
- Mais, finalement, c'est pas trompeur d'avoir fait une séparation entre les deux ?
- Oui et non. Il faut savoir que quand les fuqahâ ont fait cette séparation, les musulmans connaissaient bien leur religion. Donc les savants ont décortiqué la ‘ibâdah pour expliquer les choses précisément. Mais avec le temps, les connaissances des gens ont bien diminué et aujourd’hui, malheureusement, la plupart des gens considèrent que l’adoration c’est seulement la prière, le jeûne, la zâkah… Donc ils considèrent que le musulman c’est celui qui pratique uniquement les ‘ibâdâte, même quand ils pratiquent les mu’âmalâte selon autre chose que l‘islam. Tu vois ces gens qui disent par exemple qu’il ne faut jamais mélanger la religion et la politique ?
- Oui, Jaddi, on entend ça tous les jours, même dans les mosquées.
- En réalité, ils disent, sans le savoir, que l’on doit obéir à Allâh pour les 'ibâdâte mais pas pour les mu’âmalâte. Tu te rends compte ! Donc le travail des fuqahâ est extrêmement important. Hélas, comme le disent certains savants, il a eu des conséquences dangereuses pour les gens qui ne comprennent pas l’islam.
- Alors, il faut réapprendre aux gens ce qu’est l’adoration d’Allâh !
- Oui. Il faut passer du temps pour montrer aux gens que l’adoration c’est l’obéissance à Allâh seulement. Et que quand Allah ordonne quelque chose ou quand il interdit quelque chose, nous n’avons aucun autre choix que de Lui obéir du mieux possible, que ce soit dans le domaine des pratiques du culte ou de la vie de tous les jours. C’est clair ?
- Très clair. Mais dis-moi, Jaddi. N'y-a-t-il pas des choses dans la vie sur lesquelles Allâh et Son prophète ne nous ont rien dit ?
- Si, bien sûr, tu t’en doutes. Il y a des actes qui ne sont pas des actes d’adoration. Ça veut qu’ils ne servent pas à se rapprocher d’Allâh en eux-mêmes. Ce sont des actes que tu ne fais pas spécialement pour obéir à Allâh. On les appelle mubâhâte.
- Quoi, par exemple ?
- Par exemple le fait de manger, de marcher, de s’asseoir, de dormir, de s’amuser avec ses enfants, de mettre des vêtements, de construire une maison… Des choses comme ça. C’est tout ce qu’Allâh a permis de faire ou de ne pas faire. C’est ça ce qu’on appelle mubâhâte. Dans la loi islamique, il y a les actes obligatoires qu’Il nous demande de faire et les actes mubâhâte. Et les savants disent que les actes mubâhâte ne servent pas à se rapprocher d’Allâh. On n’est pas récompensé si on les fait et on n’est pas puni si on ne les fait pas.
- Donc ça veut dire qu’on est complètement libre pour les mubâhâte ? On peut les faire comme on veut, c’est ça ?
- Non Zeynab, ce n’est pas ça. Ça veut dire que les mubâhâte ne sont pas des adorations. Ça ne sert à rien d’avoir l’intention de se rapprocher d’Allâh par le fait de prendre un repas à midi ou à quatre heure, de manger des pâtes ou des chips, ni par le fait de porter une chemise bleue ou verte. Donc l’intention ne transforme pas les mubâhâte en actes d’adoration. Par contre, tu ne peux pas faire n’importe quoi. Manger n’est pas une adoration, mais tu dois respecter les règles islamiques tout le temps. Quand tu manges, tu peux prendre la nourriture que tu veux, sauf celle qui est interdite. Si tu manges du porc par exemple, tu désobéis. Et tu dois aussi respecter les règles de bon comportement. Si tu manges de la main gauche, par exemple, tu désobéis encore. Donc même si le fait de manger n’est pas une adoration, tu dois obéir à Allâh et à Son messager quand tu manges, c’est clair ? En résumé, pour les mubâhâte, tu es libre de faire ce que tu veux, mais tu ne dois jamais désobéir.
- Bien reçu. Mais tu disais que l’adoration est une activité à plein temps. Ce n’est pas vraiment le cas, alors ? Puisqu’il existe des actes qui ne sont pas des adorations !
- Très bonne question. Tu verras qu’on peut quand même adorer Allâh en permanence ! On peut espérer être récompensé pour les mubâhâte ! Tu aimerais savoir comment, hein ?
- Evidemment !
- Et bien, d’abord, comme l'ont montré de nombreux savants, on peut voir dans les mubâhâte des moyens d’accomplir les actes d’adoration plus facilement et plus correctement. C’est important ça, non ? Et, même, le savant Ibn Taymiyyah a dit qu’il faudrait, dans l’idéal, ne faire les mubâhâte que dans la mesure où elles sont une aide pour l’adoration d’Allâh et qu’on devrait avoir l’intention de s’en servir pour faciliter l’obéissance à Allâh. En gros, on peut arriver à être récompensé par Allâh pour les mubâhâte si on les fait avec l’intention de faciliter les actes d’adoration.
- Y-a-t-il des preuves de ça dans le Coran ou la Sunnah ?
- Bon réflexe, ma fille ! Oui, bien sûr. Comme cette parole authentique du Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, au grand compagnon Sa’d ibn Abî Waqqâs : « Tu seras récompensé par Allâh pour chaque aumône que tu auras faite pour Sa face. Et même pour ce que tu déposes dans la bouche de ton épouse. »
