10 janvier 2016
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20:30
- Jaddi, j'ai encore une question ?
- Oui. Laquelle, ma fille ?
- Pourquoi, dans La Voie du musulman, le cheikh Abû Bakr a construit plusieurs catégories d'actes, alors ? Et pourquoi il ne parle de 'ibâdâte que pour certains actes et pas pour les autres ?
- Ok. Ce sont de bonnes questions ! Cheikh Abû Bakr n’a rien construit, il n’a rien inventé. Tout est parti des savants de la loi, les fuqahâ, ceux qui étudient la Charî’ah. Ils ont étudié les actes d’adoration et, pour simplifier les choses, pour expliquer plus clairement la loi islamique, ils ont construit plusieurs catégories d'actes d'adoration. En général, ils ont utilisé deux catégories : les 'ibâdâte et les mu'âmalâte.
- Quelle est la différence alors ?
- Il y a quelques différences, mais elles sont très minces, et pas si importantes que ça pour nous. Retiens juste que les ‘ibâdâtes concernent les relations du serviteur avec Allâh, et les mu'âmalâte, les relations du serviteur avec le monde qui l’entoure. En fait, ce qui nous intéresse bien plus, c’est le point commun entre les deux.
- C'est quoi leur point commun, Jaddi ?
- À ton avis ?
- Ce sont des actes d'adoration.
- C’est-à-dire ?
- Ben, des actes qu'on fait pour se rapprocher d'Allâh.
- Oui. Et encore ?
- Des actes pour lesquels on sera jugés le jour du Jugement ?
- Exact. Ca veut dire donc qu'il y a un risque qu’ils ne soient pas acceptés par Allâh, d’accord ? Sais-tu à quelles conditions ils sont acceptés ?
- Non. Mais je veux bien un indice.
- Bon. Il y a deux conditions…
- C’est pas vraiment un indice, ça, Jaddi !
- D’accord, je t’aide encore. Regarde le verset 112 de la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache.
- « Celui qui va entrer au paradis, c’est celui qui cherche à obtenir la seule satisfaction d’Allâh et qui fait de bonnes actions. C’est celui-là qui recevra sa récompense auprès de son Maître. Tous ceux qui font cela n’auront pas à avoir peur et ils seront traités justement. »
- Alors, ma petite, selon toi, maintenant, quelles sont ces conditions ?
- Ben, je dirais, qu’il faut être sincère et faire de bonnes actions ?
- Mais encore ? C’est quoi être sincère ?
- C’est faire les choses uniquement pour Allâh.
- Très bien ! Et c’est quoi les bonnes actions ?
- C’est pratiquer l’islam ?
- Comment ?
- En faisant ce que le prophète a fait ?
- Voilà. Pour être accepté par Allâh, un acte d’adoration doit être fait avec l’intention d’obéir uniquement à Allâh et de se rapprocher de Lui. Mais l’intention ne suffit pas. On ne peut pas faire n’importe quoi. On ne peut pas décider de nous-mêmes ce qui peut nous rapprocher d’Allâh ou pas. La seule manière de faire, c’est d’imiter le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, ni plus ni moins.
- Donc si on ne fait pas exactement comme le prophète a fait, l'acte est refusé ?
- Complètement refusé et l’on mérite l’enfer pour cela. L'acte est refusé parce que c'est une innovation. Tu connais ça. On dit bid’ah en arabe. Et dans de nombreuses paroles, le Prophète nous a interdit d'adorer Allâh autrement qu’avec ce qu'il a apporté, lui.
- Je comprends. Ce serait comme si on pensait que le prophète n'avait pas adoré correctement Allâh ou que l'islam est incomplet. C'est grave.
- Oui, c'est très grave d’innover dans l’adoration, d'inventer des nouveaux actes d'adoration. Les savants nous ont mis en garde et nous ont appris ce que ce que veut dire exactement " suivre le Prophète à la lettre ". En gros, il faut faire ce qu’il a fait en faisant attention à six choses.
- Six choses ? Lesquelles ?
- Pour chaque acte, si on ne veut pas commettre une innovation, il fait se poser six question qui sont : de quelle manière, combien, à quelle occasion, de quel type, quand et où ?
- Je n'ai rien compris !
