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16 septembre 2017 6 16 /09 /septembre /2017 08:00
Hier soir, je préparais le prochain cours sur les prophètes que je fais, une fois par semaine, à mes petits-enfants (surveiller la rubrique « Leçons de prophètes »). Tout cela m'a rappelé la récente visite de Christine, mon ancienne voisine. C'est une prof de français à la retraite, qui a donné des cours de remise à niveau à Safia. Et au fil du temps, elles ont sympathisé. D’ailleurs, elles continuent à se voir régulièrement. Christine est une femme gentille. Elle est chrétienne, elle est pieuse et elle est pudique. Elle s'intéresse pas mal à l'islam, et elle et Safia discutent souvent de religion.

C'était donc mardi dernier. Elles sont venues toutes les deux. Christine voulait me poser des questions au sujet de ce que Safia lui avait dit sur le prophète Jésus :  « Si, si, je t'assure, Christine, Jésus était musulman ! Ainsi que sa mère et les apôtres ».

Christine n'en revenait pas ! Elle ne comprenait plus rien.

- Dites-moi, Jaddi Chrif ! Safia me dit que Jésus était musulman. Pour moi, Jésus était chrétien et il a pratiqué le christianisme, la religion du Christ ! Et l'Islam est la religion de Muhammad, qui est venu bien après, non ?! Jésus ne pouvait pas être musulman...

Cette question m'a fait sourire. À vrai dire, je me demandais lequel de mes petits-enfants avait le mieux compris mon cours sur les prophètes d'Allâh – qu'Allâh les préserve de tout mal
et lequel en parlerait le premier…

- Safia a dit vrai, Christine. Et c'est ce que disent tous les musulmans. Le prophète Jésus était musulman, ainsi que tous les prophètes de Dieu, comme Adam, Noë, Abraham, Moïse, Zacharie et son fils Jean-Baptiste, que nous appelons Yahyâ en arabe. Tous étaient musulmans et tous ont invité leur peuple à rentrer dans l'islam.

Christine était plutôt surprise. Voire déroutée par ce que je venais de lui apprendre. Mais c'est une femme intelligente et elle a réagi en conséquence :
- Mais alors, Jaddi Chrif, je ne comprend pas : c'est quoi ce que vous appelez l'islam ?
- C'est une excellente question Christine ! C'est La bonne question ! Laissez-moi vous expliquer...

Et voici ce que je lui ai répondu :

Depuis que l'homme existe, il n'a qu'une chose en tête : être heureux. De toutes les manières possibles : avec lui-même, avec les autres, avec le monde qui l'entoure. Mais cette quête lui demande beaucoup d'efforts. Car malheureusement, le bonheur ne lui vient pas tout seul. Et l'homme n'est jamais satisfait. Rien ne lui suffit jamais. Alors il passe son temps à chercher à devenir heureux ou à se plaindre de son malheur.

Il cherche tous les moyens d'atteindre le bonheur. Pour cela, il suit des principes personnels, auxquels il croit, auxquels les autres croient aussi, et qui influencent sa manière de vivre : « Je serai heureux quand je serai riche… » ou « Je serais vraiment heureux, si j'avais un enfant… », ou encore « Il faut absolument que j'obtienne cette promotion, cet examen, ce boulot, je ne peux pas vivre sans cette femme ! », etc. On le voit bien, les principes de vie dans ces exemples, ce sont les richesses matérielles et une vie familiale pleine. Beaucoup d'humains sont persuadés que ce sont des principes de bonheur. Ils vont donc tout faire pour les respecter. Ils seront même convaincus que s'ils ne sont pas comblés dans la vie, c'est parce qu'ils n'arrivent pas à atteindre ces buts. Et ils se diront les uns les autres : « Je n'ai jamais eu d'enfant. Quel malheur ! » ou « Ma vie est foutue puisque cette femme a refusé de m'épouser ! » ou encore
« Si j'avais eu ce boulot il y a 10 ans, ma vie aurait été bien meilleure, c'est sûr. ».

Parmi les hommes, certains ont reconnu que Dieu existe. Ils croient en l'existence d'un Dieu unique et tout-puissant, qui a créé toute chose et sans lequel rien n'existe et rien n'est possible. En effet ! Dieu a créé toute chose. Et il a créé l'univers, la terre, le soleil, la lune, l'océan, la nature, le bétail, les fruits et les légumes, l'eau, le jour, la nuit, etc., dans l'intérêt de l'homme. Pour qu'il puisse vivre tranquillement, s'épanouir, et surtout L'adorer. Et tout ce qui existe Lui obéit, et se plie uniquement à Sa volonté et Ses décisions. Toutefois, l'homme est la seule de Ses créatures à laquelle Dieu a laissé le choix de l'adorer ou non. C'est pour cela que tous les hommes ne sont pas d'accord sur les principes à suivre pour atteindre le bonheur.

Certains ont accepté le fait que tout doit obéir à Dieu et ont choisi de vivre selon les principes que Dieu a fixés, c'est-à-dire selon Ses commandements et Ses enseignements. Pour eux, le bonheur se trouve dans l'obéissance au Créateur. Et c'est logique, puisque l'univers tout entier a été créé selon un système cohérent et bénéfique pour l'homme. Et bien l'homme doit entrer en équilibre avec la création, il doit s'intégrer dans cette création pour profiter de ce que Dieu a créé pour lui et atteindre un bonheur parfait. Aussi, satisfaire Dieu et Lui obéir est, pour l'homme, la seule manière d'y parvenir. Tout ce dont on a besoin pour vivre appartient, en effet, au Créateur.

Et justement, l'Islam, c'est ça. C'est le fait de s'abandonner entièrement à la volonté de Dieu. C'est une soumission. Mais une soumission qui préserve et qui protège. C’est une soumission qui procure le vrai bonheur.

Trop souvent, l'homme oublie que seul Dieu est le Maître absolu et que Lui Seul sait et peut tout. À cause de cet oubli, l'homme recherche auprès d'autres créatures – des créatures comme lui
et auprès de principes humains (science, voyance, psychologie, politique, etc.) des solutions que seul Dieu peut lui donner en réalité. Et l'homme finit donc par adorer comme des divinités ces mauvais principes : il leur remet sa vie entière et se laisse influencer dans ses choix et dans son comportement. Il compte sur eux, il croit en eux. Par exemple, l'homme va rechercher dans l'astrologie des réponses sur son avenir. « Dois-je épouser cet homme ? », « Faut-il que j'accepte ce travail ? ». Comme si son horoscope pouvait faire quelque chose pour le rendre heureux ! Comme si son horoscope savait mieux que lui ce qui est bon pour lui !

Les croyants, les musulmans, n'oublient pas que seul Dieu les guide dans cette vie et peut leur donner les réponses à leurs problèmes. Ils sont ainsi protégés de l'égarement et ils sont libres : ils n'ont pas à s'humilier de devoir prendre de faux principes de vie, de devoir compter sur de simples créatures sans pouvoir.

D'autre part, l'islam libère les hommes de leurs peurs et de ces chaînes qui les empêchent de s'épanouir : la peur de la pauvreté, du chômage, de la maladie, des épidémies, de la mort, de l'insécurité, la peur de l'avenir et de l'inconnu... L'homme est l'esclave de ses inquiétudes et de son impuissance devant beaucoup de phénomènes qui le dépassent. Par exemple, les catastrophes naturelles ou les imprévus de toute nature.
Les musulmans, ceux qui suivent l'islam, comprennent, eux, qu'il est inutile de se gâcher la vie en recherchant à maîtriser l'incontrôlable. Ils s'en remettent à Dieu et lui font confiance, quoiqu'il arrive. Car Dieu est Sage et Juste : Il sait ce qu'Il fait, ne fait rien au hasard, et fait les choses comme elles doivent être. Lui seul peut tout. Et rien ne peut aller contre Sa volonté.
Le Destin de l'homme dépend uniquement de la volonté de Dieu. Le comprendre et l'accepter, c'est se libérer d'influences néfastes et d'une peur inutile. C'est aussi se comporter de la manière que Dieu veut, pour Le satisfaire et obtenir le bonheur dans cette vie et surtout dans la suivante !
Car je vous rappelle que la vie sur Terre n'est qu'une épreuve dont le résultat nous fera gagner le Paradis ou rejoindre l'Enfer… qu'Allâh nous en préserve. Donc, si je n'ai pas eu ce boulot que je voulais tant, c'est Dieu qui l'a voulu. Et c'est juste. Je dois l'accepter, le remercier, et continuer à Lui obéir. Mais attention ! Si j'obtiens ce boulot, c’est pareil. C'est Dieu qui l'a voulu. Et je dois continuer à Lui obéir. C'est ce que nous apprennent les verset 15 à 17 de la sourate 89, Al-Fajr, L'Aube. Le bonheur ne se trouve pas dans le fait d'avoir obtenu ce boulot. Il est dans le fait d'adorer Dieu et de Le remercier dans toute circonstances. Et le malheur se trouve dans le fait d'oublier Dieu et de ne plus lui obéir. C'est pour cela que le musulman ne cesse de remercier Allâh quoi qu'il arrive : Al-hamdu lillâhi 'alâ kulli hâl. Si je n'obtiens pas ce que je veux mais que je continue à adorer Dieu, je suis un homme heureux. Et si j'obtiens ce que je veux et que j'arrête d'obéir, en pensant que j'ai enfin atteint le bonheur, je suis un homme maudit.