- Tu m’expliques ce que tu veux dire ?
- Et bien les savants ont expliqué que l’acte de mettre un bout de nourriture dans la bouche de sa femme c’est en général un acte de tendresse, pour jouer gentiment. Ce n’est pas de l’adoration. Et pourtant, tu es récompensé par Allâh si tu le fais pour Lui. À partir de là, ils ont conclu que les mubâhâte, faits avec l’intention de plaire à Allâh ou de l’adorer au mieux, deviennent eux-mêmes des adorations. Et donc, un musulman qui mange, boit, dort pour renforcer son adoration - pour jeûner ou pour prier la nuit, par exemple - est récompensé pour ces actes.
- Génial ! Je remercie Allâh pour ça ! Al-hamdu lillâh !
- Et ce n’est pas tout. Écoute ce que dit encore le Prophète. À la fin d’une longue parole authentique, il dit ceci : « Et il y a dans l’intimité avec son épouse une récompense. »
- Ah bon ?
- Les compagnons ont réagi comme toi, ma petite. Ils ont dit : « Comment, ô Envoyé d’Allâh. On a une récompense alors que ce n'est un acte pour assouvir une pulsion, un besoin et un plaisir naturels ? »
- Qu’est-ce qu’a répondu le Prophète ?
- Il a dit : « Voyez ! Si vous commettiez l’adultère, vous seriez punis ou pas ? Et bien, c’est la même chose : si vous restez dans le licite, vous êtes récompensés ! »
- Subhânallâh !
- Oui. Subhânallâh. Faire les mubâhâte pour éviter de commettre des péchés est récompensé par Allâh. Parce que ne pas désobéir à Allâh est une chose qui Le satisfait. Tout est clair pour toi maintenant ?
- Je vois bien maintenant comment on peut être lié en permanence à Allâh.
- Oui. Le croyant c’est quelqu’un qui obéit à Allâh dans tous les domaines de sa vie et à chaque instant. Il cherche à se rapprocher de son Seigneur avec tout ce qu’Il lui a rendu obligatoire et même avec tout ce qu’Il ne lui a pas interdit.
- Y’a pas à dire, Jaddi. L’islam c’est un mode de vie complet qui touche même la façon de voir les choses. Et on est récompensé pour les choses les plus inattendues.
- Très bien. J’ai l’impression que tu as bien compris. Une dernière chose avant que tu ne partes. Même si tu sais qu’Allâh récompense Ses serviteurs quand ils l’adorent et quand ils ne Lui désobéissent pas, il ne faut jamais être satisfaite de toi à cause de tes actes d’adoration. Tu entends ? Jamais ! N’oublie pas que l’adoration t’oblige à te rendre petite devant Allâh. Si tu te sens satisfaite de ton adoration, c‘est comme si tu étais sûre qu’Il l’a acceptée. Et ça, c’est de l’orgueil. Non ! Il faut demander à Allâh qu’Il te pardonne et l’implorer d’accepter tes actes. Ne jamais être sûre. C’est ça le secret. Et les compagnons du prophète, malgré leur valeur, malgré les versets du Coran qui disent qu’Allâh est satisfait d’eux, avaient peur du jugement d’Allâh. Peur, tu entends ? Alors, c’est pas tes prières et tes jours de jeûne qui doivent te rendre sûre de toi. Ce soir tu regarderas les versets 27 à 31 de la sourate 5, Al-Mâ-idah, La Table servie. Allâh nous parle des deux fils d’Âdam, qui Lui avaient fait une aumône. Allâh avait accepté seulement celle de l’un d’eux. Regarde combien il est resté humble alors qu’il savait qu’Allah était satisfait de Lui. Et tu regarderas aussi le verset 6 de la sourate 60, Al-Mumtahanah, L’Eprouvée. Allâh nous dit que Son prophète est un exemple parfait à suivre obligatoirement, mais que si on refuse cela, Allâh n’a pas besoin de notre adoration. Au contraire, c'est nous qui avons besoin de Sa satisfaction.
- L’adoration est un bien pour nous, mais ça n’apporte rien à Allâh, c’est ça ? Que les hommes l'adorent ou pas, ça ne change rien pour lui.
- Exactement. Garde bien cela en tête. L’adoration d’Allâh est un bienfait pour nous. Un bienfait sur cette Terre, puisque les prophètes ne nous ont ordonné que les tayyibâte et ne nous ont interdit que les khabâ-ith. Et tu sais déjà que les
tayyibâte, c'est ce qui est bon pour l'homme et les khabâ-ith, c'est ce qui est mauvais pour nous. Et c'est aussi un bienfait pour l’au-delà, puisque notre adoration, si jamais elle est acceptée, nous fera entrer au paradis par la Bonté d’Allâh. Alors n'oublie jamais ceci : ne pense jamais, jamais, jamais, que ton adoration apporte quelque chose à Allâh. Adore-Le du mieux que tu peux, et sois sûre que c'est pour ton propre bien.
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9 janvier 2016 6 09 /01 /janvier /2016 20:16
Voilà Zeynab. Maintenant, tu sais tout. On va pouvoir parler des actes d'adoration proprement dits. Tu sais, les 'ibâdâte.
- Oui, je me souviens. Tu avais dit qu'avant de connaître les 'ibâdâte, il fallait connaître la définition précise de la 'ibâdah chez l'homme et comprendre que l'on doit adorer Allâh à chaque instant.