- Ça ne m'étonne pas vraiment. Allez, on reprend plus lentement.
Prenons l’exemple de la prière, tu veux ? Bon, et bien, tu dois d’abord voir de quelle manière le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a prié. La position inclinée vient avant la position de prosternation, et pas le contraire.
Tu dois voir ensuite tout ce qui concerne la répétition des actes. C’est-à-dire que tu dois te demander combien de fois le prophète a accompli un acte particulier. Par exemple, la prière du maghrib, au coucher du soleil, contient trois inclinaisons, pas une de plus, pas une de moins.
Ensuite, tu dois te demander à quelle occasion le prophète a fait son acte. Regarde par exemple la prière qu’on appelle tahiyyat-ul-masjid. On la fait avant de s’asseoir quand on entre dans une mosquée. Tu ne peux pas la faire à une autre occasion, comme avant de sortir de la mosquée, ni à côté de ta voiture, dans le parking ! Entre parenthèses, si tu te poses toujours cette question, tu verras que le prophète n’a rien fait de spécial à l’occasion des anniversaires ou pour le premier de l'an.
Puis, tu dois te demander quel type d'acte le prophète a fait dans les diverses occasions. Regarde, tahiyyat-ul-masjid est une prière. Tu ne peux pas la remplacer par une aumône ni autre chose.
Tu dois aussi te demander quand l'acte d’adoration doit avoir lieu. Ça t’évitera de prier la prière du ‘asr après le coucher du soleil, d’autant plus que faire cela annule toutes les actions de ta journée.
Et enfin, tu dois te demander où l'action doit avoir lieu. Au pèlerinage, par exemple, tu dois passer le neuvième jour du mois de dhul hijjah sur le territoire qui s'appelle ‘Arafât, mais juste un peu avant le coucher du soleil, tu dois te rendre sur le territoire qui s'appelle Muzdalifah parce que la prière du maghrib n’est valable que là-bas pour le pèlerin.
- Ah ! D'accord, Jaddi ! J’ai bien compris. On doit vraiment bien étudier les actes du Prophète. Ça permet de s’éloigner le plus possible des actes d’innovation. Sans ça, on risque de changer l’adoration de l’Envoyé sans même s’en apercevoir. Bârakallâhu fîk. Et ça, ça vaut pour les ‘ibâdâte et les mu'âmalâte, je suppose ?
- Oui, ça vaut pour tous les actes d’adoration.
- Mais, finalement, c'est pas trompeur d'avoir fait une séparation entre les deux ?
- Oui et non. Il faut savoir que quand les fuqahâ ont fait cette séparation, les musulmans connaissaient bien leur religion. Donc les savants ont décortiqué la ‘ibâdah pour expliquer les choses précisément. Mais avec le temps, les connaissances des gens ont bien diminué et aujourd’hui, malheureusement, la plupart des gens considèrent que l’adoration c’est seulement la prière, le jeûne, la zâkah… Donc ils considèrent que le musulman c’est celui qui pratique uniquement les ‘ibâdâte, même quand ils pratiquent les mu’âmalâte selon autre chose que l‘islam. Tu vois ces gens qui disent par exemple qu’il ne faut jamais mélanger la religion et la politique ?
- Oui, Jaddi, on entend ça tous les jours, même dans les mosquées.
- En réalité, ils disent, sans le savoir, que l’on doit obéir à Allâh pour les 'ibâdâte mais pas pour les mu’âmalâte. Tu te rends compte ! Donc le travail des fuqahâ est extrêmement important. Hélas, comme le disent certains savants, il a eu des conséquences dangereuses pour les gens qui ne comprennent pas l’islam.
- Alors, il faut réapprendre aux gens ce qu’est l’adoration d’Allâh !
- Oui. Il faut passer du temps pour montrer aux gens que l’adoration c’est l’obéissance à Allâh seulement. Et que quand Allah ordonne quelque chose ou quand il interdit quelque chose, nous n’avons aucun autre choix que de Lui obéir du mieux possible, que ce soit dans le domaine des pratiques du culte ou de la vie de tous les jours. C’est clair ?
- Très clair. Mais dis-moi, Jaddi. N'y-a-t-il pas des choses dans la vie sur lesquelles Allâh et Son prophète ne nous ont rien dit ?