Vu comme cela, l'islam rend le croyant serein, et la vie sur terre bien plus heureuse. Le musulman est en cohérence avec ce que Dieu attend de lui, il ne cherche de réponse qu'auprès de Dieu et Ses commandements sont un guide de vie bénéfique et sûr. Ainsi, le croyant joue, dans la création, le rôle pour lequel Dieu l'a créé ; il vit donc en équilibre avec le monde qui l'entoure.

Alors, pour être heureux, l'homme doit suivre les principes de Dieu. Et pour nous permettre de lui obéir et de le satisfaire, Dieu a indiqué aux hommes des commandements clairs, qui ont été transmis par les prophètes.
Dieu est Unique, il ne peut donc y avoir qu'une seule religion. Et il est évident que Dieu n'enverrait pas aux hommes des commandements contradictoires pour les égarer. Les prophètes de Dieu ont donc tous reçu le même message. Il est impossible de croire que Dieu a ordonné à un prophète de croire que Jésus était son fils et, à un autre, qu'il est seulement un prophète. On pourrait penser que les prophètes ont menti mais, justement, les prophètes sont choisis par Dieu et Dieu ne choisit pas des menteurs.
Dieu choisit ses prophètes parmi les hommes selon leurs qualités et leur fiabilité. Alors la seule possibilité est que ce sont les hommes, par la suite, qui ont inventé des interprétations de ce message et ont créé plusieurs religions, toutes fausses. Ce sont eux qui ont détruit le message de leur prophète.

À chaque fois, Dieu a envoyé aux hommes un prophète, pour les aider à Lui obéir et pour les remettre sur la bonne voie, après que les hommes ont dévié. Il leur envoie un livre avec Ses ordres et un prophète chargé d'expliquer le livre. Au début, juste après la mort du prophète, les gens continuent à suivre le livre et les explications. Puis, avec le temps, ils se désintéressent de la religion et finissent par l'oublier. Ils abandonnent du même coup le livre et les explications. Parfois même, ils les perdent ou bien les transmettent en y apportant leur grain de sel. C'est comme ça qu'ils changent le contenu du message et s'éloignent de la version originale, génération après génération. « Ça marche exactement comme le 'téléphone arabe' », a remarqué Safia pour plaisanter. C'est une image naïve, c'est vrai, mais c'est à peu près ça. Le message disparaît obligatoirement au fur et à mesure qu'on le transmet sans se référer à la source. Et la source, ce sont les explications du prophète de Dieu.

Ainsi, les hommes se retrouvent dans une situation qui a permis la naissance de plusieurs sectes. Chacune applique sa propre religion, et interprète à sa manière le livre de Dieu, quand celui-ci existe encore. Et comme les explications du prophète sont perdues, personne ne peut dire qui a raison.
C'est pour cela qu'Allah a envoyé des milliers de prophètes, avec une révélation. Pour montrer au gens la vérité et les obliger à revenir dans le droit chemin. C'était le rôle de Jésus et de Muhammad, qu'Allâh les préserve de tout mal. Jésus a été envoyé aux juifs à une époque où ils étaient divisés en sectes. Chaque secte prétendait suivre la religion de Moïse. Jésus a donc reçu de Dieu un livre (Al-Injiî) pour démontrer qui avait raison et qui avait tort parmi ces sectes. Muhammad [qu'Allâh vante ses mérites devant les anges et le préserve] a été envoyé aux arabes, à l'époque où il y avait des idolâtres arabes, des chrétiens et des juifs. Et chacun prétendait avoir la vérité. Le prophète Muhammad a donc reçu le Coran pour distinguer le vrai du faux, corriger les hommes et leur montrer ce que Dieu attendait d'eux.

Aussi, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que, fondamentalement, la religion de tous les prophètes est la même: au niveau de la foi et au niveau de la loi.
Au niveau de la foi, l'islam nous apprend que tous les prophètes ont reçu l'ordre d'apprendre aux hommes qu'il faut obéir à Allâh et rejeter toute autre divinité. Que tout existe par la volonté du Seul Créateur et que rien ni personne ne peut ni ne doit s'opposer à Sa volonté. Le Coran mentionne cela dans le verset 36 de la sourate 16, An-Nahl, Les Abeilles. Il reste des traces de cela dans le christianisme d'aujourd'hui. Lisez le « Notre Père » qui est la prière des chrétiens. C'est une prière à la seule Gloire du Dieu Unique, qui reconnaît que seule la volonté de Dieu s'impose sur la Terre comme au ciel. Et c'est dommage que les chrétiens ne l'appliquent pas réellement.

Au niveau de la loi, tous les prophètes ont enseigné à leur peuple comment obéir à Allâh, en particulier comment faire la prière, comment dépenser son argent pour Dieu, et d'autres choses essentielles. C'est ce que dit le Coran, par exemple à propos du prophète Jésus, dans le verset 31 de la sourate 19, Maryam. Et on trouve des traces de cela dans l'Évangile selon Luc, qui raconte l'épisode du mont des Oliviers où Jésus a prié le Créateur, à genoux.

Pour le prophète Muhammad, les choses se sont passées de la même manière, même si ce cas est spécial. D'abord, il est le dernier prophète. Allâh nous l'apprend dans le verset 30 de la sourate 33, Al-Ahzâb, Les Groupes. Ensuite, le message qu'il a transmis est valable jusqu'à la fin des temps. Ce message c'est le Coran plus son explication, qu'on appelle la Sunnah prophétique. Toutefois, comme les juifs et les chrétiens d'hier et d'aujourd'hui, les musulmans se sont eux aussi divisés sur beaucoup de questions importantes. Regardez par exemple sur la question du voile de la musulmane. Certains affirment que c'est une obligation divine, d'autres disent que ce n'est pas obligatoire du tout. Quelle divergence !
Pourtant, et c'est la différence avec les autres religions, le texte du Coran, qui est la parole d'Allâh est encore disponible dans sa forme originale, en arabe, et chaque musulman peut retrouver la pratique et la croyance du prophète, grâce au travail impressionnant des savants de l'islam. Ceux-ci, et ils sont des milliers, ont rappelé, en se fondant sur des sources vérifiées et authentiques, comment le prophète a expliqué et pratiqué le Coran. Et c'est notre seul modèle en matière de religion. Grâce à tout cela, la religion pratiquée par Muhammad a été préservée et on peut savoir qui a raison entre ceux qui veulent porter le voile et ceux qui n'en veulent pas. Quand je dis « grâce à tout cela », je veux dire, bien sûr, « grâce à Dieu ». Car comme le dit le verset 9 de la sourate 15, Al-Hijr, c'est Allâh qu'on doit remercier pour avoir protégé Lui-même Son message.

- Voilà, Christine, pourquoi Safia disait juste. Tous les prophètes de Dieu étaient bien musulmans et ils ont tous invité leurs peuples à rentrer dans l'islam. À se soumettre à Allâh, pour leur bien. Et ils ont transmis le même message : les commandements de Dieu. Et il est sûr et certain que, avant que les hommes divergent, le message était clair au niveau de la foi et au niveau de la loi. Le Prophète Muhammad est le dernier prophète que Dieu a envoyé sur Terre. Il n'y en aura pas d'autre. Et le message qu'il a révélé, c'est-à-dire l'islam, est la seule manière, aujourd'hui, d'obéir à Dieu, de Le satisfaire et d'être heureux dans cette vie et dans la prochaine. Et c'est parce qu'il n'y avait aucun moyen de trouver la vérité que Dieu a envoyé ce dernier prophète il y a plus de 1400 ans. Et Muhammad reste encore aujourd'hui et pour le reste de l'humanité la seule voie vers le Créateur.
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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 14:04

 

- C’est exactement pour cela que certains prétendent que les musulmans ne sont pas responsables et qu’ils ont besoin de garde-fous pour rester tranquilles. Un être humain doit pouvoir se contrôler de lui-même, s’il est responsable. On n’est pas des animaux. Voilà ce qu’ils disent.

 

- Cette critique rejoint la précédente. Elle n’a aucun fondement non plus. Pas responsables ? Peut-on croire que c’est uniquement parce que les musulmans cachent leur corps et baissent le regard qu’ils ne succombent pas au libertinage ? Bien sûr, moins on est tenté, moins on succombe. Mais même dans les sociétés où le voile est obligatoire, les gens peuvent commettre de gros péchés. À l’époque de la Révélation et au temps du califat des compagnons, c’est arrivé. Mais sans garde-fous, la bonne moralité, la bonne volonté des gens et leur responsabilité sont mises à rude épreuve. Ça ne signifie pas pour autant qu’ils sont irresponsables. L’être humain a besoin d’aide et c’est ce qu’Allâh lui offre. Regardez, même pour des actes que la morale réprouve très fortement ici même en France, ne pas mettre de rempart est une catastrophe. On l’a déjà vu avec le mariage d’un homme avec sa belle-mère, sa belle-fille, sa tante ou sa nièce. Des actes réprouvés par la morale mais que l’État a dû réglementer quand même. Bien sûr, il les a réglementés d’une façon dramatique mais l’important pour notre propos c’est que cela montre que la morale n’est pas un garde-fou suffisant. Et que dire de cette abomination, la plus écoeurante de toutes, qui concerne les relations intimes avec les animaux ? Ce qu’on appelle la bestialité. Qu’Allâh nous en protège ! Qui a envie de cela ? Et pourtant cette pratique existe depuis longtemps. Elle était même légale en France jusqu’en 2004, au point qu’on pouvait en louer des films légalement et facilement. Elle reste d’ailleurs légale dans certains pays, et quelques États des États-Unis. Vous voyez, même pour les actes les plus abjects, sur lesquels tout le monde s’accorde, on ne peut faire confiance à la seule responsabilité des gens. L’irresponsabilité, c’est plutôt la complicité de l’État qui rend légaux des actes que la morale et la raison, la nature humaine réprouvent !