- C’est ça. Alors, d'après toi, quels sont ces actes d'adoration ?
- Ben... pour moi, l'adoration, c'est la prière, la zakâh, le jeûne, le pèlerinage, faire le tasbîh, faire le dhikr, lire le Coran... Et des choses comme ça, quoi.
- « Des choses comme ça », ça s’appelle le culte.
- Oups. Oui Jaddi.
- Et c'est tout ?
- Euh… Oui, je crois.
- Soit. Alors, prenons un sujet comme le partage de l'héritage. Pour toi, ça fait partie des actes d'adoration ou pas ?
- Non, je ne pense pas. Ça fait partie d'une autre catégorie, si je me souviens bien.
- Ah ! Oui ! Laquelle ?
- Quand je réfléchissais avant de venir te voir, j'ai eu l'idée de regarder le livre du savant de Médine, Abû Bakr Al-Jazâ-iriyy.
- Minhâj-ul-Muslim ?
- Oui, c'est ça. La Voie du musulman, en français-arabe.
- Et donc ?
- Donc, j'ai regardé le chapitre " 'Ibâdâte ". Dans ce chapitre, il ne parle que des actes du culte. Ça correspond à la partie " Pratiques religieuses " en français. Il ne parle en gros que des piliers de la pratique islamique, comme j'ai dit toute à l'heure.
- Je vois. En fait, c'est un très bon livre qui donne une bonne idée des bases de la croyance et de la pratique islamiques. Il est très utile pour débuter. En plus, il est plutôt pas mal traduit. Et dis-moi. Dans ce livre, le savant parle-t-il de l'héritage ou pas ?
- Oui, il en parle ! Mais pas dans la section réservée aux 'ibâdâte. Il en parle dans une autre section, celle des " Rapports sociaux ", dans la version française.
- C'est exact. On dit " mu'âmalâte ".
- Voilà ! J'avais oublié le mot en arabe.
- Ce n’est pas très grave. Dans cette partie-là, l’auteur ne parle pas de la pratique du culte proprement dit. Par contre, il parle aussi bien du sport, de la guerre, du commerce, de la création d'entreprises, du mariage, du divorce, que de l'héritage, du sacrifice des animaux, de la façon de manger et de boire, ou encore des peines contre les hors-la-loi.
- Oui, c'est ça. Et ce ne sont pas des pratiques cultuelles.
- C'est vrai. Pourtant, ma fille, ça fait bien partie des 'ibâdâte.
- Ah bon ? Vraiment ? Pourquoi alors, dans La Voie du musulman, l'héritage n'est pas considéré comme une adoration ?
- Ça, c'est toi qui le dit, ma petite. Mais ce n'est pas ce que dit Cheikh Abû Bakr. Tu dois garder la définition de l'adoration dans un coin de ta tête. Adorer Allâh, c'est obéir à Allâh. C'est chercher à lui plaire. D'accord ? Donc si tu dois obéir, c’est qu’il y a des ordres et des interdictions. Est-ce que tu penses que les ordres et les interdictions ne concernent que les actes cultuels comme la prière et le jeûne ?
- Ben, non.
- Et pourquoi ?
- Parce qu'il y a des ordres et des interdictions dans beaucoup de domaines de la vie en fait, comme  pour l’héritage.
- Dans tous les domaines, ma fille. Tous. Le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, est venu pour nous montrer ce qu'Allâh aime et comment nous rapprocher de Lui. Et il ne nous a pas seulement appris à prier et à jeûner. Il nous a appris à être musulman dans chaque action de notre vie. Il nous a appris comment satisfaire Allâh à chaque instant. Donc, à chaque occasion de la vie, petite ou grande, il y a deux manières de se comporter. La manière du musulman et la manière du non-musulman.
- À chaque occasion, tu dis ?
- Oui. D'ailleurs, même les mécréants de La Mecque avaient bien compris cela. Un jour, l'un d'eux a rencontré le fameux compagnon du Prophète, Salmân Al-Fârisiyy, qu'Allâh soit satisfait de lui. Il lui a dit comme pour se moquer : " Tiens, votre Prophète vous a appris même comment aller aux toilettes ! " Et Salmân lui a répondu : " Et oui ! Il nous a effectivement interdit de faire nos besoins dans la même direction celle de la prière, ou de se nettoyer après les besoins avec moins de trois pierres, ou de se nettoyer avec la main droite ou de se nettoyer avec du crottin ou des os ! "  Tu vois ma fille à quel point l'instruction du prophète est complète ?
- Oui, je comprends. Difficile de ne pas voir avec l'exemple de Salmân !
- Donc, être musulman, c'est une manière d'être unique, c'est suivre une voie bien spéciale. C'est dans tous les domaines de la vie qu'il faut être musulman. Il n'y a pas des domaines où on doit suivre la voie de l'islam et d'autres où on peut faire ce qu'on veut. Ça vaut pour la prière et le jeûne, mais aussi pour la manière de s'habiller, pour l'héritage et même pour la manière d’aller aux toilettes.
- Ça veut dire que dès qu'on a un ordre d'Allâh ou une interdiction, on est dans le domaine de l'adoration ?