- Si, bien sûr, tu t’en doutes. Il y a des actes qui ne sont pas des actes d’adoration. Ça veut qu’ils ne servent pas à se rapprocher d’Allâh en eux-mêmes. Ce sont des actes que tu ne fais pas spécialement pour obéir à Allâh. On les appelle mubâhâte.
- Quoi, par exemple ?
- Par exemple le fait de manger, de marcher, de s’asseoir, de dormir, de s’amuser avec ses enfants, de mettre des vêtements, de construire une maison… Des choses comme ça. C’est tout ce qu’Allâh a permis de faire ou de ne pas faire. C’est ça ce qu’on appelle mubâhâte. Dans la loi islamique, il y a les actes obligatoires qu’Il nous demande de faire et les actes mubâhâte. Et les savants disent que les actes mubâhâte ne servent pas à se rapprocher d’Allâh. On n’est pas récompensé si on les fait et on n’est pas puni si on ne les fait pas.
- Donc ça veut dire qu’on est complètement libre pour les mubâhâte ? On peut les faire comme on veut, c’est ça ?
- Non Zeynab, ce n’est pas ça. Ça veut dire que les mubâhâte ne sont pas des adorations. Ça ne sert à rien d’avoir l’intention de se rapprocher d’Allâh par le fait de prendre un repas à midi ou à quatre heure, de manger des pâtes ou des chips, ni par le fait de porter une chemise bleue ou verte. Donc l’intention ne transforme pas les mubâhâte en actes d’adoration. Par contre, tu ne peux pas faire n’importe quoi. Manger n’est pas une adoration, mais tu dois respecter les règles islamiques tout le temps. Quand tu manges, tu peux prendre la nourriture que tu veux, sauf celle qui est interdite. Si tu manges du porc par exemple, tu désobéis. Et tu dois aussi respecter les règles de bon comportement. Si tu manges de la main gauche, par exemple, tu désobéis encore. Donc même si le fait de manger n’est pas une adoration, tu dois obéir à Allâh et à Son messager quand tu manges, c’est clair ? En résumé, pour les mubâhâte, tu es libre de faire ce que tu veux, mais tu ne dois jamais désobéir.
- Bien reçu. Mais tu disais que l’adoration est une activité à plein temps. Ce n’est pas vraiment le cas, alors ? Puisqu’il existe des actes qui ne sont pas des adorations !
- Très bonne question. Tu verras qu’on peut quand même adorer Allâh en permanence ! On peut espérer être récompensé pour les mubâhâte ! Tu aimerais savoir comment, hein ?
- Evidemment !
- Et bien, d’abord, comme l'ont montré de nombreux savants, on peut voir dans les mubâhâte des moyens d’accomplir les actes d’adoration plus facilement et plus correctement. C’est important ça, non ? Et, même, le savant Ibn Taymiyyah a dit qu’il faudrait, dans l’idéal, ne faire les mubâhâte que dans la mesure où elles sont une aide pour l’adoration d’Allâh et qu’on devrait avoir l’intention de s’en servir pour faciliter l’obéissance à Allâh. En gros, on peut arriver à être récompensé par Allâh pour les mubâhâte si on les fait avec l’intention de faciliter les actes d’adoration.
- Y-a-t-il des preuves de ça dans le Coran ou la Sunnah ?
- Bon réflexe, ma fille ! Oui, bien sûr. Comme cette parole authentique du Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, au grand compagnon Sa’d ibn Abî Waqqâs : « Tu seras récompensé par Allâh pour chaque aumône que tu auras faite pour Sa face. Et même pour ce que tu déposes dans la bouche de ton épouse. »
- Tu m’expliques ce que tu veux dire ?
- Et bien les savants ont expliqué que l’acte de mettre un bout de nourriture dans la bouche de sa femme c’est en général un acte de tendresse, pour jouer gentiment. Ce n’est pas de l’adoration. Et pourtant, tu es récompensé par Allâh si tu le fais pour Lui. À partir de là, ils ont conclu que les mubâhâte, faits avec l’intention de plaire à Allâh ou de l’adorer au mieux, deviennent eux-mêmes des adorations. Et donc, un musulman qui mange, boit, dort pour renforcer son adoration - pour jeûner ou pour prier la nuit, par exemple - est récompensé pour ces actes.