- Donc c’est encore plus difficile pour des actes qui ne sont pas pénalisés et qui ne sont pas mal vus dans la société, comme le fait de prendre des amants et des maîtresses.

- Exactement. Mettre des remparts comme le voile et la non-mixité ne signifie pas que les croyants sont jugés irresponsables. Dans des pays comme la France, par exemple, ce n’est certainement pas le voile et les habits seuls qui empêchent l’adultère mais bien la responsabilité des croyants. Et cette responsabilité est fortement encouragée par le Prophète, ‘alayhi-is-salâm, dans le hadith que nous étudions là.

- Dans le hadith ?

- Oui. Vous ne voyez pas ?

- Si. Quand il nous demande de penser à la mort et à l’Au-delà ?

- Exactement, Safia. Le voile et la non-mixité sont des aides pour se préserver. S’ils suffisaient, le Prophète n’aurait pas eu besoin d’ajouter autre chose. Mais la préservation proprement dite c’est de rester attaché à Allâh, d’espérer dans Sa bonté et de craindre Son châtiment. C’est cela qui protège, qui rend le musulman responsable et digne. Et c’est pour cela qu’il n’a pas de problème pour rester pudique avec sa belle-mère, sa nièce, sa tante, alors qu’il peut voir leurs cheveux. Et c’est pour cela que les musulmans arrivent à rester chastes dans une société qui ne l’est pas. Ils obéissent à Allâh en toutes circonstances, pas parce qu’ils sont vicieux ou irresponsables, mais parce qu’ils sont conscients de la présence d’Allâh, qui les voit, les entend et qui va les juger dans l’Au-delà. Vous comprenez ?

- Oui, c’est clair, Jaddi. Mais quand tu disais qu’il y a une égalité entre les hommes et les femmes, ce n’est pas tout à fait exact. Et c’est sur des « inégalités » concrètes, comme pour le voile, que les gens critiquent l’islam.

- Eh bien, si. Je persiste. Il y a égalité dans le traitement qu’Allâh réserve aux croyants, qu’ils soient des hommes ou des femmes. Le hadith que nous étudions est général, il s’adresse à tous, de la même manière. Ils doivent tous baisser le regard et s’habiller de manière pudique. Ils doivent tous cacher la ‘awrah, avec des vêtements qui ont les mêmes caractéristiques. Des vêtements qui ne permettent pas de voir, ni de deviner la ‘awrah. Si on voit la ‘awrah, l’homme et la femme sont fautifs de la même manière devant Allâh…

- Mais il y a quand même des différences…

- Entre les hommes et les femmes ?

- Oui.

- Oui, bien sûr. Au niveau physique, déjà. Leurs corps sont différents. Et puis la maternité, les taux et les cycles hormonaux, la répartition des graisses, la pilosité, la peau, les traits du visage, le front, les sourcils, le nez, le menton, les pommettes, les lèvres, la mâchoire, la poitrine, le bassin…

- Heu, ce n’est pas de cela que je voulais parler Jaddi.

- Toi, tu veux parler des différences dans la ‘awrah, dans les parties du corps à ne pas dévoiler, hein ?

- Oui.

- Tu vois bien que le corps de l’homme et celui de la femme sont différents. Il n’y a rien de surprenant à ce que leur ‘awrahle soient aussi. Il y a inégalité quand on considère différemment des choses identiques, mais pas quand on considère différemment des choses différentes. En plus, la ‘awrah, c’est Allâh qui décide de son étendue, comme c’est Lui qui décide des différences entre les hommes et les femmes sur la maternité par exemple. Pour nous les croyants, il n’y a pas de différence entre ces deux types de décisions, tu vois. Elles sont justes, pleine de bonté et de science, on doit les accepter et on doit s’y conformer.

- Oui, je comprends, bien sûr. Mais comment peut-on le justifier auprès des non-musulmans ?

- Vous savez, ceux qu’il faut convaincre en priorité sont nos frères et sœurs qui ont quelques défauts dans leur pudeur. Ensuite, si vous voulez expliquer les choses aux non-musulmans, il faut le faire à ceux qui le méritent. C’est-à-dire les gens sincères, qu’on fréquente, notre famille, nos voisins, nos collègues, et qui sont désinformés par les politiques, ceux qu’on appelle les « intellectuels » et les journalistes. Il faut leur dire que la pudeur est différente d’une culture à une autre. Dans une même culture, par des effets de mode, la pudeur peut changer d’une époque à une autre. Et également d’un individu à une autre dans une même culture. En France, les gens ne sont pas identiques. Certains se couvrent plus que d’autres. Certains sont gênés de dévoiler leur corps et de regarder le corps des autres, d’autres pas du tout. Il y a quelques décennies en France, les femmes se couvraient la tête. Même les sportifs se dévoilaient moins qu’aujourd’hui, et jouaient au tennis en pantalon par exemple. De nombreuses religieuses se couvrent encore la tête. Dans certaines cultures touarègues, les hommes se voilent le visage devant les étrangers. Et à chaque fois cela est lié à une conception particulière du corps, des relations entre les gens dans les sociétés, et de la pudeur. C’est pareil pour les musulmans et la culture islamique. On couvre certaines parties de son corps. C’est une culture qui date de l’époque de la Révélation. Dans cette culture, on ne voit pas une femme cheveux au vent dans la rue, comme on ne voit pas un homme avec un pantalon qui dévoile ses sous-vêtements ou un pantalon près du corps. On ne voit pas d’hommes qui regardent les femmes ou qui les sifflent. Et on ne voit pas non plus de couples, malgré leur légitimité, s’embrasser en public. C’est ainsi qu’ils conçoivent la pudeur. Et ils croient  fermement que cette conception leur vient de Dieu.

-  Une conception qui leur vient de Dieu. Oui, comme ça, c’est bien.

- Al-hamdu lillâh. Pour finir, avec l’aide d’Allâh, je voudrais aborder un dernier problème qui bloque un peu les sœurs qui voudraient porter le voile. Il peut arriver qu’on leur dise que le voile, il faut le mettre tout le temps ou alors que ce n’est pas la peine de le mettre.

- Barakallâhu fik, Jaddi, je voulais justement poser la question. Souvent les sœurs qui travaillent ou qui vont à l’école ont ce problème et ce n’est pas facile pour elles.

- Wa fîk bârakallâh. En fait, rien n’est facile, sauf ce qu’Allâh facilite. Il faut donc demander à Allâh de faciliter. C’est simple. Et de notre côté, il faut Lui montrer qu’on est de bonne volonté, qu’on cherche à Lui obéir. On a vu que mettre le voile peut être ressenti comme difficile dans cette société. Dans certains endroits, il est interdit, les gens regardent de travers et sont même un peu agressifs parfois. Il y a des sœurs timides qui n’aiment pas attirer l’attention, ou qui ont un peu peur de se faire agresser. Il y a déjà beaucoup de pression. Si on leur dit qu’elles doivent le mettre définitivement ou rien, on ajoute une pression inutile. Cela conduit les femmes qui vont à l'école ou qui travaillent à ne pas porter le voile du tout. Il faut s’entraider et se soutenir et ça commence par leur donner de bons conseils pour les aider à franchir le pas. Le conseil que je leur donne, c’est de commencer à porter leur voile dans les endroits où elles le peuvent. Qu'elles n'enlèvent le voile que dans les endroits où elles n'ont pas le choix. Si unetelle n'arrive pas à quitter l'école et à étudier autrement, elle peut mettre le voile partout sauf à l'école. Mais elle n'est pas obligée d'abandonner le voile. Surtout pas. Quand elles vont à la mosquée, plutôt que de le mettre une fois arrivée, c'est mieux de le porter sur tout le trajet. Tout comme sur le chemin pour aller au travail, à l'école. Elles peuvent également s’entraîner à le porter un peu dans la rue, puis de plus en plus souvent. Pour arriver à le porter partout où on ne les en empêche pas. Montrer à Allâh qu’on fait des efforts, qu’on essaie.

- Oui, mais on doit accepter l’islam en totalité une fois pour toute, et le suivre en toutes circonstances, non ?

- C’est vrai, mais justement ces sœurs ont accepté l’islam et le voile. C’est juste des petits problèmes à régler. Toutes les sœurs ne sont pas capables de porter le voile tout le temps du jour au lendemain. Et pour celles qui ont des difficultés, faire des efforts, même petits, c’est mieux que d’attendre indéfiniment d’être complètement prêtes. Elles peuvent porter le voile pour commencer là où elles ressentent moins de pression. Qu’elles s’habituent peu à peu. Le fait de s’habituer à une pratique religieuse est très important pour l’accepter. Chacune à son rythme. Et si beaucoup de sœurs font cela, il y aura de plus en plus de voiles dans les rues et ce sera de plus en plus facile de franchir le pas. Je conseille à mes sœurs de faire selon leur possibilité, et d’avancer à leur rythme sans reculer, et de fréquenter des femmes qui sont plus avancées qu'elles dans ce domaine. Montrer à Allâh qu’on va vers Lui et Lui nous aidera. Et si une sœur sent, pour une raison ou une autre, qu'elle soit valable ou pas, dans l’impossibilité de le porter même de temps en temps, qu'elle croit qu'il est obligatoire et qu’elle espère le porter un jour, elle peut quand même avancer progressivement et montrer à Allâh qu’elle agit, même modestement.

- Comment ?