- C’est tout à fait ça, oui. Regarde dans la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache. Allâh utilise plusieurs fois la même expression pour nous donner des ordres. Cette expression, c’est " kutiba ‘alaykum ". Elle sert pour quatre chose : le qisâs pour les meurtres, c’est-à-dire le fait de poursuivre le meurtrier et de lui faire subir exactement ce qu’il a fait, dans le verset 178 ; le testament avant de mourir, dans le verset 180 ; le jeûne de ramadhâne, dans le verset 183 ; et le combat contre les mécréants et les hypocrites, au verset 216.
- C’est la même expression dans les quatre versets ? Et ça veut dire quoi ?
- Ça veut dire
" Allâh vous a rendu obligatoire " .
- Ah ! Je comprends ! Tu veux dire que ces quatre choses font partie de l’adoration d’Allâh ? Et pas seulement le jeûne ?
- Oui, ma petite. Allâh nous indique comment nous comporter en musulman dans ces quatre domaines. Il les a rendus obligatoires de la même façon. C’est clair pour toi ?
- Oui, je comprends que le jeûne n’est pas plus obligatoire que le reste. Et que ces quatre choses obligatoires plaisent à Allâh de la même façon, puisqu’Il les a ordonnées.
- Très très bien Zeynab ! On doit comprendre que la voie d'Allâh est unique et on doit l'appliquer dans tous les domaines. C'est pour cela par exemple que Ibn Taymiyyah le fameux savant, qui vivait en Syrie au XIVe siècle, a englobé plein de choses dans l’adoration. D'abord des états du cœur, comme  l'amour d'Allâh, l’amour pour Son Prophète, la crainte d'Allâh, le fait de toujours revenir vers Lui, de ne chercher que Sa satisfaction, de patienter quand les choses sont dures, de Le remercier pour Ses bienfaits, d’être satisfait de Ses décisions, de ne compter que sur Lui, d’espérer dans Sa miséricorde, de craindre Son châtiment... Puis les pratiques du culte, comme la prière, le jeûne, la zakâh, le pèlerinage, la lecture du Coran, le fait de penser à Allâh et de proclamer Sa gloire, Sa perfection et Sa bonté, les invocations... Et puis, les relations avec les autres, comme garder les secrets, rendre ce qu'on nous a confié, respecter sa promesse, être bon avec ses parents, et garder le lien de parenté, ordonner de pratiquer le bien et interdire de faire le mal, combattre les mécréants et les hypocrites, avoir un bon comportement avec le voisin, l'orphelin, le pauvre, le voyageur, l’esclave, et les animaux...
- Tout ça ?
- Et oui ! Et plus encore… Tout ce qui concerne par exemple la façon de manger, de boire, d'aller aux toilettes. Mais, également le fait de bâtir un état, la politique, la justice, l'éducation, le commerce, la morale...
- Subhânallâh ! Rien n'a été oublié ! C'est toute la vie qui entre dans l'adoration alors ?
- Oui. Le musulman doit revenir à l'islam pour tous les domaines de sa vie. Il n’est pas musulman seulement quand il prie ou quand il jeûne. Il est musulman quand il parle, quand il éduque ses enfants, quand il mange, quand il va aux toilettes, quand il va travailler... Il doit suivre la même voie pour faire tout cela. Celle d’Allâh et de Son messager. Tu comprends maintenant pourquoi le cheikh Abû Bakr a appelé son livre « La Voie du musulman » ? Même s’il a distingué les pratiques religieuses, les rapports sociaux, comme on l'a déjà dit, la foi, le bon comportement et la morale, et bien dans tous ces domaines de la vie, le croyant doit suivre la voie unique : l'islam. Il ne doit pas appliquer l'islam seulement pour les actes du culte. Sinon, c'est comme s'il avait d'autres dieux qu'Allâh.
- Hein ? Le lien n’est pas très clair, là.
- Bien sûr, Zeynab ! Regarde le verset 31 de la sourate 9, At-Tawbah, Le Repentir. Lis-le.
- « Ils ont pris leurs rabbins ou leurs moines pour des dieux en plus d'Allâh, ainsi que 'Îsâ fils de Mariam. Alors qu'ils n'avaient reçu comme ordre que celui d'adorer l'Unique Dieu, aucun autre dieu que Lui, Parfait et sans aucune faille, contrairement à ceux qu'ils lui associent ». Je ne comprends pas trop ce verset, Jaddi. Je ne vois pas le rapport.
- C'est normal. Il faut revenir à l'explication que le Prophète, lui-même, a donnée. En fait, les juifs ont adoré leurs rabbins et les chrétiens ont adoré leurs prêtres et leurs moines. Comment ? Tout simplement en leur obéissant dans leurs ordres et leurs interdictions, et même quand c'était contre la parole de Dieu.
- Donc les ordres et les interdictions, c'est uniquement la propriété d'Allâh.
- Oui, par la bouche de Son prophète. Et ce sont ces ordres et ces interdictions divins qui forment la voie du musulman. C'est ça que les savants, comme cheikh Abû Bakr, ont rassemblé dans leurs livres. C'est la science du licite et de l'illicite, de ce qui est permis, de ce qui est obligatoire, et de ce qui est interdit. C'est la loi islamique. La Charî'ah. Donc adorer Allâh, c'est suivre la
Charî'ah dans tous les domaines. Si on la suit dans certains domaines seulement, on n’est pas mieux que les juifs et les chrétiens qui ont pris d’autres divinités qu’Allâh.
- Je comprends très bien, Jaddi.
- Donc, n’oublie pas ceci ! On ne se rapproche d'Allâh que par Sa loi.