- Génial ! Je remercie Allâh pour ça ! Al-hamdu lillâh !
- Et ce n’est pas tout. Écoute ce que dit encore le Prophète. À la fin d’une longue parole authentique, il dit ceci : « Et il y a dans l’intimité avec son épouse une récompense. »
- Ah bon ?
- Les compagnons ont réagi comme toi, ma petite. Ils ont dit : « Comment, ô Envoyé d’Allâh. On a une récompense alors que ce n'est un acte pour assouvir une pulsion, un besoin et un plaisir naturels ? »
- Qu’est-ce qu’a répondu le Prophète ?
- Il a dit : « Voyez ! Si vous commettiez l’adultère, vous seriez punis ou pas ? Et bien, c’est la même chose : si vous restez dans le licite, vous êtes récompensés ! »
- Subhânallâh !
- Oui. Subhânallâh. Faire les mubâhâte pour éviter de commettre des péchés est récompensé par Allâh. Parce que ne pas désobéir à Allâh est une chose qui Le satisfait. Tout est clair pour toi maintenant ?
- Je vois bien maintenant comment on peut être lié en permanence à Allâh.
- Oui. Le croyant c’est quelqu’un qui obéit à Allâh dans tous les domaines de sa vie et à chaque instant. Il cherche à se rapprocher de son Seigneur avec tout ce qu’Il lui a rendu obligatoire et même avec tout ce qu’Il ne lui a pas interdit.
- Y’a pas à dire, Jaddi. L’islam c’est un mode de vie complet qui touche même la façon de voir les choses. Et on est récompensé pour les choses les plus inattendues.
- Très bien. J’ai l’impression que tu as bien compris. Une dernière chose avant que tu ne partes. Même si tu sais qu’Allâh récompense Ses serviteurs quand ils l’adorent et quand ils ne Lui désobéissent pas, il ne faut jamais être satisfaite de toi à cause de tes actes d’adoration. Tu entends ? Jamais ! N’oublie pas que l’adoration t’oblige à te rendre petite devant Allâh. Si tu te sens satisfaite de ton adoration, c‘est comme si tu étais sûre qu’Il l’a acceptée. Et ça, c’est de l’orgueil. Non ! Il faut demander à Allâh qu’Il te pardonne et l’implorer d’accepter tes actes. Ne jamais être sûre. C’est ça le secret. Et les compagnons du prophète, malgré leur valeur, malgré les versets du Coran qui disent qu’Allâh est satisfait d’eux, avaient peur du jugement d’Allâh. Peur, tu entends ? Alors, c’est pas tes prières et tes jours de jeûne qui doivent te rendre sûre de toi. Ce soir tu regarderas les versets 27 à 31 de la sourate 5, Al-Mâ-idah, La Table servie. Allâh nous parle des deux fils d’Âdam, qui Lui avaient fait une aumône. Allâh avait accepté seulement celle de l’un d’eux. Regarde combien il est resté humble alors qu’il savait qu’Allah était satisfait de Lui. Et tu regarderas aussi le verset 6 de la sourate 60, Al-Mumtahanah, L’Eprouvée. Allâh nous dit que Son prophète est un exemple parfait à suivre obligatoirement, mais que si on refuse cela, Allâh n’a pas besoin de notre adoration. Au contraire, c'est nous qui avons besoin de Sa satisfaction.
- L’adoration est un bien pour nous, mais ça n’apporte rien à Allâh, c’est ça ? Que les hommes l'adorent ou pas, ça ne change rien pour lui.
- Exactement. Garde bien cela en tête. L’adoration d’Allâh est un bienfait pour nous. Un bienfait sur cette Terre, puisque les prophètes ne nous ont ordonné que les tayyibâte et ne nous ont interdit que les khabâ-ith. Et tu sais déjà que les tayyibâte, c'est ce qui est bon pour l'homme et les khabâ-ith, c'est ce qui est mauvais pour nous. Et c'est aussi un bienfait pour l’au-delà, puisque notre adoration, si jamais elle est acceptée, nous fera entrer au paradis par la Bonté d’Allâh. Alors n'oublie jamais ceci : ne pense jamais, jamais, jamais, que ton adoration apporte quelque chose à Allâh. Adore-Le du mieux que tu peux, et sois sûre que c'est pour ton propre bien.