- Eh bien, en enlevant par exemple les photos d’elles qui sont visibles par les autres, chez elle ou sur Internet. Elle peut aussi se préparer en se procurant une tenue pudique dans le sens de l’islam. Le jour où Allâh aura facilité à ces sœurs, il leur faudra juste aller dans leur armoire, tout sera prêt. D’ailleurs, pour finir, on pourrait conseiller à ceux qui fabriquent et proposent des voiles et des tenues pour les femmes musulmanes de communiquer sur la pudeur et de diffuser l’information qu’elle concerne à la fois les hommes et les femmes. S’ils proposent également des vêtements pour les hommes musulmans, c’est encore mieux. Et puis, ils doivent penser à des modèles qui vont encourager les croyantes à se voiler. Ces frères et sœurs qui fabriquent et vendent des vêtements pour les musulmans, si leur intention est sincèrement de plaire à Allâh, font œuvre d’utilité publique. Ils sont utiles à leur communauté et le Prophète, ‘alayh-is-salâm, nous a appris, dans un hadith bon, que le meilleur des hommes est celui qui est le plus utile aux hommes. Si en plus ils encouragent les musulmans, hommes et femmes, à revenir à l’islam pour s’habiller et se préserver, ils auront fourni une aide complète. Cette sorte d’aide pour laquelle notre Créateur a fait de nous la meilleure communauté qui a peuplé cette Terre.

- Bârakallahu fîk, Jaddi.

- Wa fîkum bârakallâh, mes enfants. Qu’Allâh nous aide à L’adorer en permanence et nous pardonne. Qu’Il fasse que nous avancions vers la perfection et que nous ne reculions pas. Qu’Il aide les musulmans à présenter l’islam de la façon la plus claire et la plus juste possible et fasse d'eux la cause de la conversion des autres. Qu’Il fasse enfin que les musulmans s’unissent sur la vérité, dans leurs paroles et dans leurs actes.

- Âmîne.

 

FIN

 

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 11:40

- Alors, Hasan, comprends-tu pourquoi ce sujet te concerne autant que tes sœurs ?

 

- Oui, très bien. La pudeur, c’est de ne pas utiliser l’ensemble de son corps et de son coeur d’une manière qui déplaît à Allâh. De tout faire pour qu’Il ne nous voie pas faire de mauvaises choses.

- Bien. Voilà donc le voile islamique remis dans son contexte. Un contexte large qu’on ne peut pas laisser de côté quand on évoque cette question. Donc il faut réfléchir sur ce hadith et en tirer les nombreuses leçons, pour le mettre en pratique et pour comprendre combien les arguments de ceux qui sont contre le voile ne sont pas solides. Et surtout, ce hadith nous permet de ne pas être influencés par les critiques.

- C’est vrai que certaines critiques peuvent faire douter, surtout quand elles sont répétées en boucle, même par des musulmans, et qu’on entend qu’un seul son de cloche.

- Les paroles du Prophète, ‘alayh-is-salâm, sont là exactement pour cela et elles suffisent, par la grâce d’Allâh. Il nous apprend exactement ce qu’est le voile aux yeux d’Allâh. Tout le reste n’a pas d’intérêt. Alors, d’abord porter le voile n’est pas le signe d’une revendication politique, ni d’un malaise. Il est obligatoire pour toutes les femmes. Il n’est pas le signe de problèmes psychologiques, sociaux ou économiques. Les musulmanes riches comme les pauvres ont de tout temps porté le voile.  Si le voile revient en force en France, et dans le monde, depuis quelque temps, ce n’est pas pour marquer une différence, mais parce que les musulmans apprennent leur religion et que cela a des conséquences. Comme conséquence, il y a un attachement plus grand à la pratique de l’islam. Toutes ces critiques ne servent qu’à marginaliser les musulmanes voilées pour faire croire qu’elles sont à part, qu’elles sont inquiétantes et dangereuses, mais il suffit de leur parler pour voir la manipulation politique et médiatique. Demandez-leur ? Pourquoi portent-elles le voile ? Qu’est-ce qui les a convaincues ? Comment  essaient-elles à leur tour de convaincre leurs sœurs de porter le voile ? Elles répondent toutes que c’est l’obéissance à Allâh, l’envie d’être pudique comme Il le veut qui les motivent. C’est la récompense d’Allâh aussi. Et bien sûr la peur du châtiment. Voyez, ce sont des musulmanes comme les autres qui recherchent ce que recherche tout croyant : la satisfaction d’Allâh. Et au sujet des compliments qu’on leur fait parfois, elles ne sont pas non plus des femmes qui ont attendu d’atteindre un haut niveau de spiritualité pour arriver à porter le voile.

- D’ailleurs, beaucoup de femmes ont commencé à porter le voile avec quand même quelques doutes au fond d’elles, une gêne, et quelque temps après elles avouaient qu’elles n’auraient plus pu s’en passer, qu’elles se seraient senties découvertes sans lui.

- Très bonne remarque, Safia. Les femmes qui portent le voile n’ont pas toutes le même parcours. Elles sont exactement à l’image de la communauté islamique. C’est vrai sans doute que certaines ont réfléchi et attendu d’avoir un certain niveau de compréhension pour le porter, pour pouvoir dépasser leur timidité. Mais ce n’est pas toujours comme cela. Les circonstances sont diverses. Certaines le portent après avoir fait le pèlerinage, d’autres au moment où elles se marient, d’autres parce qu’elles sont encouragées par des amies voilées ou la famille… Il n’y a pas qu’un seul profil et les occasions sont diversifiées. Par contre la motivation dans le fond est bien à chaque fois d’obéir à Allâh, d’espérer Sa récompense. Et plus encore, c’est de porter le voile qui rend le voile indispensable. C’est en portant le voile qu’on en arrive à aimer le voile et à ne plus pouvoir s’en passer. 

- Mâ châ Allâh, c’était comme ça pour moi.

- Autre chose aussi, mes enfants, ce hadith nous montre que le voile ne marche pas seul. Il marche avec la pudeur d’une manière générale, on l’a déjà dit. Or ce qu’on appelle le voile finalement ce n’est qu’un bout de tissu qu’on met sur la tête. Quand on parle de voile, on doit aussi parler de se couvrir les parties du corps qu’on ne doit pas montrer à n’importe qui. C’est ce qu’on appelle la ‘awrah, en arabe. Quand on parle du voile, on doit aussi parler de baisser le regard et ne pas regarder les choses qu’Allâh nous interdit de regarder, de ne pas écouter ce qu’Allâh nous interdit d’écouter, de ne pas parler d’une manière impudique, de ne pas aller dans les endroits interdits, de ne pas toucher ce qu’Allâh nous interdit de toucher, de ne pas se retrouver dans des lieux où les hommes et les femmes sont mélangés, de ne pas rester seul avec une personne de sexe opposé…

- La mixité ?

- Oui c’est bien cela. C’est un sujet qui marche avec la question du voile. Quand on critique le voile, on critique le principe islamique de la non-mixité, et vice-versa. Parce que si la mixité n’était pas aussi répandue, la question du voile serait un détail, étant donné que les femmes peuvent ne pas se voiler devant d’autres femmes.

- La mixité est l’un des principes de base de la République, justement. Elle est une facette de l’égalité totale entre les individus. Selon les valeurs républicaines, les individus ne sont pas caractérisés par leur sexe.

- Oui, Hasan, c’est effectivement ce qu’ils disent. Mais c’est discutable et ce n’est pas comme cela que l’islam présente les choses. D’ailleurs vous savez peut-être qu’aujourd’hui en Occident, notamment en Europe du Nord, on s’interroge sur les côtés négatifs de la mixité dans des endroits comme l’école. Ils ont fait des essais dans certaines écoles et ont montré que la séparation des garçons et des filles présentait des avantages. Ils déduisent de ces expériences que garçons et filles apprennent moins bien dans une classe mixte. Et tenez-vous bien, mes enfants, ce principe de mixité qui est censé assurer l’égalité entre les individus, eh bien, les garçons et les filles y réagissent différemment. Le sexe des individus ne s’efface jamais et il intervient toujours dans les situations de mixité. Vous vous rendez compte ? Des gens très sérieux, qui sont pourtant attachés à la République et à la laïcité, commencent à discuter de cela en France. Bref, passons. Donc on a dit que le voile ne marche pas tout seul. Il marche avec d’autres choses. D’un point de vue général, il marche avec l’ensemble des adorations, comme dans le hadith dont on a parlé. Mais regardez aussi les versets 1 à 9 de la sourate 23, Al-Mu-minûn, Ceux qui ont l’îmâne, qu’est-ce que vous remarquez ?

- Eh bien, Allâh donne la liste de grandes qualités qui font entrer les gens au Paradis. Et dans cette liste, on trouve, c’est vrai, des choses comme l'accomplissement de la prière sincère à son heure, le respect de sa parole et aussi le fait de ne pas dévoiler certaines parties de son corps.

- Voilà. Ça, c’est de manière générale. D’un point de vue plus précis maintenant, Allâh, quand Il parle du voile, parle aussi du vêtement qui couvre le corps, de la chasteté et également du regard. Regardez le verset 31 de la sourate 24, An-Nûr, La lumière. Vous voyez, la pudeur réunit toutes ces choses. On ne peut pas parler de l’un sans parler des autres. On ne peut pas pratiquer l’un sans pratiquer les autres. 

- Et s’il manque une de ces choses, on n’est pas pudique, alors ?