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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 08:00
Il faut absolument être prêt à l'Heure.

Voilà ce que j'essaie de bien faire comprendre à mes petits-enfants. C'est la clé de toute notre vie, la raison même de notre présence sur Terre. Et pour leur expliquer cela, je compare l'Au-delà à un voyage. Un voyage qui commence juste avant la mort et qui se termine avec le Jugement, devant notre Créateur. C’est Lui qui décide si pour nous c'est l'Enfer ou le Paradis… Et je prie Allâh de nous protéger de l’Enfer, et de nous réserver une place dans Son Paradis !

Être prêt à l'Heure, c'est être prêt à partir immédiatement s'il le faut, d'une seconde à l'autre. Et comme pour tout voyage, il faut se munir de provisions en quantité suffisante. Mais, comme il s’agit d’un voyage particulier, ces provisions, il faut les tenir toujours prêtes, les avoir sur soi, dès maintenant. Car on peut être amené à partir à n'importe quel moment. Sans prévenir. Sans être prévenu.
Ce qu'il faut dire aussi, c'est que les provisions, c'est la seule chose qu'on aura le droit d'emmener avec soi et c'est tout ce dont on aura besoin et ce sur quoi on pourra compter. Prenons donc bien garde à nos sacs de provisions !

Là où l'on ira, on ne sait pas comment c'est. C'est un monde que les vivants ne perçoivent pas. Et le moment des souffrances que provoque la sortie de l'âme, l'instant qui est juste un peu avant la mort, appartient à ce monde. La tombe aussi appartient à ce monde. Et on n’en sait pas plus. Par contre, on sait que nos provisions vont nous servir dès l'entrée dans ce nouveau monde, et jusqu'à la fin du voyage. On les utilisera tout au long du parcours. Et il n'y aura que deux catégories de gens : ceux qui ont les provisions nécessaires et ceux qui ne les ont pas préparées. Et pour ces deux catégories de gens, les itinéraires seront totalement opposés.