- Oui. Laquelle, ma fille ?
- Pourquoi, dans La Voie du musulman, le cheikh Abû Bakr a construit plusieurs catégories d'actes, alors ? Et pourquoi il ne parle de 'ibâdâte que pour certains actes et pas pour les autres ?
- Ok. Ce sont de bonnes questions ! Cheikh Abû Bakr n’a rien construit, il n’a rien inventé. Tout est parti des savants de la loi, les fuqahâ, ceux qui étudient la Charî’ah. Ils ont étudié les actes d’adoration et, pour simplifier les choses, pour expliquer plus clairement la loi islamique, ils ont construit plusieurs catégories d'actes d'adoration. En général, ils ont utilisé deux catégories : les 'ibâdâte et les mu'âmalâte.
- Quelle est la différence alors ?
- Il y a quelques différences, mais elles sont très minces, et pas si importantes que ça pour nous. Retiens juste que les ‘ibâdâtes concernent les relations du serviteur avec Allâh, et les mu'âmalâte, les relations du serviteur avec le monde qui l’entoure. En fait, ce qui nous intéresse bien plus, c’est le point commun entre les deux.
- C'est quoi leur point commun, Jaddi ?
- À ton avis ?
- Ce sont des actes d'adoration.
- C’est-à-dire ?
- Ben, des actes qu'on fait pour se rapprocher d'Allâh.
- Oui. Et encore ?
- Des actes pour lesquels on sera jugés le jour du Jugement ?
- Exact. Ca veut dire donc qu'il y a un risque qu’ils ne soient pas acceptés par Allâh, d’accord ? Sais-tu à quelles conditions ils sont acceptés ?
- Non. Mais je veux bien un indice.
- Bon. Il y a deux conditions…
- C’est pas vraiment un indice, ça, Jaddi !
- D’accord, je t’aide encore. Regarde le verset 112 de la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache.
- « Celui qui va entrer au paradis, c’est celui qui cherche à obtenir la seule satisfaction d’Allâh et qui fait de bonnes actions. C’est celui-là qui recevra sa récompense auprès de son Maître. Tous ceux qui font cela n’auront pas à avoir peur et ils seront traités justement. »
- Alors, ma petite, selon toi, maintenant, quelles sont ces conditions ?
- Ben, je dirais, qu’il faut être sincère et faire de bonnes actions ?
- Mais encore ? C’est quoi être sincère ?
- C’est faire les choses uniquement pour Allâh.
- Très bien ! Et c’est quoi les bonnes actions ?
- C’est pratiquer l’islam ?
- Comment ?
- En faisant ce que le prophète a fait ?
- Voilà. Pour être accepté par Allâh, un acte d’adoration doit être fait avec l’intention d’obéir uniquement à Allâh et de se rapprocher de Lui. Mais l’intention ne suffit pas. On ne peut pas faire n’importe quoi. On ne peut pas décider de nous-mêmes ce qui peut nous rapprocher d’Allâh ou pas. La seule manière de faire, c’est d’imiter le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, ni plus ni moins.
- Donc si on ne fait pas exactement comme le prophète a fait, l'acte est refusé ?
- Complètement refusé et l’on mérite l’enfer pour cela. L'acte est refusé parce que c'est une innovation. Tu connais ça. On dit bid’ah en arabe. Et dans de nombreuses paroles, le Prophète nous a interdit d'adorer Allâh autrement qu’avec ce qu'il a apporté, lui.
- Je comprends. Ce serait comme si on pensait que le prophète n'avait pas adoré correctement Allâh ou que l'islam est incomplet. C'est grave.
- Oui, c'est très grave d’innover dans l’adoration, d'inventer des nouveaux actes d'adoration. Les savants nous ont mis en garde et nous ont appris ce que ce que veut dire exactement " suivre le Prophète à la lettre ". En gros, il faut faire ce qu’il a fait en faisant attention à six choses.
- Six choses ? Lesquelles ?
- Pour chaque acte, si on ne veut pas commettre une innovation, il fait se poser six question qui sont : de quelle manière, combien, à quelle occasion, de quel type, quand et où ?
- Je n'ai rien compris !
- Ça ne m'étonne pas vraiment. Allez, on reprend plus lentement.