- Non, ce n’est pas comme cela. Tu fais bien de poser la question, Zeynab. Le hadith dont nous avons parlé nous apprend ce qu’est la pudeur parfaite. Plus on pratique ces choses, pour Allâh, et plus on est pudique. Et ça n’a aucun sens de prétendre qu’on peut être pudique sans avoir à porter le voile, ou qu’une femme non voilée peut être plus pudique qu’une femme voilée. Je n’aime pas du tout ce genre de remarques car elles ne sont basées sur rien. Elles ne font que minimiser l’importance des ordres d’Allâh. Et puis, avec ce genre de raisonnement, on ne s’arrête jamais. On peut dire qu’une femme en minijupe peut être plus pudique qu’une femme en robe longue, puis qu’une femme en maillot de bain peut être plus pudique qu’une femme en short… C’est sans fin. Et pourquoi ne pas dire alors que celui qui ne jeûne pas peut se priver davantage pour Allâh que celui qui jeûne ? Nous sommes une communauté et nous avons reçu l’ordre de la part d’Allâh de nous encourager mutuellement à suivre la vérité et à nous corriger. Nous avons besoin les uns des autres pour adorer Allâh. Pourquoi ? Parce que nous sommes faibles, chacun à notre façon. Pour les questions religieuses, chacun a ses manquements, chacun a ses forces. Porter le voile est une force parce que c’est une obéissance à Allâh. Et on ne peut pas minimiser une obéissance à Allâh. Une femme qui porte le voile mais qui porte des pantalons ou dit parfois des paroles impudiques, ça existe. Et une femme qui ne porte pas le voile et qui porte des robes longues et larges, ça existe aussi. Porter le voile et porter des vêtements qui cachent le corps, ainsi que ne pas dire de paroles impudiques ont le même statut : ce sont des ordres d’Allâh, des éléments de la pudeur et de l’adoration. On ne doit en négliger aucun. Ni minimiser les ordres d’Allâh, ni les séparer. On ne va pas demander à une sœur qui porte le voile mais qui porte des vêtements serrant d’enlever son voile, ni à une sœur qui s’habille bien mais qui n’est pas voilée d’arrêter de mettre des robes longues. Il faut aider les musulmans dans ce qu’ils font de bien et les corriger dans ce qu’ils font de mal.

- Et il faut savoir accepter le bon conseil !

- Évidemment, c’est la base de tout. Donc la pudeur ne se résume pas à l’un de ces éléments. Il faut l’ensemble comme nous l’apprend le hadith. Et c’est ce qu’il faut comprendre avec le voile. Le voile marche, comme on l’a dit, avec le fait de couvrir certaines parties du corps, la ‘awrah, et avec le regard. Quand on parle du voile, on ne parle en général que du tissu qu’on doit mettre sur sa tête. Mais en fait ce tissu doit recouvrir l’ensemble de la ‘awrah. La tête et les cheveux en font partie. Mais surtout, remarquez une chose, avec le verset 31 de la sourate 24, An-Nûr, La Lumière : non seulement la femme ne doit pas être vue mais elle ne doit pas non plus regarder. Voyez, elle ne doit pas montrer certaines parties de son corps, mais elle ne peut pas non plus regarder les mauvaises choses, les choses illicites, le corps des autres. Les femmes voilées ne veulent pas qu’on les voit, et elles ne veulent pas voir les autres non plus.

- Mais la pudeur, ça ne concerne pas seulement les femmes, Jaddi, n’est-ce pas ?

- Oui, c’est le point que j’allais aborder, Zeynab. C’est un des soucis quand on parle du voile sans parler de la pudeur. On a l’impression qu’il n’y a que la femme qui doit se couvrir. À quoi penses-tu, au juste ?

- Je pense au verset 30 de la sourate An-Nûr, juste avant celui dont tu nous as parlé. Ce verset, qui évoque le regard et la préservation de son corps, s'adresse aux hommes.

- Exactement, et c’est un point sur lequel il faut s’arrêter. Tu vois, Hasan, le sujet te concerne encore. L’une des principales critiques contre le voile est de dire qu’il est injuste car il ne s’applique qu’à la femme. Cela tend à diviser la communauté. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. Non. Les hommes et les femmes font partie de cette communauté, de la même façon. Les obligations et les interdictions concernent les deux, de la même manière. Quand Allâh ordonne à la femme d’être pudique, Il ordonne à l’homme d’être pudique. Quand Il ordonne à la femme de cacher certaines parties de son corps, Il ordonne à l’homme de cacher certaines parties de son corps. Quand il ordonne à la femme de baisser le regard et de ne pas regarder le corps des autres, il ordonne à l’homme la même chose. Il n’y a pas de différence. La femme doit se couvrir et l’homme ne doit pas la regarder. C’est pareil dans l’autre sens. Mais l’homme ne doit pas regarder les femmes qui ne sont pas couvertes non plus. Ce sont des dispositions pour protéger la société du libertinage et de l’adultère, et pour inciter les individus au respect de soi. L’une ne va pas sans l’autre. Pour que les individus soient dignes et les sociétés saines. Ce n’est donc pas une question de vice, comme l’affirment ceux qui accusent les musulmans, surtout les hommes, d’être des vicieux qui sont obligés de cacher les femmes pour réfréner leurs envies.

- C’est lamentable ! J’ai même entendu une sociologue belge dire que si les musulmans voilaient leurs filles c’est pour échapper à leur… Comment elle disait, déjà ? Ah oui ! À leur pulsion incestueuse ! Subhânallâh !

- Eh bien ! Certains n’ont peur de rien. Mais la communauté musulmane est au-dessus de cela. L’homme ne regarde pas les femmes, qu’elles soient voilées ou pas. La femme, c’est pareil. Les musulmans ont compris que la pudeur ne résidait pas dans les seuls vêtements. C’est une question de dignité et de respect de soi, d’abord, et d’harmonie sociale ensuite. D’abord, le musulman et la musulmane ne peuvent dévoiler certaines parties de leur corps devant les étrangers, avec lesquels ils pourraient se marier, c’est vrai. Ils peuvent par contre les dévoiler devant leurs proches, que la religion définit comme ceux qu’ils ne pourront jamais épouser, et plus encore devant leur conjoint. Mais malgré cela, l’homme restera pudique avec son épouse et avec ses proches et ne dépassera pas les limites de la dignité et du respect de soi. Même quand il sera seul, il ne se dévêtira pas sans raison. On voit bien là que n’est pas une question de vice, ou d’incapacité de réfréner ses envies. Ensuite, c’est une question d’organiser la vie en société. Une femme se voile devant son voisin qu’elle connaît pourtant depuis vingt ans. Est-ce parce qu’il est vicieux ? Mais quand cet homme se marie, la mère de son épouse, qui était une étrangère pour lui jusque-là, peut maintenant se dévoiler devant lui. Il ne serait donc plus vicieux ?  Alors que sa belle-sœur doit continuer, elle, à se voiler devant lui et il ne peut pas le regarder. Alors, vicieux, pas vicieux ? On pourrait penser que les risques de tomber dans l’adultère et le libertinage sont naturellement absents avec la belle-mère parce que la morale commune l’interdit. Eh bien, le risque existe et ce genre de relations se produit, notamment en France. Elles sont même dépénalisées en France où la loi prévoit la possibilité d’épouser officiellement sa belle-mère ou sa belle-fille, et même sa tante ou sa nièce, dans certains cas. Donc en islam, si les individus ne sont pas libres de montrer leur corps et de regarder celui des autres, c’est une question d’organisation de la société par Allâh. Quand un homme et une femme se marient, les beaux-parents changent de statut tandis que les beaux-frères et les belles-sœurs, non. Et ce n’est pas parce qu’ils n’auraient pas de morale et seraient vicieux. La pudeur, dans son sens islamique, est une nécessité pour organiser la société et les rapports entre les êtres, les préserver et les purifier. C’est d’ailleurs une des fonctions que les prophètes ont eu à remplir auprès des peuples[1]. Le voile, les habits, le regard, les paroles, la non-mixité… tout cela participe à cette organisation sociale.

- C’est exactement pour cela que certains prétendent que les musulmans ne sont pas responsables et qu’ils ont besoin de garde-fous pour rester tranquilles. Un être humain doit pouvoir se contrôler de lui-même, s’il est responsable. On n’est pas des animaux. Voilà ce qu’ils disent.

- Cette critique rejoint la précédente. Elle n’a aucun fondement non plus. Pas responsables ? Peut-on croire que c’est uniquement parce que les musulmans cachent leur corps et baissent le regard qu’ils ne succombent pas au libertinage ?



[1] Voir notre livre, Jaddi Chrif raconte les Prophètes. Tome 1. Message et Prophètie. Éditions Avant l’Heure, 2009.

 

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 10:46

- Mais pourquoi, dans ce cas, ils ne discutent que du voile ? Il y a bien d’autres adorations que les musulmans  pratiquent en minorité, non ?

- Ils ne discutent pas que du voile justement, Zeynab ! Toutes les pratiques religieuses, visibles et publiques, qui sont pratiquées par une minorité de musulmans sont discutées. On ne discute pas du fait que les musulmans prient mais on en discute quand ils prennent au sérieux le fait de prier à l’heure et qu’ils organisent leur journée, ou choisissent un travail, en fonction de cela. On ne discute pas du fait que les musulmans ne boivent pas d’alcool mais on en discute quand ils ne se mêlent pas aux réunions alcoolisées ou demandent à ce qu’il n’y ait pas d’alcool à table. Par contre, on ne discute pas du jeûne. Pourquoi ? Parce que la très grande majorité des musulmans jeûnent. La norme, c’est de jeûner. Ceux qui ne jeûnent pas sont hors norme. Alors pour les gens, le jeûne est bien une prescription islamique. Même les politiques et les journalistes n’osent pas prétendre le contraire. Et de ce fait, on n’imagine pas que quelqu’un ne jeûne pas sans avoir une raison islamique pour cela. Ainsi quand il s’agira de permettre au footballeur de ne pas jeûner les jours de match, le sélectionneur de l’équipe de France va prétendre que « l’islam permet de ne pas jeûner quand c’est difficile ». Vous voyez ? L’islam est revenu au cœur des discussions dans ce cas. Personne ne va discuter le caractère obligatoire du jeûne en islam ! On ne fait pas comme pour le voile en disant qu’il y a deux avis et deux écoles pour le jeûne : une école qui dirait qu’on doit jeûner, et une école qui dirait qu’on n’est pas obligé de jeûner.