La sortie de l'âme est dure pour tout le monde. La douleur et la gêne font partie de la mort. Mais c'est nettement plus dramatique pour ceux qui n'ont pas les provisions. Les anges présents au moment de leur mort viennent à eux sous une apparence terrible et agressive, en les disputant et en les frappant.
Pour les autres, grâce aux provisions, c'est tout le contraire. C'est pour cela que le prophète d'Allâh, Muhammad, a dit que, juste avant que le croyant meure, il reçoit la visite d’anges aux visages éclatant de blancheur. Ceux-ci apportent avec eux un linceul et du parfum du Paradis. Ils s'assoient pas loin devant le mourant, et l'ange de la Mort, du côté de sa tête, lui dit : " Ô ! Toi, l'âme pure et bonne ! Sors et viens rencontrer le pardon et la satisfaction d'Allah ! " Alors, l’âme sort et les anges la prennent. Tout cela grâce aux provisions.

Une fois l'âme sortie, c'est la montée au ciel. Encore une fois, les provisions sont déterminantes. Ceux qui ont les provisions seront bien accueillis par les anges, les portes des cieux s'ouvriront pour eux. Ils rencontreront leur Seigneur avant de réintégrer leur corps. Mais ceux qui n'ont rien seront renvoyés dans leur corps sans avoir pu passer une seule porte du ciel.

Puis à peine dans la tombe, après l'enterrement, c'est la visite de deux anges pour une épreuve terrible : celle des trois questions. C’est en quelque sorte pour vérifier que nos provisions sont bien là. C’est trois questions, parce que les provisions doivent être prêtes dans trois domaines : Qui est ton Dieu, Qui est ton prophète, Quelle est ta religion ?
D’ailleurs, le prophète Muhammad nous apprend, dans une parole authentique, que seuls ceux qui auront préparé leurs provisions auront la possibilité de répondre à ces questions. Pour les autres, les réponses seront impossibles à donner, et même s'ils les connaissent par cœur.

Aussi, ces provisions dont nous parlons sont plus importantes que les provisions de n'importe quel autre voyage. Si les sacs sont vides au moment de notre mort, c'est trop tard, et la suite sera pire encore. Il n'y a plus rien à faire pour les remplir. C'était possible sur Terre, c'est tout. Mais si les sacs sont pleins, alors, la suite n'est faite que de bonnes nouvelles.

Vous vous demandez sûrement : où peut-on se procurer ces provisions ?
Simplement. Dans le Message révélé par Allâh. Ce message, c'est Al-Qur-âne (le Coran) et les Hadiths (les enseignements de Son prophète, Muhammad). C'est là qu'on trouve de quoi remplir nos sacs.