Prenons l’exemple de la prière, tu veux ? Bon, et bien, tu dois d’abord voir de quelle manière le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a prié. La position inclinée vient avant la position de prosternation, et pas le contraire.
Tu dois voir ensuite tout ce qui concerne la répétition des actes. C’est-à-dire que tu dois te demander combien de fois le prophète a accompli un acte particulier. Par exemple, la prière du maghrib, au coucher du soleil, contient trois inclinaisons, pas une de plus, pas une de moins.
Ensuite, tu dois te demander à quelle occasion le prophète a fait son acte. Regarde par exemple la prière qu’on appelle tahiyyat-ul-masjid. On la fait avant de s’asseoir quand on entre dans une mosquée. Tu ne peux pas la faire à une autre occasion, comme avant de sortir de la mosquée, ni à côté de ta voiture, dans le parking ! Entre parenthèses, si tu te poses toujours cette question, tu verras que le prophète n’a rien fait de spécial à l’occasion des anniversaires ou pour le premier de l'an.
Puis, tu dois te demander quel type d'acte le prophète a fait dans les diverses occasions. Regarde, tahiyyat-ul-masjid est une prière. Tu ne peux pas la remplacer par une aumône ni autre chose.
Tu dois aussi te demander quand l'acte d’adoration doit avoir lieu. Ça t’évitera de prier la prière du ‘asr après le coucher du soleil, d’autant plus que faire cela annule toutes les actions de ta journée.
Et enfin, tu dois te demander où l'action doit avoir lieu. Au pèlerinage, par exemple, tu dois passer le neuvième jour du mois de dhul hijjah sur le territoire qui s'appelle ‘Arafât, mais juste un peu avant le coucher du soleil, tu dois te rendre sur le territoire qui s'appelle Muzdalifah parce que la prière du maghrib n’est valable que là-bas pour le pèlerin.
- Ah ! D'accord, Jaddi ! J’ai bien compris. On doit vraiment bien étudier les actes du Prophète. Ça permet de s’éloigner le plus possible des actes d’innovation. Sans ça, on risque de changer l’adoration de l’Envoyé sans même s’en apercevoir. Bârakallâhu fîk. Et ça, ça vaut pour les ‘ibâdâte et les mu'âmalâte, je suppose ?
- Oui, ça vaut pour tous les actes d’adoration.
- Mais, finalement, c'est pas trompeur d'avoir fait une séparation entre les deux ?
- Oui et non. Il faut savoir que quand les fuqahâ ont fait cette séparation, les musulmans connaissaient bien leur religion. Donc les savants ont décortiqué la ‘ibâdah pour expliquer les choses précisément. Mais avec le temps, les connaissances des gens ont bien diminué et aujourd’hui, malheureusement, la plupart des gens considèrent que l’adoration c’est seulement la prière, le jeûne, la zâkah… Donc ils considèrent que le musulman c’est celui qui pratique uniquement les ‘ibâdâte, même quand ils pratiquent les mu’âmalâte selon autre chose que l‘islam. Tu vois ces gens qui disent par exemple qu’il ne faut jamais mélanger la religion et la politique ?
- Oui, Jaddi, on entend ça tous les jours, même dans les mosquées.
- En réalité, ils disent, sans le savoir, que l’on doit obéir à Allâh pour les 'ibâdâte mais pas pour les mu’âmalâte. Tu te rends compte ! Donc le travail des fuqahâ est extrêmement important. Hélas, comme le disent certains savants, il a eu des conséquences dangereuses pour les gens qui ne comprennent pas l’islam.
- Alors, il faut réapprendre aux gens ce qu’est l’adoration d’Allâh !
- Oui. Il faut passer du temps pour montrer aux gens que l’adoration c’est l’obéissance à Allâh seulement. Et que quand Allah ordonne quelque chose ou quand il interdit quelque chose, nous n’avons aucun autre choix que de Lui obéir du mieux possible, que ce soit dans le domaine des pratiques du culte ou de la vie de tous les jours. C’est clair ?
- Très clair. Mais dis-moi, Jaddi. N'y-a-t-il pas des choses dans la vie sur lesquelles Allâh et Son prophète ne nous ont rien dit ?