- Mais oui, c’est clair !

- Ce sont uniquement les pratiques visibles, publiques qui sont discutées lorsqu’elles sont accomplies par une petite partie des musulmans. Et dans ces cas-là on ne cherche pas l’avis de l’islam, on ne fait plus référence à l’islam. Un jour, l’une de mes collègues m’a vu avec des écouteurs sur les oreilles à mon bureau. Elle m’a demandé ce que j’écoutais. Quand je lui ai dit que c’était le Coran, elle s’est écriée : « Oh ! Mais donc vous êtes intégriste ! »

- C’est impressionnant ! Juste pour ça ?

- Oui, juste pour ça. Mais ce n’est pas rien. Elle a perçu comme une pratique rare le fait que je tienne à écouter le Coran jusqu’au travail. Pour elle, il y a peu de musulmans qui écoutent le Coran comme cela. Elle m’a perçu comme appartenant à une minorité et a assimilé cela à de l’intégrisme, une exagération dans laquelle la majorité des musulmans ne tombent pas. Elle n’a pas essayé de voir le rapport entre écouter le Coran souvent et l’islam, elle a juste vu mon attachement au Coran comme quelque chose de rare, donc de suspect. 

- Suspect ? Oui, ça y ressemble, Jaddi.

- C’est comme cela qu’on parle des minorités. On ne cherche pas à savoir si les femmes voilées ont raison ou pas religieusement, non. On discute des raisons « pas nettes » pour lesquelles elles tiennent à porter leur voile. Quelles sont leurs revendications politiques, ethniques, sociales ? Pourquoi cherchent-elles à se distinguer de la masse ? Pourquoi cherchent-elles à se montrer, à en faire trop, à sortir de la norme ? Et on s’interrogera sur les problèmes psychologiques, ou économiques et sociaux, qui leur sont spécifiques. Ont-elles quelque chose à prouver ? Ont-elles été forcées ? Par leur père, leur frère, leur mari ? Sont-elles timides, soumises ? Se sentent-elles inférieures aux hommes ? Pourquoi ne s’émancipent-elles pas ? Quelle structure psychique les pousse à se laisser manipuler de la sorte ? Pourquoi ont-elles cette lecture rétrograde et minoritaire de l'aspect vestimentaire ? Et accessoirement, dans un souffle humaniste dégradant, comment faire pour les sortir de leur galère ? Voilà ce que c’est que de les traiter en minorité. En fait on oublie le lien entre le voile et l’islam et on cible uniquement la porteuse du voile.

- Et c’est pareil, comme tu l’as dit tout à l’heure, dans l’autre sens, non ? Tu as dit que les musulmans eux-mêmes traitaient les sœurs voilées comme une minorité. Ils ne communiquent pas réellement sur le voile dans l’islam mais sur les sœurs elles-mêmes, leurs capacités, leur force, leur courage… L’image du verre à moitié plein, quoi. 

- C’est exact. C’est une bonne chose de reconnaître les mérites des femmes voilées, mais il faut rester mesuré et mettre en avant, quand on parle d’un ordre d’Allâh, ses propres manquements avant de souligner la piété des autres. Parce que sinon, quoi qu’on en dise, quelle que soit notre intention, on aura isolé les femmes voilées dans la communauté, en faisant d’elles des êtres à part, et en dehors de la société. Exactement comme le font les « musulmans » qui sont officiellement contre le voile, et les sociétés non musulmanes. Cela se passe même dans les pays à forte population musulmane. On traite les gens attachés à la sunnah du Prophète, ‘alayh-is-salâm,  comme une minorité. Même ceux qui reconnaissent que c’est ce que l’islam nous demande. D’une côté, ils sont critiqués, on leur dit qu’ils en font trop, qu’ils divergent de la société, qu’ils cherchent à causer des problèmes et la désunion, ou même qu'ils rejettent les autres et ne les respectent pas. D’un autre côté, au contraire, on les encense en disant qu’ils ont atteint un haut niveau de spiritualité. On les affuble de noms stigmatisant, comme au Sénégal ou en Tunisie. Des noms qui stigmatisent leur tendance à être attachés à la sunnah et qu’on utilise autant pour les encenser que pour les railler.

- Subhânallâh !

- Vous comprenez donc ce qui se passe quand on traite comme une minorité les musulmans qui veulent suivre leur religion de manière scrupuleuse ?

- Oui, on en arrive ne plus traiter leurs pratiques en fonction de l’islam. On fait des hors-sujet comme tu le disais tout à l’heure !

- C’est ça. On parle des questions islamiques, mais en les rangeant dans les mauvaises catégories. Pour le voile, la bonne catégorie, c’est « la pudeur ». Et c’est un sujet qui a une importance fondamentale et de nombreuses applications en islam. Quand on touche à la pudeur, on touche à l’îmâne, comme vous le savez, et donc à l’entrée au Paradis. Quand on parle du voile, on doit parler de l’îmâne, de la pudeur, de la satisfaction du Créateur, du Paradis et de l’Enfer... Ce n’est pas un sujet indépendant de la religion. On ne peut pas le traiter sans parler de religion.

- La pudeur, oui, exact, Jaddi. Mais le problème c’est que c’est une notion floue et que chacun a sa propre définition de la pudeur, non ?

- Sans doute. Mais là on parle de la pudeur islamique. Vous comprenez l’enjeu, n’est-ce pas ? Comme on l’a vu tout à l’heure, le problème c’est que les uns et les autres ont retiré l’islam de leurs discussions sur le voile. Aussi, pour en parler correctement, il faut réintroduire l’islam. En islam, le voile n’est pas une question de niveau socio-économique ou de revendication politique et sociale, ni de niveau intellectuel ou spirituel, mais une question de pudeur. Après cela, qu’on soit d’accord avec la définition islamique de la pudeur ou pas, peu importe, mais au moins on aura remis l’esprit de l’islam au cœur de la question du voile. C’est clair ?

- Oui. Mais la plupart des gens ne sera pas d’accord avec cette définition de la pudeur, c’est sûr !

- Sans doute et ce n’est pas dramatique. Ce qui est problématique encore une fois, c’est que ce sont les musulmans eux-mêmes qui remettent dans le jeu des définitions non islamiques de la pudeur.

- Tout est de la faute des musulmans, quoi ?

- Non, ce n’est pas ça, Hasan. Les politiques et les journalistes, en grande partie, ne sont pas honnêtes sur ces questions. Ils ont leur propre message à faire passer. Alors, que nous communiquions bien ou pas ne change rien pour eux. Mais les gens du peuple, notre famille, nos voisins, nos collègues, eux, ne sont pas anti-islam par principe, mais parce qu’ils sont désinformés. Et cette désinformation est d’abord de notre fait. Combien de fois en entend les gens dire qu’ils connaissent de bons musulmans qui pourtant boivent de l’alcool, ne jeûnent pas, ne prient pas, ne porte pas le voile ou la barbe… Alors, oui, Hasan. Nous sommes fautifs parce que nous sommes les seuls, avec nos savants, habilités à communiquer sur la religion islamique, à condition de ne se baser que sur des références authentiques et de s’en tenir aux consensus dans la communauté, depuis son origine. Si nous communiquons mal, l’islam sera mal compris. Si nous divergeons, les non-musulmans vont bien entendu retenir la version qui leur convient le mieux, celle qui leur parle le plus. Beaucoup de musulmans et de musulmanes disent que de ne pas porter le voile n’empêche pas d’être pudique ou qu’on peut porter le voile et être pourtant moins pudique que celles qui ne le portent pas. Cette façon de présenter les choses perturbe la transmission du message à des gens qui ont déjà des définitions assez étranges de la pudeur. En France, par exemple, on trouve des nudistes qui disent avoir de la pudeur. Alors que dire des femmes non voilées !

- Oh, oui ! Je me souviens d’un acteur français qui disait dans une interview qu’il était tellement pudique que les choses qu’il faisait dans les films – il prenait l’exemple de films où il se dénudait – il ne le faisait pas dans sa vie privée !

- C’est assez typique. Souvent on réduit la pudeur à certains aspects de la personnalité humaine seulement. Mais en islam, la pudeur n’est pas une branche de l’îmâne pour rien. Elle touche absolument tout. Et nous avons besoin d’une définition islamique complète de la pudeur. Par la grâce d’Allâh, le Prophète, ‘alayh-is-salâm, nous la donne dans ce hadith, que les savants jugent bon sinon authentique, et que l’on trouve chez At-Tirmidhiyy et chez Al-Hâkim. Le Prophète a commencé par ordonner aux compagnons ceci : « Soyez pleins de pudeur vis-à-vis d’Allâh. Éprouvez envers Lui une pudeur réelle, forte et sincère. » 

- Ça veut dire quoi ?