- Qui est ton Dieu ? demandent les deux anges.
Le Message nous apprend qui est Allâh, ce qu'Il fait, ce qu'Il attend de nous.

- Qui est ton prophète ? demandent-ils encore.
Le Message nous donne des informations sur des prophètes, sur les compagnons des prophètes, sur ce qu'ils ont fait, sur la manière dont ils ont adoré Dieu, sur la façon dont ils ont compté sur Lui et sur la manière dont Il les a aidés à régler leurs problèmes.

- Quelle est ta religion ? demandent-ils enfin.
Là encore, le Message révélé nous apprend le but de la vie terrestre, ce qui est interdit et ce qui est obligatoire, en bref, comment satisfaire notre Créateur.

Préparer les provisions pour ce voyage, c'est donc faire de ces trois questions le centre de notre vie. Mais il ne s’agit pas seulement d’apprendre les réponses. Non, ce n'est pas suffisant. Il faut organiser sa vie autour de ces réponses. C’est prendre ces réponses comme principes de vie qu'il faut faire. Vivre selon ce que le Message nous dit de Dieu, du prophète de Dieu, et de la religion de Dieu, l’islam.
 
C'est cela se préparer pour l'Heure. Et c'est tout l'objet des leçons que je donne à mes petits-enfants. Dans l'espoir que nos sacs soient prêts au moment de partir...
 
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13 septembre 2007 4 13 /09 /septembre /2007 08:05
 
Mes frères, mes soeurs, chers lecteurs

Bon Ramadhâne à tous les croyants ! Nous voilà entrés dans cette période si extraordinaire. L'adoration va prendre une forme spéciale : « On fait le vide pour faire le plein », comme on dit chez nous. On fait le vide de matériel et le plein de spirituel. On vide son estomac, on vide son coeur de ses pulsions et de ses envies, on vide sa tête des choses inutiles et on nettoie son comportement. Puis, on fait le plein de prières, de lecture du Coran, de générosité, on pense à Dieu, on proclame Sa Gloire et Sa Majesté sur tout ce qui existe, et on perfectionne sa religion. Ramadhâne est un mois si rempli de la Bonté d'Allâh qu'il faut le faire exprès pour ne pas profiter de ses bénédictions. Alors, quand je vous souhaite un bon Ramadhâne, c'est le pardon généreux d'Allâh que j'invoque pour nous et pour vous.
Et c'est aussi pour recevoir ses bénédictions que je suis heureux, aujourd'hui, de lancer le blog Avant l'Heure, dans lequel vous découvrirez les cours de religion que je donne à mes proches, et les discussions que nous avons, suite à leurs interrogations.
À la base de ces cours, il y a une question : de quoi les jeunes musulmans français et francophones ont-ils besoin ? Et une réponse : ils ont besoin de comprendre et de savoir pratiquer leurs connaissances religieuses. Apprendre et savoir n'est pas un problème en soi. Mais comprendre et pratiquer ses connaissances, oui. Et c'est le plus grand problème qui soit.
Car apprendre l'islam, c'est apprendre à le pratiquer. Et le Coran regroupe trois domaines de connaissance : la description de Dieu, la vie des prophètes, les règles et les lois. Cela veut dire trois domaines de pratique. Que signifient les noms et les attributs d'Allah ? Comment les intégrer à notre pratique ? Comment utiliser, concrètement, les histoires des prophètes que l'on trouve dans le Coran ? Qu'implique la signification de certaines notions, comme 'ibâdah, 'aqîdah, islâm, îmâne,... ? Que dit-on réellement quand on prononce subhânallâh, Allâhu Akbar, al-hamdu lillâh, lâ ilâha illallâh, bismillâh, in châ Allâh,... ?
Voilà quelques éléments que j'essaie d'enseigner à mes proches, en plus de questions sur les pratiques de base, comme les ablutions et la prière. Sans oublier un peu d'arabe, pour traduire clairement le sens des versets du Coran.
Présenter les bases de la religion dans un langage clair et d'une manière qui permette tout de suite la mise en pratique, c'est tout le travail que nous faisons, en famille, et que je vais vous présenter dans ce blog, Avant l'Heure, chaque jour à partir d'aujourd'hui.
Alors, bienvenue ! Et bismillâh...

Jaddi Chrif
 
 
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