- Si, bien sûr, tu t’en doutes. Il y a des actes qui ne sont pas des actes d’adoration. Ça veut qu’ils ne servent pas à se rapprocher d’Allâh en eux-mêmes. Ce sont des actes que tu ne fais pas spécialement pour obéir à Allâh. On les appelle mubâhâte.
- Quoi, par exemple ?
- Par exemple le fait de manger, de marcher, de s’asseoir, de dormir, de s’amuser avec ses enfants, de mettre des vêtements, de construire une maison… Des choses comme ça. C’est tout ce qu’Allâh a permis de faire ou de ne pas faire. C’est ça ce qu’on appelle mubâhâte. Dans la loi islamique, il y a les actes obligatoires qu’Il nous demande de faire et les actes mubâhâte. Et les savants disent que les actes mubâhâte ne servent pas à se rapprocher d’Allâh. On n’est pas récompensé si on les fait et on n’est pas puni si on ne les fait pas.
- Donc ça veut dire qu’on est complètement libre pour les mubâhâte ? On peut les faire comme on veut, c’est ça ?
- Non Zeynab, ce n’est pas ça. Ça veut dire que les mubâhâte ne sont pas des adorations. Ça ne sert à rien d’avoir l’intention de se rapprocher d’Allâh par le fait de prendre un repas à midi ou à quatre heure, de manger des pâtes ou des chips, ni par le fait de porter une chemise bleue ou verte. Donc l’intention ne transforme pas les mubâhâte en actes d’adoration. Par contre, tu ne peux pas faire n’importe quoi. Manger n’est pas une adoration, mais tu dois respecter les règles islamiques tout le temps. Quand tu manges, tu peux prendre la nourriture que tu veux, sauf celle qui est interdite. Si tu manges du porc par exemple, tu désobéis. Et tu dois aussi respecter les règles de bon comportement. Si tu manges de la main gauche, par exemple, tu désobéis encore. Donc même si le fait de manger n’est pas une adoration, tu dois obéir à Allâh et à Son messager quand tu manges, c’est clair ? En résumé, pour les mubâhâte, tu es libre de faire ce que tu veux, mais tu ne dois jamais désobéir.
- Bien reçu. Mais tu disais que l’adoration est une activité à plein temps. Ce n’est pas vraiment le cas, alors ? Puisqu’il existe des actes qui ne sont pas des adorations !
- Très bonne question. Tu verras qu’on peut quand même adorer Allâh en permanence ! On peut espérer être récompensé pour les mubâhâte ! Tu aimerais savoir comment, hein ?
- Evidemment !
- Et bien, d’abord, comme l'ont montré de nombreux savants, on peut voir dans les mubâhâte des moyens d’accomplir les actes d’adoration plus facilement et plus correctement. C’est important ça, non ? Et, même, le savant Ibn Taymiyyah a dit qu’il faudrait, dans l’idéal, ne faire les mubâhâte que dans la mesure où elles sont une aide pour l’adoration d’Allâh et qu’on devrait avoir l’intention de s’en servir pour faciliter l’obéissance à Allâh. En gros, on peut arriver à être récompensé par Allâh pour les mubâhâte si on les fait avec l’intention de faciliter les actes d’adoration.
- Y-a-t-il des preuves de ça dans le Coran ou la Sunnah ?
- Bon réflexe, ma fille ! Oui, bien sûr. Comme cette parole authentique du Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, au grand compagnon Sa’d ibn Abî Waqqâs : « Tu seras récompensé par Allâh pour chaque aumône que tu auras faite pour Sa face. Et même pour ce que tu déposes dans la bouche de ton épouse. »
- Tu m’expliques ce que tu veux dire ?
- Et bien les savants ont expliqué que l’acte de mettre un bout de nourriture dans la bouche de sa femme c’est en général un acte de tendresse, pour jouer gentiment. Ce n’est pas de l’adoration. Et pourtant, tu es récompensé par Allâh si tu le fais pour Lui. À partir de là, ils ont conclu que les mubâhâte, faits avec l’intention de plaire à Allâh ou de l’adorer au mieux, deviennent eux-mêmes des adorations. Et donc, un musulman qui mange, boit, dort pour renforcer son adoration - pour jeûner ou pour prier la nuit, par exemple - est récompensé pour ces actes.