- Patience, Zeynab. Le hadith est là pour répondre à la question. Déjà, ce qu’on peut dire c’est que certains savants ont expliqué que cela signifie « craignez Allâh réellement ».La crainte, c’est la taqwâ, comme vous le savez. Et la taqwâ, c’est, comme le disaient certains de nos pieux ancêtres, un voile entre l’homme et ses péchés. C’est ce qui empêche de faire n’importe quoi. Et cela est confirmé par cet autre hadith très connu, un hadith authentique que l’on trouve chez Al-Bukhâriyy, dans lequel le Prophète, ‘alayh-is-salâm, nous apprend que chaque peuple a appris ceci de son prophète : « Si tu n’éprouves aucune honte, aucune gêne, aucune pudeur, fais donc ce que tu veux ! ».

- Ce qui signifie que la pudeur est ce qui empêche de faire du mal, c’est ça.

- Oh ! Tu sais Hasan, les savants ont donné plusieurs interprétations de ce hadith. Mais elles se rejoignent disons sur trois choses, qui nous intéressent particulièrement ici : la pudeur a une importance primordiale aux yeux d’Allâh, elle englobe l’ensemble de ce qui fait l’être humain, elle empêche l’homme de faire ce qu’il ne veut pas qu’Allâh et que les hommes de bien le voient faire.

- J’ai bien compris, al-hamdu lillâh. Donc quelle est cette définition islamique de la pudeur ?

- Eh bien, quand le Prophète, ‘alayh-is-salâm, a ordonné aux compagnons d’être véritablement pudiques vis-à-vis d’Allâh, ils ont répondu : « Ô envoyé d’Allâh, nous sommes pudiques et al-hamdu lillâh. » C’est une réponse pleine de soumission à Allâh et pleine d’humilité. Ils ont voulu faire savoir au Prophète, ‘alayh-is-salâm, qu’ils n’étaient pas impudiques et ont remercié Allâh pour cela. Mais comme le soulignent les savants, ils n’ont pas prétendu être parvenus à la vraie pudeur, ni même la connaître. En ce sens, leur réponse est une demande d’éclaircissement. Et le Prophète leur a dit : « Non, ce n’est pas cela. La vraie pudeur vis-à-vis d’Allâh, c’est de préserver sa tête et ce qui est lié à elle, ainsi que son ventre et ce qui est lié à lui, et c’est de penser à la destruction et à la mort ; et que celui qui désire l’Au-delà délaisse la beauté illusoire de cette vie-là. Ainsi, celui qui a fait cela éprouve de la réelle pudeur vis-à-vis d’Allâh. » C’est clair pour vous ?

- C’est étrange, c’est à la fois clair et pas clair. Le message général, je le comprends : la pudeur touche tout. Mais certains points ne sont pas clairs pour moi. Que veut dire « ce qui est lié à la tête » et « ce qui est lié au ventre » ?

- Déjà, voyez une chose. La vraie pudeur est une protection. Une protection permanente. Ensuite elle touche tout le corps humain et l’ensemble du comportement. Et elle touche l’intérieur de l’homme. N’oubliez pas que la pudeur fait partie de l’îmâne, qui est, comme vous le savez, composé des croyances, des paroles et des actes[1]. Alors la pudeur prend naissance à l’intérieur. Pour préserver son corps, il faut avoir des raisons de le faire, des motivations. Ces motivations sont, comme nous l’explique le Prophète ici, ‘alayh-is-salâm, de penser à la tombe, de penser souvent qu’on va vers la mort quelle que soit l’importance qu’on donne et l’amour qu’on éprouve pour cette vie-là. La pudeur marche avec l’amour de l’Au-delà, et la vie d’ici-bas, courte et trompeuse, ne fait que démolir cette relation. Alors quand on a conscience en permanence qu’on va mourir et qu’on va tout laisser ici, sauf ce qu’on aura fait pour Allâh, on va se préserver. Préserver sa tête, c’est-à-dire qu’on ne va pas l’utiliser dans la désobéissance. En particulier, on ne va pas se prosterner devant un autre qu’Allâh, on ne va pas la baisser par ostentation pour un autre qu’Allâh. On garde la tête haute, on ne s’humilie que devant Lui. Et ce qui est lié à la tête, c’est la langue, les yeux, les oreilles. Le vrai pudique va être très attentif à ne pas les utiliser dans la désobéissance, à ne pas regarder ni écouter n’importe quoi, à ne pas parler de manière déshonorante et illicite. Remarquez une chose importante pour la suite, les enfants. Quand le hadith parle de préserver ses yeux, cela comprend le fait de ne pas regarder la nudité d’autrui. On y reviendra in châ Allâh.

- Donc c’est la même chose pour le ventre. Protéger son ventre c’est le protéger de la nourriture illicite, c’est ça ?

- Tout à fait. Et ce qui est lié au ventre, c’est…

- C’est le reste du corps. Les parties intimes, les jambes, les mains, les pieds qu’on ne doit utiliser que dans le bien.

- Bravo. Et il y a le cœur également. Qu’on doit préserver de toutes les impuretés. Vous avez compris ? Vous voyez, la pudeur concerne l’obéissance à Allâh, par le cœur, la langue, l’ensemble du corps et du comportement. La pudeur, c’est se préserver de la désobéissance. Alors, Hasan, comprends-tu pourquoi ce sujet te concerne autant que tes sœurs ?

la suite

[1] Voir le texte « L’îmâne n’est pas que dans le cœur », dans notre livre Jaddi Chrif raconte les Grandes Notions de l’Islam. Éditions Avant l’Heure, 2010.

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 10:06

 

Dans le salon, Jaddi Chrif et ses deux petites-filles, Zeynab et Safia, viennent d’entamer leur discussion lorsque Hasan, leur frère, arrive.

 

*

 

- As-salâmu ‘alaykum, Jaddi. As-salâmu ‘alaykum, les filles. Comment allez-vous ? De quoi parlez-vous ?

- Du voile islamique.

- Oh ! Sujet à la mode… Bah, ça ne me concerne pas vraiment, alors. Je vais aller voir Jidda. Elle prépare des gâteaux ! Ça, ça me concerne…

- Non, non, Hasan ! Tu restes avec nous. Tu n’imagines pas à quel point ce sujet te concerne toi aussi. Allez, assieds-toi là !

- Bismillâh, alors. D’habitude, quand je me retrouve dans une discussion sur le voile, on me dit que ce sujet ne concerne que les femmes et qu’il faut être une femme pour savoir ce que ça représente de le porter.

- ça ne m’étonne pas vraiment, beaucoup de gens n’ont pas compris le fond de cette question. On en parlera tout à l’heure, in châ Allâh. Alors, Zeynab, peux-tu répéter ce que tu nous disais avant que ton frère nous rejoigne ?

- Je disais que j’étais vraiment surprise qu’un simple voile sur la tête, ou même sur le visage, déchaîne à ce point les passions. Tout le monde en parle, les médias, les intellectuels, les philosophes, bien sûr les politiques, et même les gens de la rue ! Ils en parlent tous. Et pas en bien, ce qui me dérange beaucoup.

- Oui, je comprends ma fille. Mais tu sais, qu’ils parlent du voile, ou de n’importe quel autre aspect de l’islam, n’est pas un problème en soi.

- Même lorsqu’ils en parlent en mal ?

- Même ! Voulez-vous que je vous indique quel est le véritable problème ?

- Bien sûr, Jaddi !

- Le problème est qu’ils en parlent comme un sujet dénué de signification, qui n’est lié à rien, indépendant de tout. Ils lui donnent le sens qu’ils veulent et font du hors-sujet. Or ce qui me dérange le plus, moi, c’est que c’est de notre faute à nous.

- Nous, les musulmans ?

- Oui. C’est nous qui orientons les discussions d’une manière qui ne convient pas au sujet. C’est nous qui rendons les choses ambiguës.

- Comment ça, Jaddi ?

- Écoutez bien, c’est important. Imaginez ceci : si toutes les musulmanes du monde, ou même la majorité d’entre elles, portaient le voile, à votre avis, comment parlerait-on du voile en France ?

- Eh bien, j’imagine qu’on n’en parlerait pas autant, si ?

- C’est un peu ça l’idée, en effet. Si les femmes musulmanes portaient toutes le voile, on n’imaginerait pas une musulmane sans le voile. Et les gens ne parleraient du voile qu’en le liant à l’islam, pas comme un sujet indépendant, sans racine religieuse. Les gens se demanderaient certainement s’il y a vraiment des preuves islamiques qui rendent le voile obligatoire, ou encore pourquoi le voile est obligatoire dans l’islam. Et ceux qui sont très opposés au voile critiqueraient sans doute l’islam sur cette question. Mais peu importe finalement car tous les jugements sur le voile seraient liés à l’islam d’une manière ou d’une autre. Vous comprenez ?

- Oui, en fait dans la tête de tout le monde, le voile serait lié à l’islam.

- Voilà. Alors qu’aujourd’hui que se passe-t-il ? On parle du voile sans jamais le lier à l’islam. On le lie aux musulmans ou à ceux qui se disent musulmans. Les médias, les gouvernements en arrivent même à prétendre que quand ils critiquent le voile, ils ne critiquent ni les musulmans ni l’islam ! Et ça, c’est de notre faute. C’est nous qui avons enlevé l’islam dans les questions islamiques.

- Parce que toutes les musulmanes ne portent pas le voile, c’est ce que tu sous-entends ?