- Génial ! Je remercie Allâh pour ça ! Al-hamdu lillâh !
- Et ce n’est pas tout. Écoute ce que dit encore le Prophète. À la fin d’une longue parole authentique, il dit ceci : « Et il y a dans l’intimité avec son épouse une récompense. »
- Ah bon ?
- Les compagnons ont réagi comme toi, ma petite. Ils ont dit : « Comment, ô Envoyé d’Allâh. On a une récompense alors que ce n'est un acte pour assouvir une pulsion, un besoin et un plaisir naturels ? »
- Qu’est-ce qu’a répondu le Prophète ?
- Il a dit : « Voyez ! Si vous commettiez l’adultère, vous seriez punis ou pas ? Et bien, c’est la même chose : si vous restez dans le licite, vous êtes récompensés ! »
- Subhânallâh !
- Oui. Subhânallâh. Faire les mubâhâte pour éviter de commettre des péchés est récompensé par Allâh. Parce que ne pas désobéir à Allâh est une chose qui Le satisfait. Tout est clair pour toi maintenant ?
- Je vois bien maintenant comment on peut être lié en permanence à Allâh.
- Oui. Le croyant c’est quelqu’un qui obéit à Allâh dans tous les domaines de sa vie et à chaque instant. Il cherche à se rapprocher de son Seigneur avec tout ce qu’Il lui a rendu obligatoire et même avec tout ce qu’Il ne lui a pas interdit.
- Y’a pas à dire, Jaddi. L’islam c’est un mode de vie complet qui touche même la façon de voir les choses. Et on est récompensé pour les choses les plus inattendues.
- Très bien. J’ai l’impression que tu as bien compris. Une dernière chose avant que tu ne partes. Même si tu sais qu’Allâh récompense Ses serviteurs quand ils l’adorent et quand ils ne Lui désobéissent pas, il ne faut jamais être satisfaite de toi à cause de tes actes d’adoration. Tu entends ? Jamais ! N’oublie pas que l’adoration t’oblige à te rendre petite devant Allâh. Si tu te sens satisfaite de ton adoration, c‘est comme si tu étais sûre qu’Il l’a acceptée. Et ça, c’est de l’orgueil. Non ! Il faut demander à Allâh qu’Il te pardonne et l’implorer d’accepter tes actes. Ne jamais être sûre. C’est ça le secret. Et les compagnons du prophète, malgré leur valeur, malgré les versets du Coran qui disent qu’Allâh est satisfait d’eux, avaient peur du jugement d’Allâh. Peur, tu entends ? Alors, c’est pas tes prières et tes jours de jeûne qui doivent te rendre sûre de toi. Ce soir tu regarderas les versets 27 à 31 de la sourate 5, Al-Mâ-idah, La Table servie. Allâh nous parle des deux fils d’Âdam, qui Lui avaient fait une aumône. Allâh avait accepté seulement celle de l’un d’eux. Regarde combien il est resté humble alors qu’il savait qu’Allah était satisfait de Lui. Et tu regarderas aussi le verset 6 de la sourate 60, Al-Mumtahanah, L’Eprouvée. Allâh nous dit que Son prophète est un exemple parfait à suivre obligatoirement, mais que si on refuse cela, Allâh n’a pas besoin de notre adoration. Au contraire, c'est nous qui avons besoin de Sa satisfaction.
- L’adoration est un bien pour nous, mais ça n’apporte rien à Allâh, c’est ça ? Que les hommes l'adorent ou pas, ça ne change rien pour lui.
- Exactement. Garde bien cela en tête. L’adoration d’Allâh est un bienfait pour nous. Un bienfait sur cette Terre, puisque les prophètes ne nous ont ordonné que les tayyibâte et ne nous ont interdit que les khabâ-ith. Et tu sais déjà que les tayyibâte, c'est ce qui est bon pour l'homme et les khabâ-ith, c'est ce qui est mauvais pour nous. Et c'est aussi un bienfait pour l’au-delà, puisque notre adoration, si jamais elle est acceptée, nous fera entrer au paradis par la Bonté d’Allâh. Alors n'oublie jamais ceci : ne pense jamais, jamais, jamais, que ton adoration apporte quelque chose à Allâh. Adore-Le du mieux que tu peux, et sois sûre que c'est pour ton propre bien.