- Oui, c’est bien l’idée générale, mais les choses sont plus complexes que cela. On constate en regardant les avis et les comportements des musulmans par rapport à la question du voile qu’il n’y a pas d’unité. Au niveau de la croyance, tous les musulmans ne sont pas convaincus que le voile est obligatoire, ou même important, ni qu’il remplit une fonction spéciale. Certains croient fermement qu’il s’agit d’une prescription, d’autres affirment qu’il n’est pas obligatoire aujourd’hui, d’autres encore ne savent pas vraiment, d’autres pensent qu’il n’est qu’un détail puisqu’il n’est pas un pilier de l’islam, d’autres enfin s’en moquent. Et quand on regarde le comportement des croyantes, c’est pareil. Certaines musulmanes le portent, d’autres souhaitent le porter, d’autres ne souhaitent pas le porter tout en pensant qu’il est obligatoire, et d’autres enfin pensent qu’il n’est pas du tout obligatoire et que le porter est une exagération inutile. Même les musulmans jouent un rôle dans cette désinformation. Certains maris, certains pères ne veulent pas que leur femme ou leurs filles le portent, quand d’autres ne s’en mêlent pas, considérant que mettre le voile ou ne pas le mettre c’est la même chose. Quand les non-musulmans observent cela de l’extérieur, ils ne peuvent pas s’y retrouver. Et que comprennent-ils ? Ils comprennent que le voile n’est pas lié à une règle islamique qui s’impose à tous, mais qu’il dépend juste de la décision personnelle de chacun. Comme s’il n’y avait aucune règle concernant le voile dans l’islam.

- Que veux-tu dire, Jaddi ?

- Je vous donne un exemple. Si un étranger arrive en France et regarde de quelle manière les gens conduisent, il va en déduire que la conduite à droite est obligatoire vu que tout le monde conduit à droite. Il comprend facilement qu’on ne conduit pas comme on veut en France. Mais quand il regarde la manière dont on se vêtit en France, il comprend que là il n’y a pas de règle. Je vous donne cet exemple pour vous faire comprendre que c’est notre manière de faire qui détermine la manière dont les non-musulmans vont considérer le voile.

- Oui, c’est clair. En fait, ils voient qu’il y a plusieurs groupes de musulmans qui s’opposent.

- Oui et c’est ce qui les conduit à penser que l’islam ne dit rien d’important ni de clair sur le voile. Si des femmes portent le voile, ça ne peut pas être une question d’islam. Et s’ils regardent de quelle manière se divise la communauté, ils observent que celles qui portent le voile sont en réalité une minorité.

- C’est vrai, Jaddi. Les journalistes et les politiques, qui sont pourtant censés maîtriser les sujets dont ils parlent, disent aussi que pour le voile il y a deux écoles, deux interprétations.

- C’est juste. Ce qu’ils veulent dire, c’est qu’ils observent deux types de comportements, c’est ça qu’ils appellent écoles ou interprétations. Des femmes portent le voile et d’autres ne le portent pas. C’est suffisant pour penser qu’il y a deux écoles. Ils ne cherchent pas à savoir si ce sont bien des avis islamiques et si ces avis sont soutenus ou pas par des arguments et des savants. Il leur suffit de voir que des musulmanes ne le portent pas pour décréter que ne pas porter le voile est un avis. Surtout quand des pays à majorité musulmane interdisent le voile dans certains endroits, comme la Tunisie ou la Turquie.

- Mais enfin, Jaddi, la très grande majorité des femmes qui ne portent pas le voile reconnaissent pourtant que c’est une obligation ! Toutes les sœurs que je connais le pensent. Celles qui ne le portent pas encore espèrent le porter un jour, et aucune d’elle ne dit qu’il n’est pas obligatoire.

- Admettons que la majorité des femmes musulmanes en France considèrent le voile comme une obligation. Ce qui reste dans la tête des gens c’est quand même l’écart entre les paroles et la mise en pratique. Quand on regarde dans la rue, on ne voit pas beaucoup de voile. Et c’est à peu près comme cela dans de nombreux nombreux endroits sur la planète, à quelques exceptions.

- Oui comme en Arabie Saoudite ou en Afghanistan à l’époque où les Talibans géraient effectivement le pays, c’est ça ?

- Oui. D’ailleurs dans ce cas, ceux qui sont contre le voile disent que c’est la preuve que les femmes musulmanes portent le voile quand elles y sont obligées. Comme ils voient que partout ailleurs les femmes ne portent pas toutes le voile, ils pensent avoir la preuve que dans ces pays-là les femmes ne le portent que parce qu’elles y sont forcées par les dirigeants, vous voyez ? Et pourtant les spécialistes disent exactement le contraire. Je me souviens d’un journaliste, spécialisé sur l’Afghanistan, qui avait dit sur France Info, dans les années 2001-2002, que la « burqa » ne dérangeait que les non-musulmans de Kaboul, c’est-à-dire une petite portion des habitants, mais qu’elle ne dérangeait pas la grande majorité des Afghanes, qui n'avaient pas attendu les Talibans pour le porter. Donc ce n’est certainement pas une preuve.

- Subhânallâh ! Il a dit ça ?

- Oui. Mais lui connaissait l’Afghanistan et il était apparemment honnête. Qu’Allâh le guide.

- Âmîne !

- Donc, après tout cela, vous comprenez que même si on soutient le voile, c’est le fait de ne pas le porter qui retient l’attention. Ce qui compte dans l’esprit des non-musulmans, ce sont les convictions qui sont mises en pratique. Ils voient d’un côté des gens qui sont clairement opposés au voile et qui ne le mettent pas et de l’autre côté des femmes qui le soutiennent et le portent. Et ils observent au milieu l’immense majorité, plutôt silencieuse, qui ne le porte pas. Comment croyez-vous qu’ils interprètent cela ?

- Eh bien, les gens se disent que les femmes qui ne portent pas le voile vivent leur islam sans donner d’importance à la question du voile. Et qu’on peut donc être musulmane sans lui accorder d’importance.

- Exactement, Safia. Même si ces sœurs sont effectivement en faveur du voile, le fait qu’elles ne le portent pas joue sur la façon dont les non-musulmans comprennent les choses. Et malgré cela, les sœurs qui portent le voile restent perçues comme une minorité. On ne prend pas vraiment en compte le fait que les sœurs non voilées peuvent être pour le voile. D’abord, parce que bien souvent elles ne s’expriment pas. Ensuite et surtout parce que, quand les frères et les sœurs s’expriment, ils marquent toujours le bien qu’il y a à porter le voile, mais rarement le mal qu’il y a à ne pas le porter. En gros, ils mettent en avant le verre à moitié plein et pas le verre à moitié vide…

- Je ne vois pas très bien ce que tu veux dire, Jaddi…

- Je m’explique, Safia. Les femmes musulmanes qui portent le voile sont considérées comme une minorité par les non-musulmans, c’est vrai, mais aussi et d’abord par les musulmans eux-mêmes. Par notre communauté.

- Comment ça ? Pour ceux et celles qui sont contre le voile, je comprends. Ils pensent que les femmes voilées en font trop, qu’il n’est pas nécessaire pour être quelqu’un de pieux. Ils rejettent clairement les femmes voilées. Mais pour les autres, celles et ceux qui sont pour le voile, je ne comprends pas ?

- Écoutez ! Ces soeurs sont pour le voile, mais ne le portent pas, ou pas encore. Pourquoi ? Pour des raisons de faiblesse, comme elles le disent bien souvent. Elles expliquent que ce n’est pas une question de conviction et de certitude, mais une question de contexte, une question de manque de courage, de timidité, de peur du regard des autres… Elles disent souvent qu’elles considèrent que les femmes voilées ont atteint un haut niveau de spiritualité. On entend par exemple dire ceci : « Celles qui portent le voile sont avancées par rapport à nous au niveau spirituel. Nous aimerions être comme elles. Elles sont fortes. Elles sont courageuses. On les envie vraiment ! » Vous comprenez où est le problème ?

- Pas précisément, non.

- Eh bien, les musulmans qui sont pour le voile, somme toute, traitent les femmes voilées comme si elles faisaient des choses en plus. Ils ne présentent pas le port du voile comme la norme. Même s’ils en sont convaincus au fond d’eux, cela n’apparaît pas dans leurs paroles. La norme qui ressort de ce qu’ils disent c’est, au contraire, que le voile n’est pas porté. Celles qui le portent en font plus. Normalement, on devrait communiquer sur le fait que ce sont celles qui ne le portent pas qui en font moins. Vous voyez ? C’est ça de présenter le verre à moitié plein et pas le verre à moitié vide.

- Tu veux dire que quand on parle du voile, on a tendance à ne pas parler du péché que constitue le fait de ne pas le porter ?

- Oui, Hasan, c’est ça. Et c’est une nouveauté dans notre communauté. Si vous regardez le comportement de nos ancêtres, les compagnons du Prophète, ‘alayh-is-salâm et de leurs élèves, vous verrez qu’ils voyaient surtout leurs péchés, et se jugeaient non pas sur ce qu’ils faisaient de bien mais sur ce qu’ils faisaient de mal. La norme, c’était l’obéissance. Et ils guettaient les manquements. C’est une question de perspective, une façon de voir et de présenter les choses. Aujourd’hui, on ne met plus vraiment l’accent sur nos propres manquements et le châtiment qui va avec. On communique mal et cela renforce encore la stigmatisation des femmes voilées comme une minorité, une minorité qui en fait trop pour certains ou qui en fait plus pour les autres. En conséquence, quand les journalistes et les politiques parlent du voile, ils ne parlent pas du « voile en islam » mais du « voile d’une minorité ». Et c’est malhonnête autant qu’injuste parce qu’ils pourraient, s’ils le voulaient vraiment, aller aux sources de l’islam et voir ce qu’il en est vraiment. Et forcément, les questions abordées à ce sujet sont donc celles que l’on aborde pour juger une minorité. Et cela suscite toujours beaucoup de bavardage.

- Mais pourquoi, dans ce cas, ils ne discutent que du voile ? Il y a bien d’autres adorations que les musulmans pratiquent en minorité, non ?

 

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